Malversation à la Sonacop : le film de l’emprisonnement manqué de Dieudonné Lokossou

Indexé dans le communiqué du Conseil des ministres du 14 mai comme complice- par son silence- de la prévarication à la Sonacop, le Secrétaire général de la Csa Dieudonné Lokossou a été interpellé chez lui ce matin un peu avant 8heures à Zogbo.

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En peu de temps, les choses sont allées très vite. Conduit devant le chef de la Brigade économique et financière(Bef) puis devant le procureur de la république Justin Gbènamèto. N’ayant trouvé aucune charge contre lui,  ce dernier va ordonner son relaxe. Le Dg Expédit Houéssou, lui, sera retenu dans les fers, comme de deux de ses complices. Film de l’emprisonnement manqué d’un syndicaliste gênant. 

Comme annoncé par certains canards de la place, un détachement de la police composé des éléments de la police judiciaire appuyés par certains du commissariat central de Cotonou a ceinturé ce matin un peu avant 8heures, la résidence de Dieudonné Lokossou sis à Zogbo. Deux pick up et un petit véhicule immatriculé « PN » tous remplis de policiers armés dont certains portaient des gilets par balle ont entouré sa maison, empêchant n’importe qui d’y rentrer. Pour camoufler l’opération, un policier en civil (tenue locale bohounba) tape et rentre dans la maison. Il demande au propriétaire des lieux de le suivre pour aller à la Bef pour être interrogé. Dieudonné Lokossou s’y oppose mais son interlocuteur précise que cela ne durera pas plus de 15 mn. Il n’obtempère pas non plus, ajoutant qu’il avait été convoqué pour 10heures. L’individu tourne, lance quelques appels et aussitôt des policiers en uniforme,  tous armés entrent dans la maison et demandent à Lokossou de les suivre. Il finit par accepter. Arrivés à la devanture, ils lui demandent d’entrer dans un des pick up mais il refuse, ajoutant qu’il préfère entrer dans son propre véhicule, une voiture de marque madza couleur centre. Un policier armé s’installe à ses côtés. A 8 h 10 mn, le cortège s’ébranle vers le commissariat central où un des pick up rentre dans l’enceinte du commissariat et laisse les trois autres véhicules continuer leur parcours jusqu’à la Bef sise à Akpakpa, non loin de Tokplégbé. Ici, le syndicaliste est conduit dans le bureau du chef de la brigade. Il y restera pendant deux heures environ, le temps de faire une déposition dont le procès verbal sera versé au dossier. La cour de la Bef commençait à être remplie un peu un peu. Certains syndicalistes ont commencé à investir les lieux. On peut apercevoir Laurent Mètongnon de la Fesyntra-Finances, Michel Kissi, Hounguêvou- son adjoint à la Csa, Attayigba, certains membres de la Csa et des agents de la Sonacop. A 10h 30 mn, les cadres de la Sonacop arrêtés dans ce dossier commencent à sortir un à un des bureaux de la Bef pour s’installer à bord des pick up de la police. Dieudonné Lokossou n’y sort qu’à 10h37mn et entre dans un petit véhicule nissan immatriculé « PN ». Arrivé au niveau du portail où attendaient des syndicalistes, il son poing droit et crie « victoire ». Ce à quoi ceux-ci répondent tous en cœur « victoire, victoire… » avant de se disperser. Direction palais de justice avec une petite escale, semble-t-il, au commissariat central.

Lire : Affaire sonacop: Lokossou libre

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Palais de justice, ambiance bon enfant

 La délégation arriva finalement au tribunal à 11h 07 mn. Le Dg Houéssou, arrêté depuis une semaine, quatre autres de ses complices et le Sg Dieudonné Lokossou descendirent un à un de leurs véhicules respectifs. Tous, avec quelques membres de la Bef et des policiers qui les gardent s’immobilisèrent  dans la cour du tribunal où virent les saluer quelques avocats, Me Vlavonou et le bâtonnier Djikoui. L’ambiance était bon enfant, les salutations très chaleureuses. Les prévenus, le Dg Houéssou avaient bonne mine. Vêtu d’une chemise manche courte blanche tachetée, il salua tout le monde avec dévotion. Deux minutes après, ils avancèrent vers les escaliers qui conduisent au bureau du procureur quand un jeune policier crie « arrêt !». Le dispositif sécuritaire se mit en place et encadra un peu plus les prévenus pour les conduire dans le bureau du procureur. Arrivés dans l’antichambre du bureau du procureur, la délégation marqua un arrêt. Lokossou eut le temps d’y sortir quelques secondes pour venir saluer quelques syndicalistes venus le soutenir. Visiblement, le procureur de la république n’était pas dans on bureau. Ce dernier n’apparut qu’à 11h13 mn escorté d’un militaire bien armé. Vêtu d’une tenue locale (bohoumba), il marcha à pas pressés, regarde à peine les usagers et les syndicalistes assis sur les bancs dans le corridor qui conduit à son bureau. Seul le greffier en chef du tribunal eut le privilège d’avoir sa salutation. Il entra dans son bureau mais y ressortit quelques minutes après puis revint, escorté cette fois-ci par deux militaires. L’audience u dura près d’une heure. C’est à 12h 05  que Lokossou y ressort, l’air toujours décontracté. Il est accompagné de trois autres prévenus, tous cadres de la Sonacop. L’un deux, bon musulman, soulève son chapelet. La sortie de Dieudonné Lokossou surprirent des syndicalistes. « Sg, ils t’ont dit quoi », lui lança une dame  visiblement de la Csa. « Je suis libéré, ils m’ont libéré », répondit le syndicaliste. « Quoi ? », demanda encore la dame très surprise. « Il – allusion au procureur – m’a écouté et m’a libéré », précisa-t-il. Une foule de syndicalistes le ceintura aussitôt, des applaudissements ameutent beaucoup d’autres usagers. « Victoire, victoire… », scandèrent-ils. Il reçut félicitations et accolades. Rapidement, Dieudonné Lokossou et la foule des syndiqués qui l’entoure s’ébranlent vers la sortie du tribunal. Michel Kissi, alerta la foule : « rendez vous à la bourse du travail, tout le monde à la bourse du travail ». Le Sg liberé fit une escale au kiosque derrière le champ de foire, acheta quelques journaux, comme à son habitude avant de continuer vers la bourse du travail où attendait une grande foule de syndicalistes.

 « Ils m’ont fait la pub »

Le Sg est rentré directement au secrétariat de la Csa mais il fur contraint d’y sortir par Laurent Mètongnon et consorts. Ceux-ci souhaitent qu’une salle soit ouverte pour accueillir la meute des syndicalistes et des curieux. Pascal Todjinou fait son irruption dans la salle sous les ovations de la foule. Il embrasse chaleureusement Lokossou et prend la parole aussitôt. « Nous ne pouvons pas faire ce meeting de libération en catimini. La presse a dit beaucoup de choses sur ce dosser ces derniers jours-ci et il faut qu’elle soit là », propose Todjinou. Il est suivi de l’heureux du jour. « Tout est clair aujourd’hui, je ne suis mêlé à rien », précise-t-il d’entrée de jeu avant de demander à ses syndiqués de continuer à lui faire confiance. On lui demanda alors de raconter sa mésaventure. « J’étais chez moi ce matin quand un homme en bohoumba est venu me voir pour me demander de le suivre pour aller à la Bef. J’ai refusé mais il a appelé ses collègues en tenue militaire et j’ai fini par les suivre. Arrivé là bas, on m’a demandé ma responsabilité dans ce dossier, moi j’ai dit que je n’ai jamais été Dg à la Sonacop et qu’on ne m’a pas nommé Sg du syndicat pour dénoncer un Dg,que je ne suis pas un agent de renseignement. Vous savez, chers amis, ils m’ont fait de la pub. Ils ont mentionné tout ça dans leur Pv. Arrivé chez le procureur, on m’a demandé les mêmes choses. Sur chaque dossier, j’ai dit ce que j’en savais et ce que j’ai pu faire. Sur chaque dossier, le procureur demande au Dg quelle est ma responsabilité, et il répondait « non, il n’en a aucune » et c’est là que le procureur décide de me libérer ». Les syndicalistes entonnèrent une chanson révolutionnaire avant de se donner rendez vous à 15h 30 mn pour un grand meeting devant la presse. Contrairement à son collègue Todjinou, debout à sa droite, Lokossou a pu échapper à la prison à la grande surprise de tous.

Le Dg Houéssou sous mandat de dépôt

Responsabilité diverse, fortune diverse pour le Dg Expédit Houéssou et le syndicaliste Lokossou accusé au début par le gouvernement de s’être tu sur les malversations. Selon des sources judicaires, le Dg Houéssou, le Directeur commercial et le Directeur financier de la Sonacop ont été mis sous mandat de dépôt par le procureur de la république. (A suivre).

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