Le mot d’ordre de grève de protestation de 72 heures, lancé par le Bureau exécutif de l’Union Nationale des Magistrats du Bénin (Unamab), au cours de son Assemblée générale du mardi 18 juin dernier, a été largement suivi.
C’est du moins, le constat que nous avons effectué, hier, dans les Tribunaux de première Instance de Cotonou, d’Abomey-Calavi, de Porto-Novo et d’Abomey. La justice béninoise était quasiment paralysée.
Les salles d’audience étaient vides, des instructions étaient reportées, les bureaux des juges des neuf (09) cabinets d’instruction du tribunal de Cotonou et ceux des juges des quatre (04) cabinets d’instruction du tribunal d’Abomey-Calavi étaient hermétiquement fermés.
Les substituts des procureurs étaient absents. Les justiciables, livrés à leur propre sort, trainaient sur les bancs, dans les couloirs de la justice. C’est un peu l’image qu’a donné la première journée de la grève de 72 heures, lancée par les magistrats, dans les Tribunaux de première Instance de Cotonou, d’Abomey-Calavi où nous nous sommes déplacés, et dans les tribunaux de première instance de Porto-Novo et d’Abomey d’où nous avons reçu les échos.
On pouvait tout de même noter la présence à leur poste des greffiers, qui ne sont en aucun cas concernés par ce mouvement de grève. Ceux-ci se contentaient juste de gérer les affaires courantes, qui n’avaient pas besoin d’une intervention de magistrats. Mais cela était de loin insuffisant et évitait, à peine, les dommages aux usagers qui avaient besoin de certaines pièces pour des dossiers à fournir.
C’est le cas de certaines personnes qui avaient besoin de retirer leur Certificat de nationalité ou leur fiche de casier judiciaire. «Il y en a qui préparent leur dossier pour un concours récemment lancé. Mais, ils se sont vus bloqués par cette grève. Ils s’en prennent à nous, mais nous sommes obligés de leur expliquer que certaines pièces ne sauraient être légalisées sans la signature d’un magistrat», nous a soufflé Désirée Allou Tossounon-Zakari, Greffier en chef du Tribunal de première instance d’Abomey-Calavi. Elle a, par ailleurs, souhaité qu’un terrain d’entente soit trouvé, au plus vite, entre le gouvernement et les magistrats, afin que les peines des justiciables soient soulagées.
Mais déjà, nous pouvons noter que l’horizon que dégage cette situation est plutôt sombre et nuageux. La grève prend fin demain ; mais dès le vendredi, c’est à dire après-demain, les magistrats se retrouveront une fois encore en Assemblée générale, avec possibilité de reconduction du mouvement de grève.