Houessou coupable? Mais qui donc est responsable ?

Ainsi donc, le Directeur général  de la Sonacop,  Expédit Houessou a été démis de ses fonctions et remis manu militari à la disposition de la police judicaire,  comme un vulgaire malfrat!

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Il est ainsi  victime d’une procédure  pour le moins expéditive de limogeage jamais connue depuis le Renouveau. Devant les caméras de toutes les télévisions  au service du pouvoir, il a subi la pire des humiliations qu’un homme normalement constitué  puisse jamais subir dans sa vie. Pourtant, quelques jours auparavant, le président Yayi en personne avait réuni le Dg et le syndicat des travailleurs de la Sonacop pour tancer  ces  derniers d’avoir interdit au Dg l’accès à ses bureaux .On peut imaginer sans risque de se tromper que si le pauvre avait su que cette invitation quasi anodine à la présidence à lui adressée  la veille, si ce n’est pas le jour même, allait déboucher sur cette espèce de tribunal d’exception, il aurait décliné l’offre pour  offrir sa démission au lieu de subir cette séance de torture morale à laquelle il a été soumis l’autre jour .Il faut remonter aux premières années du Prpb de sinistre mémoire pour voir des scènes du genre où un Dg est mis sur la sellette et copieusement ridiculisé par le chef de l’Etat en personne agissant es qualité mais aussi,  en lieu et place d’un procureur dont la mission première est de mettre en accusation et de diligenter des enquêtes judicaires .Les plus anciens d’entre nous se souviennent certainement de cette séance publique au cours de la laquelle le président Kérékou a littéralement humilié le directeur d’une société d’Etat  de fourniture de matériels de bureau du nom de  Sonapal  dans des  termes moqueurs en mettant les rieurs de son côté : « le directeur de la Sonapal est pâle »En pleine démocratie , nous assistons dans l’indifférence quasi générale à la  mise en accusation après la lecture d’un  simple rapport administratif d’un cadre nommé en conseil des ministres par le chef de l’Etat quelques  années plus tôt.

C’est en effet,  par un communiqué du conseil hebdomadaire des ministres que le grand public a été informé de la nomination de Expédit Houessou à la tête de la Sonacop. Ceux qui connaissent l’homme depuis des années ont dû se déciller les yeux pour comprendre ce qui se passait , tout en se posant la question : « mais qu’est-ce qu’il va donc faire dans cette galère ? »La Sonacop des années 2000 , société d’Etat cédée au privé dans des conditions pour le moins floues et gérée dans des conditions pour le moins orthodoxes n’est plus que l’ombre d’elle-même. La Sonacop, faudrait-il le rappeler ,était l’un des fleurons de l’économie nationale. N’était la vente généralisée de l’essence dite frelatée du Nigéria, cette société était l’une de celles qui payaient le plus de redevances à l’Etat.   La Sonacop , à la veille de cette cession rocambolesque à un privé,  croulait sous le poids de ses nombreux Dat placés dans tous les établissements bancaires du pays. Elle  venait d’être rétrocédée à l’Etat, après une administration provisoire des plus controversées. Que va y faire Houessou,  un consultant qui a passé le plus clair de son temps à donner des formations en management et qui n’a jamais  rien géré d’aussi important ? Certes, Houessou est connu depuis des années aussi  comme l’homme des « Ral :la rentrée aura lieu» et des  «  Fal :la fête aura lieu » , deux slogans traduits en actes qui permettaient et permettent toujours aux parents d’élèves et aux fêtards invétérés de s’approvisionner à moindre coût à la veille des rentrées des classes et des fêtes religieuses notamment. On peut raisonnablement penser aujourd’hui,  a posteriori ,  que  Expédit aurait dû se contenter de cette idée de génie que des gens ont commencé à lui copier, sans succés(au Bénin , tout le monde  achète et vend quelque chose et fait ce quelqu’un a essayé et qui marche). Il aurait dû en vivre pleinement s’il n’avait pas comme tant d’autres été piqué par le virus de la politique. Celle des jeux de coudes  au flanc et des coups de pieds dans le derrière.

                              Le chef de l’Etat pouvait –il ignorer ce passé de celui qu’il appelait à diriger l’une des plus grosses sociétés d’Etat de notre pays ? Pourquoi le président Yayi , dans le cas de la nomination du Dg Houessou, a fait fi du décret datant de l’époque du président Kérékou II faisant obligation aux candidats à la direction des sociétés de passer par un appel à candidatures ?Sur quoi repose la nomination du Dg Houessou à la tête de la sonacop  comme toutes les nominations des  Dg de toutes les sociétés d’Etat ,(suivez mon regard !) sinon le clientélisme qui fait de ses «  heureux élus »des obligés du chef de l’Etat ? Tout le monde sait en effet qu’après les meetings, marches de soutien  et autres  messes de remerciement  au chef de l’Etat pour avoir nommé un  de leurs fils, les directeurs nommés sont contraints de retourner constamment vers les populations pour présider les réunions électorales et orienter le choix des électeurs. Alors , comment s’étonner que toutes ces sociétés , sans aucune exception , (suivez encore mon regard !)soient si mal gérées ?Cependant,la question que tous les observateurs se posent est de savoir si le président Yayi osera faire aux autres DG  défaillants(Dieu sait qu’ils sont légions !) ce qu’il a fait au petit Houessou du petit  village perdu  de Gadomey  du département sous peuplé électoralement du Mono ?Rien n’est moins sûr !

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