Après la décision du juge Angelo Houssou: psychose et branle-bas au sommet de l’Etat

Depuis le vendredi que le juge Angelo Houssou a rendu ses deux ordonnances dans les dossiers de tentative d’empoisonnement et de coup d’Etat, le gouvernement a été atteint d’une sorte de fièvre hectique.

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Dans une agitation inouïe, ministre, avocat du Chef de l’Etat, policiers, et bien d’autres, investissement les plateaux de télévision. Ce méli-mélo médiatique ajouté aux persécutions du juge, montrent l’ampleur de la panique qui a gagné le pouvoir.

Le deuxième et dernier passage (en deux jours) du ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique, Bénoît Dègla, à la télévision nationale, hier soir dans le journal de 20h, sur la fameuse affaire du juge Houssou, un épisode de l’affaire de l’affaire Talon, n’apporte rien de nouveau. En dehors du fait qu’il permet aux téléspectateurs de connaître le nombre de costumes, de chemises, de pantalons et de cravates qu’a emporté le juge dans sa « fuite », rien de nouveau n’est sorti de la bouche du patron des flics. Au contraire, pendant toute son intervention, il s’est imprudemment mis à parler de l’insécurité qui règne de l’autre côté de la frontière. Une réaction qui pourrait bien irriter les autorités diplomatiques nigérianes au Bénin. Cette dernière sortie n’est que l’illustration de la cacophonie communicationnelle à laquelle le gouvernement a soumis les Béninois depuis le vendredi 17 mai où le juge a rendu sa décision. A tour de rôle, le gouvernement envoie des gens qui le soutiennent venir parler de l’affaire. Mais jamais, aucun d’eux n’a réussi à impressionner les populations. Tous viennent bavarder à la télévision, dénoncer le juge Houssou dont il trouve la décision assez saugrenue. L’avocat du Chef de l’Etat, Paul Kato Atita, est devenu depuis ce vendredi, un des hommes les plus médiatisés du Bénin. En deux jours, on ne compte plus le nombre d’interviews et de passages sur le plateau de télévision de l’avocat. Il était partout. Sur l’Ortb, Golfe et même Canal3, il était toujours là à dire les mêmes choses. Il ne se lasse guère de répéter partout que le juge a rendu une décision saugrenue, que rien n’est encore perdu et qu’il faille aller devant la Chambre d’accusation de la Cour d’appel.

Mélange de pédales

C’est par une déclaration de Paul Kato Atita que l’opinion a été alertée que le juge avait pris une telle décision. Quelques minutes après, les bandes passantes sur la télévision nationale ont commencé à pleuvoir. Puis dans le journal de 23h sur l’Ortb, la journaliste qui présentait le journal lit un long communiqué émanant d’une structure dont le nom est tenu secret. Ce communiqué soulève les insuffisances de la décision du juge. Puis, quelques minutes après c’est une bande passante de la même télévision qui annonce que le juge Angelo Houssou a tenté de fuir et qu’il a été arrêté à la frontière par des éléments de la police en possession d’un passeport avec un visa des Etats-Unis et qu’il a été conduit à la Direction de la Police nationale où il est gardé. Mais quelques temps après, le gouvernement se ravise. Un autre communiqué, appuyé par une intervention du ministre Dègla, confirme que le juge est arrêté, mais qu’il est reconduit aussitôt dans sa famille selon la volonté du Chef de l’Etat qui demande que sa sécurité soit renforcée. Mais, la vérité est que le juge a été gardé à la Direction de la Police nationale à Ganhi et soumis à un interrogatoire assez long et stressant et qu’il n’est retourné chez lui que le samedi matin vers les 10h. Et depuis, il est contraint à rester en résidence surveillée. Pendant ce temps, les communiqués venaient toujours, et l’Ortb annonçait toujours des informations assez curieuses. Une d’elles a été de dire que le juge est persona non grata aux Usa pour avoir minimisé les enquêtes du Fbi dans son dossier.  Le gouvernement a affiché une grande agitation dans ce dossier, au point où ce sujet est devenu une préoccupation nationale. Cette précipitation qui est pourtant habituelle chez le gouvernement, donne une très mauvaise impression de notre pays à l’extérieur.

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