La salle de conférence du ministère de la Communication a servi de cadre, jeudi, à une conférence publique sur les enjeux et perspectives de la participation du Bénin à la Misma.
C’est dans le cadre du 2ème rendez-vous médiatique des Forces de Défense et de Sécurité.
La grande muette délie enfin sa langue sur la participation béninoise à la Mission internationale de soutien au Mali (Misma). Jeudi, lors d’une conférence publique organisée par le réseau des journalistes spécialistes des questions de défense et de sécurité (Rejo/Qds) autour du thème : «Participation du Bénin à la Misma : enjeux et perspectives», le Haut commandement militaire, avec à sa tête le Chef d’Etat-major, le Contre Amiral Denis Hounsou Gbèssèmèhlan, a tout livré sur cette mission malienne dans laquelle «le Bénin est monté en puissance». Si des zones d’ombre existaient quant à ce que le Bénin gagne dans cette mission pleine de risques, ces dernières sont désormais dissipées. En effet, à en croire le porte-parole des forces armées béninoises, le Lieutenant Colonel Didier Ahouanvoedo, la participation du Bénin à la Misma, à travers le déploiement d’un contingent de 306 personnes, a beaucoup de retombées. Et cela sur différents plans.
Le militaire et le diplomatique
Au plan militaire, l’envoi des deux compagnies motorisées de 150 personnes chacune, à Bamako et à Sévaré, a permis l’acquisition de matériels neufs, l’interopérabilité et la normalisation des troupes, notamment dans cette guerre asymétrique où l’ennemi est pratiquement inidentifiable et surtout en zones montagneuses et désertiques. Cette participation a permis également, selon le Lieutenant Colonel Ahouanvoedo, la capitalisation et le partage d’expériences des Forces de Défense et de Sécurité béninoises. Aussi permet-elle de définir la stratégie globale de lutte contre le terrorisme sous toutes ses formes, de mettre en posture de veille opérationnelle permanente les hommes, et la mise en place d’une cellule de veille stratégique pour la collecte, l’analyse et la diffusion de données, en vue de conforter le processus décisionnel. Si «le Mali est une épreuve militaire, c’est aussi une épreuve diplomatique». La participation de notre pays à la Misma permet son rayonnement diplomatique. Avec un effectif total de 1022 éléments sur trois théâtres (le Mali, la Côte-d’Ivoire et le Congo), «le Bénin est le 23ème pays contributeur aux missions de maintien de paix». Et de par cette position, «le Bénin est souvent consulté» sur les questions relatives aux opérations de paix.
Le financier et le social
Les matériels militaires engagés dans l’expédition malienne, génèrent, dans le cadre du contrat «wet lease» entre le Bénin et l’Onu, des ressources pour les finances publiques nationales, et offrent des opportunités d’affaires aux opérateurs économiques. Par exemple pour l’année 2012, le Bénin a encaissé plus de 9 milliards Fcfa de remboursement de matériels. La participation béninoise à la Misma contribue au plan social à l’amélioration sensible du niveau de vie des soldats. Un soldat, à la fin d’une mission à l’extérieur qui dure 6 mois, touche un montant de 2.400.000Fcfa. «Cela équivaut à deux chambres et un salon», selon le jargon militaire.
Quels sont les critères de choix des bénéficiaires «des chambres et un salon» ? «Le choix des bénéficiaires se fait en fonction des besoins et des profils», a fait savoir le porte-parole de l’Armée béninoise qui assure également la sécurité des hommes envoyés sur le front. «Les hommes envoyés sur le terrain ont suivi des formations données par deux pays experts, la France et les Etats-Unis», a affirmé le Lieutenant Colonel Ahouanvoedo.
Menace djihadiste
A partir du 1er juillet 2013, la Misma passera sous mandat onusien et deviendra Minusma. Et le Bénin y prendra encore une part active avec un contingent d’environ 400 hommes, pour assurer la protection des personnalités de l’Onu, des installations et des équipements à l’aéroport de Bamako. Toutes choses qui font peser des menaces djihadistes sur le Bénin, à l’instar de tous les pays participants. «Mais des dispositions sont prises par le Haut commandement militaire pour garantir la sécurité au niveau national», rassure le Contre Amiral Denis Hounsou Gbèssèmèhlan qui lance un appel à la population. «Pour combattre les terroristes, nous avons besoin de tout le monde», fait-il remarquer, précisant que chacun doit avoir l’œil sur tout, en dénonçant les comportements et les personnes suspectes autour de lui.