Apithy: l’encre de la mémoire

Il aurait eu cent ans cette année 2013, plus précisément au huitième jour de ce mois d’avril.

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 Nous parlons du Président Sourou Migan Apithy, l’une des figures politiques marquantes de notre vie nationale. Pour avoir été, à la suite des premières élections jamais organisées dans nos pays en 1945, le premier député du Dahomey et du Togo. Il fut également le premier Président a qui est échu l’honneur de proclamer la République le 4 décembre 1958.

Le Président Sourou Migan Apithy était de la lignée des grands leaders africains de la trempe de Félix Houphouët-Boigny de Côte d’Ivoire ou de Léopold Sédar Senghor du Sénégal. Il marqua de son nom les luttes qui ont conduit les pays d’Afrique francophones notamment à la souveraineté nationale et internationale. Il gagna ainsi sa place dans le gotha des pionniers des indépendances africaines.

A l’évocation du nom et de l’action de quelques uns des dignes fils de l’Afrique, tel Sourou Migan Apithy, nombre de nos jeunes compatriotes se demandent de qui et de quoi nous parlons. Leurs seuls repères, dans l’histoire du Dahomey devenu Bénin, ne remontent pas au-delà de la Révolution du 26 octobre 1972 ou de la Conférence des forces vives de la nation de février 1990. Et encore ! Une telle carence est à mettre au compte de nos programmes scolaires et des rapports ambigus que nous entretenons avec la mémoire.

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Il est donc essentiel que le centenaire de la naissance de Sourou Migan Apithy soit une occasion pour la nation, dans ses couches profondes, juvéniles notamment, de revisiter un pan de l’histoire de notre pays. C’est l’image de l’une des figures de proue de notre vie politique qu’il convient de restituer en vérité. C’est la personnalité et l’action de l’un des acteurs majeurs de notre histoire nationale qu’il convient de soumettre au regard et au jugement des hommes et des femmes d’aujourd’hui.

Quelques valeureux Béninois, en tête desquels le Professeur Albert Ekué, aidé et soutenu par quelques membres de la famille de l’illustre homme d’Etat, ont engagé un véritable pari. 2013, l’année du centenaire de la naissance de Sourou Migan Apithy, va être jalonnée de témoignages éloquents et d’actes symboliques. Toutes choses faites pour raviver le souvenir, dans l’accomplissement d’un devoir de mémoire. Toutes choses ordonnées dans le sens d’un éveil des consciences pour que les uns et les autres prennent une juste part à un hommage dû.

Nous entendons, d’ici, un certain nombre d’interrogations inspirées et dictées par le doute. Pourquoi s’appliquer à réveiller un passé irrémédiablement mort ? Pourquoi remuer les cendres définitivement attiédies d’une histoire qui ne gouverne plus notre actualité ? Pourquoi oublier les vivants qui souffrent et qui peinent sous nos yeux et chercher à nous attacher aux fantômes du passé ?  C’est vrai : le poids des contraintes d’aujourd’hui, ajouté à l’angoisse qui nous taraude face à un présent gris et sans relief et à un avenir sombre et incertain, ne devraient pas, pensons-nous, nous laisser le temps de chérir le souvenir et d’honorer la mémoire. C’est celui ou celle qui sait précisément où il va qui peut s’autoriser, de temps en temps, de regarder l’œil à son rétroviseur.

Et c’est parce que nous raisonnons ainsi que, dans un passé récent, notre appel à l’Université notamment, pour un hommage anniversaire à l’un de nos talentueux artistes-musiciens, Gnonnas Pedro, est resté sans écho. C’est parce que nous raisonnons ainsi que la disparition hier, d’Aimé Césaire,  de Ousmane Sembène, celle, aujourd’hui, de Chinua Achebe, nous ont laissé et nous laisse de marbre. Comme s’il s’était agi  de simples faits divers à jeter aux oubliettes. C’est parce que nous raisonnons ainsi que nous avons oublié que cette même année 2013 marque le centenaire de la naissance d’Aimé Césaire. Elle marque également le 75 ème anniversaire de la publication de Doguicimi, le roman historique de l’un de nos plus grands écrivains de respectueuse mémoire, Paul Hazoumè.

Il faut croire que l’hommage qui sera rendu au Président Sourou Migan Apithy, à l’occasion du centenaire de sa naissance, réconciliera les Béninois avec leur histoire. Nous en sommes tous partie.  Chacun de nous doit en écrire sa part. Jamais, elle ne sèche l’encre de la mémoire.

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