Abdoulaye Bio Tchané sort à nouveau de son caractéristique mutisme. Il a déploré l’allégation gouvernementale qui essaie de faire croire au peuple et à toute l’opinion que la situation économique est bonne.
C’était mardi dernier, à la suite d’une visite qu’il avait effectuée dans les locaux de Radio Tokpa, à Cotonou. « Dire que la croissance économique est de 5,4%, ce n’est pas juste. Elle est beaucoup moins élevée. Elle est parmi les plus faibles de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine. Et elle est peut-être même l’une des plus faibles en Afrique, et notre effort doit être de faire en sorte que les Béninois en prennent conscience. Parce que c’est leur travail qui peut amener une croissance plus élevée et la motivation ».
Il s’agit là d’un extrait de ce qu’a déclaré Abdoulaye Bio Tchané à la presse, mardi dernier. Ces propos viennent clairement contredire le chiffre agité par le gouvernement et relayé par plusieurs ministres et autres zélateurs de la mouvance présidentielle, il n’y a pas longtemps, dans le cadre du bilan des deux ans du second mandat de Boni Yayi.
On se rappelle que, dans un passé tout récent, Bio Tchané avait déjà confié que le Bénin, en terme d’économie, tenait la lanterne rouge dans l’espace Uemoa. Le revoilà, une fois encore, pour désavouer le chiffre de 5,4% de taux de croissance du gouvernement.
Quand on sait que l’homme, dans les couloirs des institutions économiques Ouest-africaines, est loin d’être un néophyte. Et qu’en plus de son manteau d’économiste avéré, il n’est pas du genre à s’exhiber devant la presse pour se faire plaisir ; on peut alors penser qu’il y a matière à s’interroger. Pourquoi, le gouvernement de Boni Yayi voudrait-il cacher au peuple la réalité économique actuelle ? La situation économique serait-elle aussi catastrophique, au point où on voudrait faire, à ce point, économie de vérité ? Dans quel type de bateau le régime Yayi mène-t-il finalement le peuple béninois ? Doit-on toujours faire confiance à ce régime qui gouverne le Bénin ? Voilà, parmi d’autres, autant de questions qu’on peut se permettre de poser désormais.
Par ailleurs, Abdoulaye Bio Tchané a fait quelques recommandations à l’endroit du gouvernement. Il a estimé que pour améliorer la situation actuelle, on doit « engager les bonnes reformes et être consistant sur ces reformes. Tout en améliorant la gouvernance, et faire en sorte que les entreprises nationales se sentent de plus en plus à l’aise pour qu’elles puissent recruter».
Aussi, l’ancien Président de la Boad a-t-il laissé entendre que nous avons une agriculture qui peut être plus prospère qu’elle ne l’est aujourd’hui. A la seule condition que les reformes dans ce secteur s’attaquent aux vrais sujets. « On peut mettre de l’argent dans l’agriculture, comme dans d’autres secteurs, sans avoir les résultats. Parce qu’on ne s’attaque pas aux vrais sujets », a-t-il conclu.