Liberté d’expression et de presse au Bénin: l’expression sous scellée, la presse en chute libre

Bastonnade de journalistes, suspension temporaire ou définitive d’organe de presse… La liberté d’expression et de la presse est, depuis l’avènement du ‘’Changement’’, puis de la ‘’Refondation’’, bien éprouvée.

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Donner son opinion sur un fait, ou informer au Bénin, relève d’un acte de bravoure. Avec l’avènement des régimes dits du ‘’Changement’’ et de la ‘’Refondation’’ qui se sont succédés à la tête de l’Etat, sans que la tête ne change pour autant, la presse vit une situation peu enviable, et sa liberté s’est considérablement dégradée. 

Une liberté d’expression «mouvancière»

«Opiner sous ces cieux ‘’de tentatives d’empoisonnement et de coup d’Etat’’, est consécutif à une allégeance au pouvoir en place». Cette affirmation d’un citoyen, sous anonymat, semble s’ériger en règle d’or au Bénin, et plusieurs événements semblent la conforter.

L’accès des partis politiques de l’opposition aux médias publics, et même privés, est de plus en plus difficile voire quasiment impossible. Il y a quelques mois, en effet, une conférence de presse des avocats du docteur Cissé Ibrahim, accusé de complot dans le dossier de tentative d’empoisonnement du Chef de l’Etat, avait été passée sous silence. Quelques mois auparavant, une conférence de presse de l’Union fait la Nation, parti d’opposition, en réaction à la fameuse sortie du Chef de l’Etat du 1er août, avait été empêchée.

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Dans le même temps, «les meetings et marches de soutien et les prières à l’endroit du Chef de l’Etat sont automatiquement relayés par la presse et souvent  en intégralité».

Aussi, faut-il rappeler qu’un citoyen avait été condamné à plusieurs mois de prison ferme pour avoir «dit haut ce que tout le monde pense bas».

Une liberté de presse en souffrance

Le travail du journaliste béninois, depuis avril 2006 à aujourd’hui, s’est avéré de plus en plus risqué. Tant les actes de censure, les atteintes à l’intégrité morale et physique de journalistes, se sont multipliés ces sept dernières années. L’on se rappelle qu’en février et mars 2011, des journalistes en mission avaient été bastonnés par des éléments des forces de l’ordre.

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Plusieurs organes de presse ont été temporairement suspendus, et ‘’Le Béninois libéré’’ a été, quant à lui, définitivement interdit de parution par la Haute autorité de l’audiovisuelle et de la communication (Haac). Les émissions d’opinion à la télévision,  telles que ‘’Actu matin’’ et ‘’A palabre’’, ont été momentanément suspendues et ‘’Bonjour Citoyen’’ a été contraint à capituler.

Toutes choses qui expliquent le déclassement de la presse nationale béninoise par l’Ong internationale ‘’Reporters sans frontières’’ ces dernières années. Dans les rapports annuels successifs publiés par l’Ong qui lutte pour la liberté d’information, le Bénin a dégringolé ces 7 dernières années de la 24ème place mondiale en 2006 à la 91ème en 2011, avant de remonter aujourd’hui à la 79ème.

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