Extradition de Patrice Talon : une course d’obstacles pour Boni Yayi

« Extrader à tout prix Talon », ce rêve du gouvernement et de son chef, pourrait ne jamais devenir réalité. A l’analyse de l’arrêt du 22 mai et des informations reçues, l’ambition du Président Yayi peut rester uniquement à l’étape de projet. Avec le recul, on se rend bien compte que la justice française a bien affiché ses intentions :

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faire promener le gouvernement pour finir par le désavouer.

De l’arrêt du 22 mai, on en parlera toujours. A la lecture approfondie de ce document, et après avoir recueilli certaines informations, on a du mal à penser que le camp des plaignants puisse bien remporter une victoire comme on semble l’agiter dans les arcanes du pouvoir. Si ceux-ci prennent cet ajournement comme une première victoire, en attendant celle définitive du 18 septembre, il y a lieu de se demander si Yayi n’est pas mal conseillé dans cette affaire. Sinon, comment comprendre que ce quarteron de magistrats, d’avocats et de juristes de haut niveau, qui conseille le Chef de l’Etat, ne puisse pas mieux l’éclairer et lui faire comprendre que la Cour d’Appel de Paris avait mis l’affaire en délibéré et avait clôturé la réception d’autres preuves, avant ce vendredi où  le juge Houssou a rendu son ordonnance. C’est dire donc que la justice française n’a pas tenu compte de cette ordonnance avant de prendre son arrêt. N’importe quel juriste pourrait bien souffler cela au Chef de l’Etat. Aussi bien qu’il pourrait attirer son attention sur le chantier presque impossible qui les attend en deux mois. Selon un spécialiste, les sept conditions exigées par la justice française doivent être respectées simultanément. Cela voudrait dire qu’il faut arriver à les respecter toutes. Et comment y arriver, lorsque par exemple, le Code de procédure pénale de notre pays reconnaît la peine de mort et les travaux forcés, alors qu’on demande au gouvernement de prouver que si Talon était extradé il ne pourra être condamné à l’une de ces peines lourdes. Comment prouver cela sans ce code ?  Comment le gouvernement pourra-t-il prouver qu’il n’a entrepris aucun projet de révision de la constitution, alors que les rapports des diverses commissions qui ont travaillé sur la question existent bien ? Comment également préciser le temps et le lieu de commission des deux infractions sans que la justice française ne puisse faire recours à l’ordonnance du juge Houssou ?

Lire : Extradition de Patrice Talon : la claque de la justice française au gouvernement béninois

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Les médicaments, l’autre débat

Ici, il s’agira de prouver vraiment la toxicité des médicaments. Il faudra aussi montrer qu’ils proviennent de Talon. Ce dernier, rappelons-le, a toujours démenti n’avoir rien à voir avec les médicaments en question, allégation qu’il a confirmée mercredi 22 mai sur Rfi. Selon des dépositions de l’instruction, il reste une grande confusion à ce niveau. Le médécin Cissé aurait affirmé n’avoir commandé que deux des quatre médicaments cités. Alors que Talon a toujours affirmé n’avoir jamais parlé de médicament avec aucune des personnes proches du Chef de l’Etat, qu’il a rencontrées.  Aussi sur la toxicité, les indices qui viennent des coulisses de la Cour d’Appel de Paris ne sont pas rassurants. Plusieurs sources affirment que, ni le fameux examen de laboratoire du Fbi, ni celui effectué par les Français ne disent clairement que ses médicaments peuvent tuer. Une source judiciaire affirme avoir lu que ces médicaments contiennent des « laxatifs » et qu’ils ne peuvent donner la mort que si l’on en prend en grande quantité. A ce niveau, à Paris, le débat se fera, pour qu’on sache si oui ou non ces médicaments proviennent de lui et qu’ils sont toxiques. Beaucoup rassurent que le rapport des laboratoires ne dit jamais que ces médicaments contiennent des substances mortifères comme on l’a agité.

Extrader un réfugié ?

Arrivé en France avec un simple visa touriste, Talon et Boko ont formulé la demande pour avoir le statut de réfugié politique. Or, la France n’extrade pas quelqu’un qui a ce titre. Selon des sources concordantes, le processus est en cours et tous les actes posés par le gouvernement pour persécuter Talon, confortent son dossier de demande de statut de réfugié. Comme quoi, le gouvernement est entré dans un piège sans fin qui pourrait se poursuivre jusqu’à l’Elysée.

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