Mali : Kidal, la nouvelle guerre

Au Mali, la guerre contre le terrorisme entamée en janvier dernier, prend une autre tournure. Alors que le pays commençait à retrouver son intégrité territoriale et la paix, c’est Kidal la nouvelle attraction. C’est ici que se mènera la nouvelle guerre.

Celle qui opposera le Mnla à l’armée malienne, et peut-être aussi aux djihadistes isolés en quête de vengeance contre les amis de «l’ennemi» français.

L’armée malienne a lancé hier l’assaut contre Kidal, le fief du Mnla et berceau de la rébellion touarègue. Selon l’Afp, elle a lancé plusieurs colonnes de militaires contre la ville « bleue ». Ils sont donc en route pour Kidal avec escale à Anéfis, située à 200km au sud.  Selon le porte-parole de l’armée, il s’agit de «quatre groupements tactiques inter-armes» mobilisés pour resserrer l’étau autour de Kidal. Ceci vient corroborer les propos tenus lundi par Tiéman Coulibaly, le ministre malien des Affaires Etrangères qui disait que «l’armée va marcher sur Kidal», fustigeant au passage les exactions contre les «noirs» dans cette ville. Depuis le début de la guerre au Mali, les autorités du Mnla ont refusé l’accès de la ville à l’armée et à l’administration maliennes. Seule l’armée française a pu entrer dans cette ville grâce aux éclairages de ce mouvement. Depuis elle (l’armée française) est devenue une partenaire du Mnla dont elle a pris parfois la défense des intérêts. Au fil des jours, le Mnla a voulu transformer Kidal en une république à part, qui s’oppose à l’autorité de Bamako. Ici, l’armée mais aussi l’administration malienne, ne sont pas les bienvenues. Ce dernier assaut permettra à l’Etat malien de retrouver sa légitimité sur une ville qui filait entre les doigts de l’Etat. Les combats risquent d’être rudes et sanglants entre les soldats de l’armée malienne et les rebelles du Mnla qui, en plus du fait qu’ils maîtrisent le terrain, voudront âprement défendre leur ville. Tous, ils sont hostiles au gouvernement malien pour lequel ils vouent une haine inextinguible aussi vieille que les indépendances du pays. Les heurts risquent donc d’être très violents. Kidal pourrait être aussi secouée par des djihadistes en quête de vengeance.

L’avant-goût de ce qui pourrait être un plan orchestré contre le Mnla, a été donné hier mardi par un kamikaze qui a voulu s’en prendre à un responsable du mouvement. Mais, très tôt signalé, il n’a pu aller au bout de ses intentions. Les djihadistes apprécient mal le fait que le Mnla soit accoquiné avec l’armée française prise par eux comme l’ennemie. Kidal sera sous les feux de la rampe. En guerre contre le Mali, mais aussi contre l’ennemi invisible et imprévisible de toujours. Ça risque d’être un véritable bourbier.