Hollande, roi d’Afrique

François Hollande, lauréat du Prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix, édition 2013. 

Publicité

Le Chef de l’Etat français était à l’honneur ce 5 juin, à l’Unesco à Paris. Il s’ajoute à la liste d’anciens et prestigieux lauréats du Prix. Entre autres, Nelson Mandela, Yasser Arafat, le Roi Juan Carlos ou Luiz Inacio Lula da Silva. Une dizaine de Chefs d’Etat africains ont tenu à marquer l’événement de leur présence.

Qu’a-t-il déjà fait de si marquant, sur le terrain de la recherche de la paix, celui qui n’a été élu Président de la République française que depuis un an ? En quoi et pourquoi François Hollande mérite-t-il être choisi (Citation)» Pour sa haute contribution à la paix et à la stabilité en Afrique» ? (Fin de citation). On pense, bien évidemment, au Mali. Sa prompte réaction, à travers l’opération Serval, a permis de desserrer l’étau terroriste qui menaçait ce pays et au-delà, la sous-région ouest-africaine.

Décision rapide. Engagement franc. Résultat positif. François Hollande aura ainsi fait d’une pierre … trois coups. Le sort funeste qui devait s’abattre sur des milliers d’hommes et de femmes est différé. Les territoires qui devaient se plier à la volonté des djihadistes et connaître une forte menace terroriste se tirent d’affaire. L’homme qui capitalise sur son seul nom tant de hauts faits mérite bien d’être distingué. De ce point de vue, François Hollande n’aura pas usurpé l’honneur à lui fait, d’arborer le pagne de la paix, au détour d’un Prix qui arrive bien à propos.

Lire : Hollande le conquérant !

Publicité

Les Africains savent être reconnaissants. Les Africains savent dire merci à ceux qu’ils tiennent pour leurs bienfaiteurs. Sur les chemins chauds et ensablés du Mali où il a courageusement et promptement engagé les forces armées françaises, François Hollande a rendu à l’Afrique et aux Africains deux services majeurs.

Premier service. L’engagement français au Mali a dramatiquement fait prendre conscience aux Maliens d’abord, à l’ensemble des Africains ensuite, de la tragique vacuité de leurs discours sur l’unité, la fraternité et la solidarité. Notre unité de façade, portée par la tchatche et les discours, ne nous a garanti ni la force ni la chance de faire le poids devant l’ennemi commun. Dès les premiers coups de feu, ce fut la débandade générale. Brutalement, nous nous sommes rendu compte que nous n’avons pas la maîtrise de notre sécurité individuelle et collective. Brusquement, nous avons pris conscience que nous entretenons des armées bien en dessous et bien en-deçà de leur mission de défense. Merci donc à celui qui nous a aidé à découvrir notre dégradante nudité, notre extrême fragilité. Merci donc à celui qui nous a tiré de nos rêveries et de nos illusions.

Deuxième service. L’engagement français au Mali a décidé les Africains à mettre sur pied une force militaire d’intervention rapide. C’est ce qui ressort des décisions prises par le dernier sommet de l’Union africaine il y a moins d’une semaine. Nous avons attendu cinquante ans avant d’y penser. Nous avons parlé, en cinq décennies, de tout et de rien sans y penser. Si nous sommes sincères, qu’il ne s’agit pas d’un simple effet d’annonce, l’Afrique va commencer à se doter d’une force de défense continentale sous l’aiguillon de l’étranger. Merci François Hollande.

Du reste, ce dernier a bien compris que la raison du plus fort est et doit rester toujours la meilleure. Aussi a-t-il trouvé, avec le cinquantenaire de l’Union africaine, l’occasion d’ annoncer, à Adis Abeba, depuis la tribune de l’organisation, afin que nul n’en ignore : «Je vous invite tous à Paris pour un grand sommet sur la sécurité de l’Afrique». On peut donc le dire, sans risque de se tromper, qui du Pape a besoin à Rome s’en va, qui de sécurité a besoin en Afrique à Paris s’en va.

L’Afrique sur les chemins problématiques d’un développement incertain a passé le plus clair de son temps à tendre la main et à quêter la charité internationale. L’Afrique, pour la question essentielle de sa sécurité, est sommée de venir chercher des recettes et garanties, loin de ses frontières, plus précisément dans la capitale française. Dans ces conditions, sommes-nous encore indépendants ? L’avons-nous jamais été ?  Les Anglo-Saxons diront : That’s the question.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité