La Conférence de Bruxelles: une initiative unique pour reconstruire le Mali

Ce mercredi 15 Mai 2013, s’est tenue à Bruxelles, sous l’égide de l’Union Européenne et sous la coprésidence de leurs Excellences, Messieurs José Manuel Barroso, Président de la Commission Européenne, François Hollande,

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 Président de la République Française, Dioncounda Traoré, Président de la République du Mali, la Conférence internationale des donateurs « Ensemble pour le renouveau du Mali » avec pour objectif de mobiliser les ressources nécessaires pour la reconstruction du pays après la guerre, et de raffermir la démocratie et installer durablement l’Etat de droit et l’ordre constitutionnel.

Nous vous proposons ici la synthèse des conclusions issues de cette importante rencontre pour l’avenir de ce pays du Sahel.

1) Genèse et rappels historiques

Le Mali a connu, en 2012, l’une des plus graves crises de son histoire politique, depuis les indépendances. Ainsi, le pays a failli subir une partition de son territoire, du fait de l’attaque de la partie Nord par des groupes armées soi-disant djihadistes, qui se sont mis à commettre nombre d’exactions sur les populations civiles, au nom d’une certaine loi religieuse, la charia, que ces groupes voulaient instaurer dans la région dont ils revendiquaient la souveraineté, avec une velléité à vouloir s’étendre sur tout le reste du territoire malien, y compris le Sud, même la capitale Bamako qui était dans leur collimateur.

Face à cette agression «terroriste» contre l’intégrité d’un pays souverain, la France en tant que pays frère et ami du Mali, a donc répondu aux sollicitations du peuple malien en mettant sur pied une opération armée dénommée « Serval », dans le but d’aider le Mali à recouvrer son intégrité et libérer les populations du Nord du joug djihadiste en réinstaurant l’autorité de l’Etat sur les villes et les régions du Nord du pays.

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A travers la France, c’est toute la communauté internationale qui s’est mobilisée, avec la mise en œuvre d’une force internationale, la Misma (Mission Internationale de Soutien au Mali) sous la conduite et la direction des Africains, avec l’appui de l’Armée Française pour des soutiens en instruction et en logistique.

Tout en démontrant sa capacité de résistance ainsi que sa détermination à réfléchir aux causes profondes de la crise afin de lui apporter des solutions durables, la nation Malienne a quand même encore besoin de la Communauté Internationale, notamment des partenaires au développement dont le principal est l’Union Européenne. Des partenaires qui n’ont pas abandonné le Mali, aussi bien pendant les combats que pour la gestion de l’après-guerre, c’est-à-dire la nécessaire reconstruction du pays, un objectif dans lequel s’inscrit totalement la rencontre de Bruxelles ce 15 mai 2013.

2) Une noble mission : Reconstruire un pays dévasté…

La principale mission assignée à cette Conférence Internationale des Donateurs en faveur du Mali, est de faciliter le retour à la stabilité, en ouvrant pour le pays, un espace politique au sein duquel un dialogue national pourra conduire à la réconciliation nationale, afin de poser  de nouvelles bases pour engager une réforme en profondeur de la gouvernance publique, une nouvelle politique de décentralisation et pour créer les conditions d’un développement économique et social durable.

Déjà, bien avant la rencontre de Bruxelles, l’Union Européenne a apporté « précocement » une contribution substantielle à ce processus de transition politique, de restauration de la stabilité et de relance du développement et elle est déterminée à poursuivre ses efforts pour aider le Mali.

La Conférence de Bruxelles, « Ensemble pour le renouveau du Mali », vient donc concrétiser cette intention de l’Union Européenne, en y associant tous les autres partenaires intéressés, notamment la France, l’Union Africaine, la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et les autres donateurs internationaux pour la partie financière.

3) Avant toute chose, résoudre la crise!

L’initiative de Bruxelles répond, d’abord et avant tout, à une crise profonde que connait le Mali, une crise qui va au-delà de la simple situation de guerre, normalement déjà jugulée par l’intervention internationale qui va se renforcer de diverses manières avec la participation des Nations-Unies.

La crise que traverse le Mali n’est pas conjoncturelle et pas uniquement liée à des facteurs extérieurs. Elle est surtout liée à un problème de gouvernance politique et de corruption, entre autres. Ainsi, a-t-elle révélé toute la fragilité des institutions du pays, et a mis au jour les problèmes institutionnels dont souffrait le pays, notamment une perte de crédibilité des institutions de l’Etat aux yeux des citoyens. Elle a aussi mis en évidence la nécessité d’un débat public inter-malien sur les grands enjeux touchant le domaine politique et celui du développement économique et social du pays.

Cette crise n’est pas encore totalement résolue, tant sur le plan du plein retour à l’ordre constitutionnel par des élections libres, inclusives et transparentes, que de celui de l’instauration d’un processus de dialogue et de réconciliation nationale et de la restauration de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire.

C’est dans ce contexte que le Président de la Commission européenne, Monsieur José Manuel Barroso, le Président de la République Française, Monsieur François Hollande, et le Président de la République du Mali, Monsieur Dioncounda Traoré, ont pris conjointement l’initiative d’organiser une Conférence de haut niveau des donateurs pour le Développement du Mali, afin que le Mali puisse présenter son Plan de Relance Durable (PRED) 2013-2014 et solliciter l’appui de la communauté internationale pour contribuer à son financement. Cette conférence part du constat qu’il n’y a certes pas de développement sans sécurité mais pas non plus de sécurité sans développement.

4) Une initiative unique… Des conclusions prometteuses !

Tout en se félicitant de l’adoption d’une feuille de route pour la transition au Mali, depuis le 29 Janvier 2013, les participants à la conférence ont réaffirmé leur soutien à cette feuille de route dans toutes ses dimensions. Cependant, ils mettent l’accent sur sa mise en œuvre qui  constitue un présupposé pour la normalisation de l’aide internationale au Mali. Ils ont également salué la résolution 2100 du Conseil de Sécurité des Nations Unies du 25 avril 2013 qui ouvre des perspectives encourageantes pour la stabilisation du Mali et pour son développement

La conférence « Ensemble pour le renouveau du Mali » est une initiative unique, car c’est la première fois qu’une réunion au sommet, à ce niveau de décision, est organisée pour la reconstruction d’un seul pays, un peu comme le « Plan Marshall » dont a bénéficié l’Europe au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Elle prend pour postulat que le Mali n’est pas à reconstruire, car son administration a résisté aux conséquences de la crise politique et sécuritaire, et  que le pays a su ajuster sa politique macroéconomique au contexte de crise. Mais les institutions de l’Etat et les pratiques de gouvernance sont à réformer en profondeur pour un développement durable. Le Mali porte toute la responsabilité de cette réforme, mais l’appui de la communauté internationale est nécessaire et prêt à se déployer.

Et voici les principales conclusions qui sont issues de cette rencontre…

Le titre de la conférence,  « Ensemble pour le renouveau du Mali », reflète déjà toute son ambition.

Ensemble. La conférence a réuni à Bruxelles des délégations de  108  délégations, dont 13 chefs d’Etats et de Gouvernements, un grand nombre de Ministres des Affaires Etrangères et d’éminents représentants d’institutions régionales et internationales, mais également des représentants des collectivités locales, de la Société Civile internationale…

« Ensemble » traduit donc la nécessité d’une action coordonnée des bailleurs et du gouvernement malien, sur la base des priorités définies par les autorités maliennes, en concertation avec l’ensemble des acteurs non gouvernementaux et dans le but d’un meilleur «vivre ensemble» des populations maliennes.

Renouveau : Le Mali doit prendre un nouvel élan, se refonder sur la base du PRED présenté par les autorités maliennes et endossé par la communauté internationale, qui l’estime ambitieux et réaliste.

Mali : La conférence des donateurs s’est concentrée sur le Mali sans négliger les aspects régionaux et en étant convaincue que le développement du Mali contribuera au développement et à la sécurité de ses voisins et du continent africain. L’appui aux infrastructures régionales et la coordination régionale en matière de sécurité seront essentiels.

Sur la base des douze priorités identifiées par le PRED, les bailleurs se sont engagés à fournir un montant d’assistance au Mali de 3,25 milliards d’euros pour les deux ans à venir. Ils ont insisté sur les éléments suivants.

Gouvernance : L’alignement des donateurs sur le PRED et la réalisation de leurs engagements financiers seront fonction de la détermination des autorités maliennes à consolider sans relâche la réforme des finances publiques.

La réforme des Forces de Sécurité, y compris intérieures, de la Justice et de toute la chaine pénale doit être poursuivie. La lutte contre la corruption demeure une priorité, les donateurs saluant l’approbation gouvernementale du projet de loi contre l’enrichissement illicite. Ils resteront attentifs à son application systématique une fois son vote acquis.

A l’image des travaux engagés dans le cadre de la préparation du PRED, une participation renforcée des différentes parties prenantes et en particulier des organisations de la société civile à la mise en œuvre de ce Plan, contribuera à une bonne gouvernance de l’aide.

Développement équilibré du territoire et décentralisation : Le développement du Mali implique certes des actions ciblées vers les trois régions du nord du pays, mais également une stratégie pour les autres régions parmi lesquelles celle du fleuve Niger et la zone métropolitaine de Bamako.

La décentralisation, accompagnée d’une déconcentration des services de l’Etat et d’une grande réforme de l’Etat, doit être relancée par l’accélération de transferts de compétence et de ressources de l’Etat vers les collectivités territoriales et le renforcement de leur rôle en matière de gouvernance et de fourniture de services de base.

Les donateurs sont prêts à envisager qu’une part significative et croissante de leur aide des prochaines années soit effectivement transférée aux collectivités locales dans le respect des institutions nationales, qu’il s’agisse d’aide projets ou d’aide budgétaire sectorielle décentralisée.

Secteur privé : La relance de l’économie malienne a pour moteur le soutien au secteur privé, en particulier la création d’emplois, la construction d’infrastructures de transports, une amélioration de l’environnement des affaires et l’encouragement de l’accès au crédit (en particulier la micro-finance), un soutien au secteur agricole en appuyant notamment une agriculture familiale et durable, en garantissant la maîtrise de l’eau, et l’accès à l’énergie. Les donateurs envisagent favorablement la création d’un outil approprié dédié au développement rural et à l’aménagement du territoire.

Secteurs sociaux : Le Renouveau du Mali implique une amélioration de la formation des enseignants, une refonte des programmes scolaires ainsi que le développement de l’usage des nouvelles technologies.

En matière sanitaire, le Mali doit à la fois faciliter l’accès aux services de santé de base et mettre en œuvre des politiques visant à la maîtrise de la croissance démographique qui demeure particulièrement élevée.

Inclusivité : Il n’y aura pas de développement du Mali sans participation de l’ensemble des acteurs non gouvernementaux. Les partenaires du Mali contribueront également au renforcement de la société civile malienne. Ainsi, une partie de l’aide internationale contribuera au renforcement du dialogue entre communautés et à la refondation du vivre ensemble.

En conclusion : Le Mali est aujourd’hui à la croisée des chemins. Le PRED constitue une base appropriée sur laquelle le Mali et la communauté internationale prennent des engagements mutuels.

Toutefois, sa mise en œuvre requiert un suivi et une évaluation des programmes et des dépenses envisagés, à travers les documents budgétaires, de meilleures statistiques et les instruments existants de coordination des bailleurs.

La mobilisation de cette aide internationale est adossée au respect, par la partie malienne, de ses engagements, et notamment la mise en œuvre des réformes nécessaires en matière de gouvernance démocratique.

En définitive, le développement du Mali est une œuvre de longue haleine. Les autorités maliennes doivent maintenir leur détermination et la communauté internationale son soutien, afin que les événements de 2012 ne puissent se reproduire et que le Mali soit engagé sur la voie d’un développement durable et équilibré.

Source : Communiqué de Presse de l’Union Européenne sur les conclusions de la Conférence du 15 Mai

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