Opération Serval : la « Grande Affaire » du Tchad!

Le Président tchadien, Idriss Déby, n’a pas attendu la dernière démarque des soldes hivernales, avant de faire de bonnes affaires… En effet, avec sa participation remarquable à l’Opération Serval, aux côtés de la France, le Président tchadien s’en sort plutôt bien,

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avec une aura et un blason redorés, se positionnant désormais comme un interlocuteur incontournable dans la région centre-africaine et le seul véritable gardien, aux yeux de la France. A l’occasion des quatre-vingt dix jours de l’Opération Serval, nous avons souhaité revenir sur cette « drôle de guerre » qui s’est désormais bien réchauffée, en insistant sur la « Grande Affaire » du Tchad qui s’en sort vraiment bien, malgré un lourd tribut payé en vies humaines.

Idriss Déby, le « Lynx du Désert » !

Il y a une qualité notable du Président Déby qu’il ne faudrait pas perdre de vue, lorsque nous analysons sa participation à l’Opération Serval au Mali, aux côtés de la France. En effet, ayant lui-même passé quelques temps et guerroyé dans le maquis saharien, avant sa prise de pouvoir par les armes à N’Djamena, l’homme connaît bien « son désert », le même que revendiquent les djihadistes maliens, pour y installer leur Etat terroriste, du côté du Nord-Mali, à quelques encablures du Tchad.

Donc, c’est un avantage concurrentiel non négligeable que détient le Président tchadien que nous avons surnommé, à l’occasion, le « Lynx du Désert », par rapport aux autres chefs d’Etat de la région, qui seraient aussi tentés de jouer aux gardiens, et aux amis de la France, dans le soutien à son intervention au Mali.

Une Cedeao incapable et léthargique !

Ils ont été nombreux, ces chefs d’Etat ouest-africains, à annoncer leur soutien indéfectible à la France, mais sans jamais aller au-delà des « vaines paroles », des sempiternelles déclarations de circonstance…

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Ces messieurs de la Cedeao n’ont pas su prendre leurs responsabilités, par une action prompte et ferme, dès le démarrage des opérations. Ils ont longtemps tergiversé, tantôt pour des raisons de coordination, tantôt faute de consensus, tantôt pour défaut de moyens logistiques et financiers !

Ainsi, pendant que les Etats les plus directement concernés par le règlement du conflit malien s’enlisaient dans une cacophonie sans nom, réclamant à qui veut les entendre les milliards qu’il leur faudrait avant d’agir, le « Lynx du Désert », lui, n’a attendu personne, et ne s’est même pas embarrassé de ces considérations d’intendance.

La promptitude du Tchad à jouer les gardiens…

Idriss Déby a tôt fait d’envoyer ses « braves et valeureux soldats » qui ont, en plus, l’avantage de mieux connaître le théâtre des opérations, et d’être mieux aguerris que les hypothétiques forces de la Cedeao, qui arrivaient à compte goutte, se cantonnant à des tâches de police. Alors que les soldats tchadiens étaient aux premières lignes, avec les Français, lors des violents combats qui ont eu lieu dans le massif des Ifoghas, pour détruire les derniers bastions des rebelles djihadistes.

Le Tchad a donc dû payer un lourd tribut en vies humaines : Près d’une trentaine de soldats tchadiens tués lors des combats, cinq fois plus que la France ! C’est dire à quel point le Tchad s’est engagé dans le conflit.

Cependant, il faut remarquer que le Président tchadien, Idriss Déby, n’a pas du tout oublié de se faire une « petite publicité » sur la qualité de son armée. Par exemple, lors de l’annonce du décès d’Abou Zeid et de Mokthar Belmokthar, deux importants dirigeants des terroristes d’Aqmi, Al Qaïda au Maghreb Islamique, tous deux tombés sous les tirs de l’armée tchadienne.

Malgré le fait que la mort du redoutable Belmokthar n’ait jamais été confirmée, Paris a fini par corroborer les propos de l’armée tchadienne, quant à Abou Zeid, après des semaines d’incertitudes et de polémiques. Un point donc pour le Tchad dont ce succès est l’œuvre.

…Pour de futures gratifications !

Evidemment, en engrangeant autant de « bons points » auprès de Paris, Idriss Déby ne manquera pas de les faire sortir un beau jour, pour faire pencher la balance de son côté, lors d’éventuelles négociations avec la métropole. Ainsi va le business de la guerre…

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Désormais, le « Lynx du Désert » s’est positionné comme un « pion sûr » pour le « cavalier français », en envoyant ses troupes « faire les fous » devant les balles des djihadistes.

Tout ceci n’est pas gratuit, et les milliards de Déby qui finance tout seul sa campagne malienne, ne sont pas extensibles à souhait. Il finira par demander compensation à qui de droit, à l’heure du bilan, au moment de faire les comptes. Et la France semble être son interlocuteur tout désigné dans cette démarche.

Or, la France se prépare à partir. Progressivement, lentement, et de manière pragmatique et claire, comme le précise Jean-Yves le Drian, ministre français de la Défense. Et son collègue des Affaires Etrangères, Laurent Fabius, d’ajouter que Paris maintiendra sur place au Mali, un contingent de mille hommes, d’ici la fin de l’été, c’est-à-dire d’ici septembre, comme force permanente au Mali.

Et la France qui s’en va !

Quand les trois mille autres soldats français auront rejoint leurs cantonnements en Hexagone et ailleurs, Paris ne manquera pas de solliciter, une fois encore, les services d’un si précieux aide de camp, surtout que la prestation impeccable des soldats tchadiens sur le terrain est très bien qualifiée par les officiers et l’Etat-major français.

Et les mille hommes de la force permanente française auront fort à faire pour sécuriser entièrement le territoire, surtout depuis que les rebelles ont changé de tactique, suite aux nombreuses déculottées qu’ils ont subies dans le massif des Ifoghas… Adoptant désormais les actes terroristes et la guérilla.

De toutes façons, l’objectif français est déjà atteint, et celui du Tchad aussi. Bravo Déby pour ce coup… Vous voilà Surveillant en Chef du désert… Quelle bonne affaire !

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