Pour « non dénonciation de crime économique » : le pouvoir s’apprête à arrêter Dieudonné Lokossou

Le Secrétaire Général de la Csa, Dieudonné Lokossou, est dans l’œil de cyclone. Après le Conseil des ministres du 14 mai qui l’accuse de ne pas avoir dénoncé la malversation financière qui avait cours à la Sonacop, c’est un autre communiqué, celui-ci, de la Directrice du cabinet civil du Chef de l’Etat, Véronique Brun Hachémé, qui  semble aggraver sa sentence.

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Dans ce communiqué, la Dc infirme toutes les déclarations faites la veille par le syndicaliste sur Canal3 en réplique au communiqué du Conseil des ministres. Selon ses déclarations, Dieudonné Lokossou n’aurait jamais fait aucune démarche pour rencontrer le Chef de l’Etat, encore moins qu’il ne lui ait envoyé un courrier pour dénoncer les prévarications en cours dans la société.  Mieux, elle l’accuse de s’être prévalu des seules déclarations du Dg – qui aurait affirmé avoir des relations très privilégiées avec le Chef de l’Etat – pour « ne pas exercer le suivi et le contrôle de la gestion de la société dans laquelle il exerce ses fonctions ». Comme dans le communiqué du Conseil des ministres, le fait de n’avoir pas contrôlé la gestion d’un Dg devient un délit syndical pour le gouvernement. Et c’est au nom de celui-ci qu’il s’apprêterait à l’arrêter. En effet, selon des rumeurs, Dieudonné Lokossou est activement recherché par le pouvoir qui veut l’arrêter comme un des complices dans cette affaire. Une source proche du Dg de la Police nationale l’a d’ailleurs confirmé, alléguant que ce dernier serait très préoccupé par l’arrestation du syndicaliste qui a taillé au fil des années une solide réputation de pourfendeur du régime. Un tel argumentaire paraît trop banal dans la mesure où son silence hypothétique, dont se prévaut le gouvernement, n’est pas un élément suffisant pour l’accuser de complicité. Encore que l’intéressé dit détenir des éléments prouvant qu’il a fait des efforts pour rencontrer le Chef de l’Etat. Mieux, Lokossou n’était pas seul dans le syndicat. Liamidi Soumanou a été pendant plusieurs années son adjoint. On peut s’étonner aussi du fait que le gouvernement accuse un syndicaliste de n’avoir pas contrôlé la gestion de son Dg et laisse tranquille l’auditeur désigné et les contrôleurs de gestion à qui revient cette tâche. Ceci ressemble bien à la manifestation d’un esprit de vengeance contre un syndicaliste qu’on cherche à humilier.

COMMUNIQUE DE LA PRÉSIDENCE DE LA REPUBLIQUE

Suite à l’intervention de Monsieur Dieudonné LOKOSSOU, ex Secrétaire Général du Syndicat des Travailleurs de la SONACOP, sur la chaîne CANAL 3 le 14 mai 2013, intervention relayée par plusieurs journaux dans leur parution de ce jour, et dans le souci de rétablir la véracité des faits, la Directrice de Cabinet du Président de la République tient à faire la mise au point ci-après :

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Fin octobre 2012, le Directeur Général de la Société Nationale de Commercialisation des Produits Pétroliers (SONACOP) est allé exposer au Président de la République la situation financière désastreuse dans laquelle se trouvait la SONACOP à la date du 29 octobre.

Ladite société était en situation de cessation de paiement et n’était plus en mesure ni d’approvisionner ses stations services en produits pétroliers ni de faire face aux charges salariales de son personnel.

Cette situation qui, aux dires du Directeur Général, est due à la concurrence déloyale et sauvage de l’essence frelatée « kpayo », risquait de pousser toutes les administrations publiques et même les représentations diplomatiques en poste au Bénin à aller s’approvisionner dans le secteur informel.

Face à la gravité de la situation, le Chef de l’Etat a tenu le 02 novembre 2012 une séance extraordinaire du Conseil des Ministres à l’issue de laquelle il a été décidé « de mettre en urgence à la disposition du Ministre de l’Industrie, du Commerce et des Petites et Moyennes Entreprises, pour le compte de la SONACOP, à titre remboursable par le biais d’un compte séquestre, la somme de trois milliards (3.000.000.000) de francs CFA en vue de l’achat de produits pétroliers pour l’approvisionnement des stations-services ».

Pour la gestion des fonds, le Conseil des Ministres a pris les garde-fous nécessaires notamment la mise en place d’un Comité de trésorerie ainsi que l’ouverture d’un compte-séquestre dans lequel ont été versés les trois milliards de francs CFA.

Cette décision a unanimement été applaudie par tous les travailleurs de la SONACOP. C’est ainsi que le Directeur Général de la SONACOP accompagné d’une forte délégation du personnel ainsi que des responsables du syndicat avec à sa tête Monsieur Dieudonné LOKOSSOU se sont rendus au Palais de la Présidence de la République pour exprimer à la Haute Autorité leur reconnaissance. Malheureusement, du fait de son agenda très chargé, le Chef de l’Etat n’a pas pu les recevoir.

La Présidence de la République tient à informer l’opinion publique que durant toute la durée de la gestion de Monsieur Expédit HOUESSOU à la tête de la SONACOP, aucune lettre de dénonciation en provenance du Secrétaire Général du SYNTRA-SONACOP n’est parvenue au Président de la République. Aucune trace de la correspondance en date du 06 novembre 2012 qu’aurait adressée Monsieur LOKOSSOU pour solliciter une audience et qu’il a évoquée à souhait dans son intervention, ne figure non plus dans les registres de courrier-arrivée de la Présidence de la République. 

Par ailleurs, il est curieux de noter qu’un Secrétaire Général de syndicat puisse se prévaloir des déclarations abusives d’un directeur général de Société d’Etat, sur un prétendu rapport privilégié qu’il aurait avec le Chef de l’Etat, pour ne pas exercer le suivi et le contrôle de la gestion de la société dans laquelle il exerce ses fonctions.

En tout état de cause, le Président de la République réaffirme à tout le peuple béninois sa détermination totale à lutter contre la corruption ainsi que tous les actes de mauvaise gestion et de prévarication qui seront relevés dans notre pays.

Cotonou, le 15 mai 2013,
La Directrice de Cabinet du Président de la République  
Véronique F. BRUN HACHEME

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