Crise en Centrafrique : qu’est-ce qui fait courir Yayi ?

Le Chef de l’Etat a participé, hier à N’djamena, à un sommet sur la Centrafrique. Il s’agit là du troisième voyage effectué par Boni Yayi dans l’affaire de la chute de Bozizé.

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Sans mandat, ni de l’Union Africaine, ni de la Cedeao ou d’autres organisations sous-régionales, non-membre de la Cemaac, son immixtion assez poussée dans la résolution de la crise politique «post-Bozizé » étonne plus d’un.

Depuis le 24 mars où la Seleka a déposé le Président François Bozizé, le Président béninois Boni Yayi se montre très « préoccupé » par la résolution de la crise en Centrafrique. Le Bénin est le premier et le seul pays à avancer l’idée de lui  accorder l’asile, après une hypothétique demande que le Président Bozizé a fini par démentir. Le Chef de l’Etat fait partie des rares présidents de l’Afrique de l’Ouest à s’être rendu en Afrique du sud, lors d’un sommet des Brics au cours duquel le cas centrafricain  a été débattu dans des coulisses. Quelques jours après, il est du côté de N’djaména où les Chefs de l’Etat de la Ceeac se penchaient sur ce pays. Le revoilà encore à N’Djamena hier pour la même cause. Si loin du Bénin, on est bien curieux que la Centrafrique attentionne tant le Chef de l’Etat. Les annales diplomatiques entre le Bénin et ce pays ne sont pas si riches que ça. Les relations économiques aussi  ne sont guère mieux entre les deux pays qui, néanmoins, ont des relations séculiers. Les hommes politiques centrafricains ont une grande estime pour le Bénin qu’ils ne manquent pas de visiter ; parfois même ils s’y installent pendant des années. Les présidents Boni Yayi et François Bozizé ont tissé de solides relations amicales, avec les descentes fréquentes de ce dernier à Cotonou, pour participer, en tant que chrétien céleste, au pèlerinage de Sèmè et pour d’autres raisons diplomatiques.

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C’est à peine exagéré de dire que les deux sont devenus très liés sur le plan spirituel, au point où Boni Yayi a déclaré tout récemment  au magazine « Jeune Afrique », qu’en 2016, son ami Bozizé et lui iront prêcher la bonne nouvelle, une fois qu’ils auraient quitté le pouvoir. On peut donc penser que le Président Yayi est préoccupé par le sort de son ami isolé par ses pairs de l’Afrique centrale. Et qu’il travaille pour les amener à être plus conciliants avec Bozizé. On pourrait bien penser cela, mais en vérité, Yayi a un autre problème qui est Michel Djotodia.

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Le dilemme de Yayi

Si Yayi se démène autant sur le dossier centrafricain c’est moins à cause de François Bozizé. C’est qu’il est plus inquiet de l’arrivée de Michel Djotodia. Et pour la bonne cause. Le nouvel homme fort de Bangui est un ancien prisonnier politique qui a fait ses « bagnes » à Cotonou. Arrêté en 2008 grâce au soutien du Président Yayi, Djotodia n’a été libéré que trois ans après. Mais au lieu de repartir dans son pays, il reste à Cotonou où il mène une vie austère et fonde une famille, ne rejoignant la Séléka qu’en 2012.   Dans les environs de Cocotomey, quelques Béninois racontent qu’il a souvent la dent dure contre Bozizé, mais aussi contre son ami Yayi. Le voilà président. Yayi, en plus du fait qu’il vient de perdre un ami dans cette région, craint l’arrivée d’un « ennemi ». Et dans le cercle très fermé des présidents, ce n’est pas souvent payant. Plus inquiétant pour Yayi, Djotodia est épaulé par Idriss Déby, un des plus influents présidents de l’Afrique francophone aujourd’hui. Mais Déby est aussi l’ami de Yayi. Et de ce point, il craint que l’ami de son ennemi ne se transforme aussi en son ennemi. 

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