Football : l’envers du décor

Beaucoup d’agitation pour rien. Les Ecureuils du Bénin rencontrent dimanche 9 juin 2013, les Fennecs de l’Algérie. C’est pour le compte de la 4ème journée des éliminatoires de la Coupe du monde Brésil 2014.

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L’issue de ce match, qu’elle soit favorable ou non aux nôtres, ne nous fait ni chaud ni froid. Nous intéresse davantage l’avenir de notre football empêtré dans d’inextricables problèmes.

C’est un choix que de faire face aux grandes échéances internationales comme si de rien n’était, comme si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Il existe en psychologie la méthode dite Coué, du nom de son inventeur, Emile Coué. Le psychologue français fit breveter la guérison par autosuggestion. Et beaucoup pensent, à tort, qu’il suffise   de dire que tout va bien pour que tout aille automatiquement bien. Dans une telle perspective, les Béninois ne feraient que d’une bouchée les Algériens. Ne trahissons pas Coué. Sa méthode ne confine ni à l’incantation ni à la magie.

Le football contemporain est une entreprise. Il est à prendre et à comprendre comme une organisation complexe où tout est orienté vers des résultats déterminés. Quelle masse de travail, quelle somme de discipline et de rigueur derrière les 90 minutes que dure un match de football ! Amateurs ou plaisantins, s’abstenir.

Et c’est parce qu’il en est ainsi qu’on ne comprendrait pas, ailleurs, sous d’autres cieux, qu’à la veille d’un match international, le Onze national soit perturbé par des querelles qui ne le concernent point. Quand deux éléphants se battent, c’est l’herbe sous leurs pieds qui souffre le plus. Est donc perturbateur au plus haut point et source d’un très grand désordre pour le Onze national, le bras de fer, aussi inutile que nuisible, qui oppose le sélectionneur national et le Président de la Fédération. Nous exigeons un carton rouge réparateur. Nos jeunes joueurs ont à défendre nos couleurs. Calme et sérénité : voilà ce dont ils ont le plus besoin. Mais tout compte fait, les manières d’agir et de se comporter qui dominent un football ne sont que le reflet des pensées dominantes dans ce football.

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Par ailleurs, ni le format de l’événement ni la taille de l’enjeu ne peuvent nous faire oublier que nous traversons une grave crise qui ébranle nos convictions et nos certitudes Nous   sommes assis sur un volcan qui peut, à tout moment, reprendre du service. A moins de ne s’accrocher qu’aux apparences, de faire semblant de ne rien voir, de ne rien entendre. On marcherait alors sur la tête, on verrait tout en l’envers, on apprécierait tout de travers.

Serait une bénédiction, la division qui affecte et frappe durement la Maison nationale du football. Seraient un exploit   les soubresauts d’un football qui se débat dans les profondeurs des classements internationaux. Serait un sujet de satisfaction un football anémié, exsangue qui se refuse de voir devant comme l’autruche se cache la tête pour ne pas voir le danger. Serait une manière d’occupation utile et de saine gestion, la routine dans laquelle se complait notre football. Voilà le nœud de contradictions au bout duquel se trouve pendu un football devenu tragiquement triste.

Cela pose le problème du douzième homme. Le football est à tenir pour un miroir dans lequel les supporters aiment à se mirer. A miroir cassé, image brouillée. Le divorce est alors consommé entre les supporters et leur football. Les supporters ne se voient ou ne se reconnaissent plus dans leur football.

Le football n’est pas devenu le sport-roi par hasard. Ce sont les supporters qui, par leur mobilisation et leur adhésion, l’ont ainsi sacré et consacré. Et tant que le courant passe entre les supporters et leur football, tant que l’enthousiasme des premiers irrigue par flots continus le second, tous les espoirs sont permis. Le douzième homme, comme on appelle les supporters, joue pleinement son rôle, crée le surnombre et marque. Le football se présente ainsi comme une famille qui compte douze membres. Et pour parodier Lamartine : «Un seul membre manque à l’appel et tout est dépeuplé».  C’est en cela que le football est et restera fondamentalement un jeu d’équipe. Ici, une hirondelle ne fait pas le printemps. A méditer.

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