Nomination à la tête de la Police Nationale : Houndégnon et consorts, des promotions toujours contestées

A peine nommé Directeur général de la Police, le fauteuil de Louis Philippe Houndégnon tangue déjà.  Sa nomination et sa promotion au grade de Contrôleur général, qui avaient suscité des remous en interne, essuient actuellement de vives désapprobations.

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Dans une lettre ouverte, un commissaire de police à la retraite attaque les irrégularités de cette double promotion et, hasard de calendrier, c’est le même moment choisi par les avocats du juge Houssou pour porter plainte contre le patron des flics.

Le Directeur général de la Police Nationale, Louis Philippe Houndégnon, n’aura pas la conscience tranquille ces derniers jours. Alors qu’il a commencé à prendre, petitement, ses marques à la tête de la Police, deux événements risquent d’entamer un peu son moral et sa motivation.  Le premier est une lettre ouverte aux Inspecteurs et Contrôleurs généraux, en date du 27 mai, signée par Ambroise Aïhou, Commissaire à la retraite, actuellement en service à l’Onu à Abidjan, en Côte-d’Ivoire. Si l’auteur de cette lettre ouverte ne dénie pas au nouveau Dg de la Police des qualités intellectuelles et l’expérience professionnelle pour ce commandement, il reste très désapprobateur quant à la décision prise de le hisser, lui et certains de ses collègues, au poste de Contrôleur général.

En effet, Louis Philippe Houndégnon, jusqu’au jour où on lui a porté ses grades, était Commissaire Principal de Police. Des sources proches de lui, susurrent qu’il a suivi la formation pour être porté au grade de Commissaire divisionnaire, mais ce qui n’a pas été fait jusqu’à sa nomination au poste de Dg de la Police Nationale. En clair, Houndégnon est passé du grade de Commissaire Principal de Police à celui de Contrôleur général, en sautant, comme on le constate, celui de Commissaire divisionnaire. Il s’agit d’une promotion à titre exceptionnel qui ne respecte pas les dispositions du décret N°97-622 du 30 décembre 1997 portant Statut particulier de la Police Nationale. Et c’est l’article 81 de ce décret qui parle de promotion à titre exceptionnel. « Les fonctionnaires de police qui se seront particulièrement distingués dans une opération de police, au cours de laquelle ils auront exposé leurs jours, peuvent bénéficier d’un avancement exceptionnel au grade immédiatement supérieur, nonobstant les conditions statutaires, et ce sur rapport motivé du Directeur général de la Police Nationale, et après avis de la Commission d’avancement de la Police Nationale », stipule clairement l’article. On comprend que la promotion à titre exceptionnel ne permet pas qu’on saute un grade, mais plutôt qu’on passe au grade immédiatement supérieur, sans en avoir rempli toutes les conditions. Dans sa lettre, le Commissaire Aïhou fustige ce fait. « Des exceptions de port de galons pourraient arriver dans les cas de reconstitution de carrière où l’administration elle-même remarque que, dans son déroulement, quelqu’un a été lésé, ou encore suite à une décision de justice. Hormis ces circonstances, ce qui s’est passé crève l’œil. Que dirait-on si dans les Forces armées béninoises, un capitaine passait ainsi directement au grade de Colonel, parce que pressenti pour un poste, fut-il politique ? » S’offusque le commissaire retraité. Il est donc évident que Houndégnon et son collègue Hounnonkpè ont bénéficié d’une application illégale de cette mesure exceptionnelle, encore que les preuves de ce qu’ils ont exposé leurs vies au cours des opérations de police restent à prouver.

Et pourtant …

Mais là n’est pas le seul grief qu’on peut porter contre Houndégnon. A son passif, on peut ajouter sa condamnation par la Cour Constitutionnelle. Par décision N°Dcc 12-115 du 22 Mai 2012, la Cour Constitutionnelle avait condamné Louis Philippe Houndégnon, pour avoir violé l’article 35 de la constitution.

Pour rappel des faits, le jeudi 16 juin 2011, il a envoyé ses hommes pour aller arrêter et violenter Bernard Oussoupkèvi, Commandant de la capitainerie du port, dans son bureau, l’accusant d’être responsable de l’encombrement des artères de la ville de Cotonou par des camions. Or, selon les dispositions légales et statutaires, quelqu’un qui  a été condamné par la Cour Constitutionnelle ne devrait plus bénéficier de telles promotions. Le gouvernement ignore-t-il cela ou l’a-t-il fait exprès ? On se rappelle que trois candidats étaient en compétition pour ce poste. En dehors de Houndégnon, il y avait Nazaire Hounnonkpè et Jean Tozé, le plus gradé de la Police en service au Bénin, avant ces promotions à titre exceptionnel. Le gouvernement a-t-il tenu compte de ça ou simplement des faits d’armes du Commissaire Houndégnon, pendant qu’il était Commissaire central de Cotonou ?

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