Fatigués d’être tournés en bourrique quant à la satisfaction de leurs revendications, notamment d’ordre salarial, les travailleurs des services d’assistance aéroportuaire, qui ont tenu un point de presse hier à la Bourse du travail, sont sur le pied de guerre.
Ils ne veulent pas être, demain, comptables par leur silence. Hier, lundi 3 juin 2013, les travailleurs des services d’assistance aéroportuaire réunis au sein de leur syndicat (Syntrasaa) ont tenu un point de presse à la Bourse du travail. Ceci pour dénoncer un certain nombre de choses relatives aux conditions de concession de la défunte Air Afrique, qui a transité par le syndic et le Cogaa (Comité de gestion de l’assistance en escale des avions), à la société privée Ahs-Bénin. Les dénonciations des travailleurs de la plateforme aéroportuaire sont également relatives à leur traitement salarial actuel.
Marché de dupes
Après la faillite de la multinationale Air Afrique en 2002, l’Etat béninois a logiquement, à l’image des autres Etats membres de la compagnie panafricaine, pris la relève en mettant en place une structure nationale (Cogaa) à partir d’un syndic, avec pour perspective de céder le marché à un opérateur privé. Chose effective depuis le 1er décembre 2004. Mais, selon le Secrétaire général du syndicat des travailleurs des services d’assistance aéroportuaire (Syntrasaa), Jean Eude Noumahoukou, la concession du marché à l’opérateur privé, Ahs-Bénin, a été un véritable marché de dupes. En effet, à en croire les travailleurs, les engagements pris par l’opérateur privé, par l’intermédiaire du sieur Pierre Agbogba, actuellement Pca, qui disaient que «les acquis des travailleurs seront préservés et ils - les travailleurs - seront tous repris», n’ont pas été respectés. Aussi, les dispositions de l’article 60 du Code du travail qui prévoit que «tous les contrats de travail en cours au jour de cette modification, subsistent entre l’employeur et le personnel de l’entreprise» et que «le règlement de la situation des travailleurs lors d’une transaction de cession ou autres, devra se faire sous l’égide de l’Inspection du travail et sanctionné par un protocole d’accord signé par toutes les parties», ont été violées. Pis, les travailleurs de la défunte Air Afrique qui avaient successivement été conservés par le syndic et le Cogaa ont, avec Ahs-Bénin, tous été soumis à une période d’essai, contrairement à la décision du Directeur général du travail d’alors, Jule Oni, et ont été, à la fin de la période d’essai qui a été renouvelée, jugés mauvais.
Mauvais traitements
Les travailleurs des services d’assistance aéroportuaire ont également, lors de leur point de presse, dénoncé les mauvais traitements qu’ils subissent. Selon les dires du Sg du Syntrasaa, depuis la concession du marché à Ahs-Bénin, les travailleurs sont «lésés». Leur traitement salarial, autrefois amélioré par le syndic et Cogaa suivant le coût de la vie, a été revu à la baisse et «ceux qui pouvaient potentiellement être hostiles à la concession» ont été remerciés. Ces mauvais traitements font, depuis 2005, selon les travailleurs qui disent solliciter sans succès une audience avec le Président de la République, objet de revendication des travailleurs. Revendication non encore satisfaite à ce jour, malgré l’ouverture des travailleurs au dialogue. Exacerbés par la situation, ces derniers avaient lancé un mot d’ordre de grève le 26 janvier dernier avant d’être appelés à la table de négociation, soldée par un échec. Et depuis plus rien. Aucune proposition n’a été faite par rapport aux revendications des travailleurs. Et ils sont tournés en bourriques par la Direction générale. «Depuis la tentative de manifester qui nous a valu des récriminations, rien», a fait remarquer Paul Essè Iko dont la Confédération syndicale (Cstb) était à la table de négociation. «Nous avons longtemps négocié (sous la médiation de la Direction générale du travail, avec la Direction générale de Ahs-Bénin)», a-t-il ajouté en prévenant : «nous envisageons désormais utiliser notre droit constitutionnel», la grève.
Il y a une bombe sur la plateforme aéroportuaire et l’alerte vient ainsi d’être donnée, il appartient donc à qui de droit de jouer sa partition pour qu’elle n’explose.