Extradition de Talon et Boko : les détails de l’audience de ce mercredi à Paris

Ce mercredi 17 avril, s’est tenue au Pôle 7 de la Cour d’appel de Paris, l’audience sur l’étude du fond du dossier de demande d’extradition de Patrice Talon, soupçonné par les autorités béninoises d’être le commanditaire d’une tentative d’empoisonnement de Boni Yayi.

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Le juge en charge du dossier a mis le délibéré pour le 22 mai. Mais des avocats sur place à Paris, joints au téléphone par La Nouvelle Tribune, donnent des détails sur le déroulement de l’audience.

L’audience d’extradition vers le Bénin de Patrice Talon, beaucoup suivie à Cotonou, qui s’est déroulée à la Cour d’appel de Paris, a duré une heure et demi, environ. Soit de 16 h à 17 h 30, heure française. Selon me Sévérin Quenum, l’un des avocats béninois de Talon et Boko, l’audience était publique. Entre autres personnes présentes dans la salle, à part les mis en cause, leurs avocats, ceux de la partie civile, le juge et le Procureur Général,  de jeunes avocats pour la plupart africains, des journalistes et bien entendu les avocats béninois et  français des mis en cause. Ce sont Me Bourdon William et ses associés, soutenus à la barre par Me Séverin Maxime Quenum et Me Joseph Djogbenou. Et aussi les avocats béninois et français de l’Etat béninois, que sont Me Kato Atita ,  Me Bournazel. Justin Gbenameto, le Procureur de la République près le Tribunal de première instance de Cotonou, a aussi effectué le voyage sur Paris. Mais, aperçu dans un premier temps dans le couloir menant à la salle d’audience, il n’était pas de la partie au moment des débats.

Motivation au lieu de conviction

Selon Me Quenum, la partie civile (les avocats de Yayi) a « pour l’essentiel  plaidé la motivation et non la conviction. »

Lire aussi : Extradition de Talon : la Cour d’appel de Paris met le dossier en délibéré pour le 22 Mai

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L’avocat français de YAYI Boni a « choisi de déplacer le débat pour  relayer le discours officiel suivant lequel Talon  Patrice serait mu par un désir de vengeance pour avoir été évincé du port et de la filière coton.  Pour ce faire, et croyant bien dire,   il s’est évertué à rappeler à la barre les relations personnelles de son prestigieux client avec Talon Patrice qu’il identifie comme étant de ceux  qui ont financé ses deux campagnes victorieuses», nous a rapporté le technicien béninois du droit.

« Mais à aucun moment, poursuit Me Quenum, il n’a pu démontrer au-delà des simples affirmations  ce en quoi consisterait l’implication de ce dernier ou d’Olivier Boko dans les faits objet des poursuites, et qui justifierait leur remise aux autorités béninoises.» « Pour l’essentiel, il a plaidé la motivation et non la conviction, présentant Boni Yayi comme le champion, toutes générations confondues, de la démocratie en Afrique  et le plus grand humaniste de tous les temps dont les efforts seraient mis à mal par le plus «riche des béninois. « »

Incohérences ?

« Va-t-on vers un épilogue ? », avons-nous demandé à notre interlocuteur. « Assurément oui », a-t-il répondu. Avant de se lancer dans un argumentaire juridique. « Mais la cause est-elle entendue? Le Procureur  Général a, en effet,  fait ressortir plusieurs incohérences entre le contenu des mandats, les commissions rogatoires et la demande d’extradition, un peu comme s’il s’agissait de différents dossiers ou que les faits objets des poursuites engagées au Bénin ne seraient pas identiques à ceux au soutien desquels a été formée la demande d’extradition.

Il a en substance déploré un excès de précipitation, une absence de cohérence entre la relation des faits et leur traduction juridique, et surtout il a renvoyé le Parquet de Cotonou et le juge d’instruction à revoir leur copie pour ce qui concerne la véritable qualification juridique des faits.»

L’audience a eu lieu. Le dossier mis en délibéré pour le 22 mai. Mais avec quelle suite probable ? Me Quenum fait remarquer qu’à  s’en tenir à ce qui a été dit et entendu, la partie parait définitivement mal engagée pour les autorités béninoises.  Au reste, c’est pour tenter de se dédouaner et se  soustraire au verdict du peuple que, par anticipation et au mépris du secret de l’instruction, elles  ont fait publier dans la presse les résultats de l’expertise des médicaments censés servir à empoisonner le Chef de l’Etat.  Or, à bien y voir, ledit rapport ne révèle l’existence d’aucun poison. Tout au plus,  y est-il question de laxatif. Il n’est fait état d’aucune radioactivité. » Sa déduction : « la montagne pourrait, bien au contraire, accoucher d’une souris si l’on s’en tient aux pièces du  dossier, tel que soumis aux autorités françaises et surtout à l’analyse  juridique rigoureuse, doublée d’une parfaite objectivité, qu’en a fait  le Procureur Général près la Cour d’appel de Paris. »

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