Malversations financières à la Sonacop : une fin humiliante pour le Dg Houéssou

Il a suffi de la simple lecture du rapport de l’Ige pour que la décision de limoger le Dg de la Sonacop, Expédit Houéssou, soit prise.

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A la place du Conseil des ministres qui l’avait nommé, le Chef de l’Etat a fait avaliser ce limogeage par une commission « ad’ hoc ». L’accusé a été convoqué, désavoué publiquement au salon présidentiel, et confié aussitôt à la Brigade économique et financière (Bef).  Il s’agit  là d’un limogeage-spectacle qui nous rappelle tant Dadis Camara, l’ex-putschiste guinéen.

Exploit inouï que celui accompli par le Chef de l’Etat sur le dossier de la Sonacop. En quelques jours, une commission d’enquête de l’Inspection générale d’Etat (Ige) a été mise sur pied. Celle-ci pour une des rares fois, a rendu sa décision dans un délai record. Il lui a suffi d’à peine une semaine pour finir son travail. Le rapport très succinct qui sanctionne son travail, n’a pas été envoyé au Chef de l’Etat sous pli confidentiel, comme d’habitude, il a fait curieusement l’objet d’une audience publique à laquelle a été aussi convié « l’accusé ». Les images diffusées par la télévision le montre assis entre le Dg de la police et ce qui pourrait être un autre cadre du palais, le regard inquiet, devant un Chef d’Etat qui suivait, toute ouïe, la lecture du rapport de Jacques Alidou Koussé, l’Ige. Si les reportages n’ont pu montrer l’exhaustivité de cette audience, on peut imaginer les minutes d’enfer vécues par Expédit Houéssou. En somme, racontent des sources confidentielles, il a été désavoué, sermonné par le Chef de l’Etat qui lui a dit publiquement « qu’il le relève de ses fonctions » afin qu’il se mette à la disposition de la police. Le ministre de l’Intérieur présent aussi lors de cette audience, a été instruit pour engager cette procédure. Tout est allé très vite après. Le Dg ainsi épinglé par un rapport et condamné par le Chef de l’Etat, est conduit aussitôt au commissariat central où il y est gardé jusqu’à maintenant.

Houessou coupable? Mais qui donc est responsable ?

Couacs d’un limogeage folklore

Limoger un cadre qui commet des actes de prévarication est un acte politique louable. Non seulement il est dissuasif, mais il montre toute la volonté du Chef de l’Etat d’en découdre avec cet hydre qui menace le développement du Bénin. Mais, au-delà de la volonté, ce limogeage pêche par sa précipitation et son vice de forme. Expédit Houéssou a été nommé en Conseil des ministres. Si les choses se passaient dans les règles de l’art, c’est normalement en Conseil des ministres qu’il doit être relevé de ses fonctions. Selon le parallélisme des formes, principe majeur en droit, le Dg ne doit être remercié que de la même façon et par la même instance que celle qui l’a promu. Rien ne presse le gouvernement à conduire le processus à terme. Normalement, c’est le Conseil des ministres qui doit connaître du rapport Koussé et c’est ce dernier, sous l’égide du Chef de l’Etat, qui doit prendre la décision de le relever de ses fonctions. Mais à la place du Conseil des ministres, le Chef de l’Etat a convoqué une sorte de commission ad’hoc composé des membres de l’Ige, des membres du syndicat de la Sonacop, du ministre de l’Intérieur, du Dg de la police, du Dg incriminé et des proches collaborateurs du Chef de l’Etat. C’est eux qui ont remplacé le Conseil des ministres, pour prendre cette décision informelle. Enfin, il est si bien fait ce limogeage, conduit avec dextérité, qu’il urge qu’on s’en inspire désormais pour les autres dossiers de corruption qui polluent la République. Pourquoi ne peut-on pas observer la même célérité dans le dossier de magouille autour du concours de recrutement au profit du ministère des Finances ? Pourquoi pas la même chose à la Sonapra ou même à la Sbee ? Pourquoi l’Ige ne peut pas être commise par le Chef de l’Etat sur ces sujets ? Pourquoi ne peut-on pas vite vider ces dossiers comme on vient de le faire au sujet de la Sonacop ? Si d’autres sociétés et structures de l’Etat n’emboîtent pas les pas à la Sonacop, on aurait toute la latitude de penser que tout a été fait pour déstabiliser le Dg Houéssou, car il existe d’autres personnes qui ont commis des actes délictueux plus graves que ceux du Dg, mais qui continuent de circuler tranquillement à Cotonou.

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