Explications à propos de la révision de la constitution au Bénin : Une agitation « de trop », par Amos Elègbè

Après une longue absence du devant de la scène politique, on peut dire que le Conseiller spécial aux affaires politiques de Boni Yayi a choisi le bon moment pour réapparaître, mardi dernier sur le plateau du journal télévisé de 20 heures de l’Ortb.

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 Mais, il a également raté une bonne occasion de se taire, car ses arguments super-légers n’ont rien apporté de nouveau, si ce n’est de jeter la pierre à d’autres acteurs de la classe politique.

Fidèle à sa réputation de chercheur de bouc émissaire dans les dossiers à polémique, le régime Yayi vient une fois encore de s’illustrer, de façon spectaculaire. A en croire le Conseiller spécial aux affaires politiques de Boni Yayi, l’idée de révision de la constitution du 11 décembre 1990, serait une clause d’un accord politique signé entre le Chef de l’Etat, alors candidat au second tour de la présidentielle de 2006, et l’Alliance pour un Bénin Nouveau (Abn), composée, en son temps, du Psd, de la Rb et du Madep. Cet accord signé le 17 mars 2006, entre le candidat Yayi et ce groupe politique qui avait décidé de le soutenir, aurait prévu en son troisième engagement, de « mettre en chantier la Liste électorale permanente informatisée (Lepi), mettre intégralement en application les lois sur la décentralisation et la déconcentration et, troisième point, évaluer la constitution du 11 décembre 1990 ». Mais, ce que Amos Elègbè a oublié d’ajouter, c’est que cet accord a été, depuis 2007, galvaudé et trainé dans la boue du non-respect de la parole donnée, lorsque Yayi a choisi d’écarter ces différents partis de son gouvernement. En indexant de cette façon les forces politiques béninoises, les accusant d’avoir initié la révision de la constitution, le Conseiller du Chef de l’Etat a largement affiché ses limites. Il a montré combien de fois le gouvernement manque aujourd’hui d’arguments probants pour appuyer son projet, si urgent, de révision. Sinon que ceux avancés par Elègbè n’avaient convaincu personne.

Lire : Quatre questions à Amos Elègbè

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Ce qui préoccupe aujourd’hui les Béninois est bien loin des motivations de celui qui a initié, ou non, ce projet de révision de la constitution. Le peuple s’inquiète plutôt de la nature de la révision qu’on pourra lui imposer, après une Lepi désastreuse dont il continue de drainer les séquelles. Sachant qu’une révision constitutionnelle de la même facture que cette Lepi serait une inévitable brèche vers un chaos autour de la démocratie.

Mieux, le gouvernement ne saurait se cacher derrière un accord politique, quel qu’il soit, pour engager une quelconque révision, d’autant plus qu’il est suffisamment responsable, ou du moins c’est ce que nous croyons, pour assumer ses propres réformes. Par ailleurs, le troisième engagement de l’accord du 17 mars 2006, n’a-t-il pas prévu d’autres réformes, telles que l’intégrale mise en application des lois sur la décentralisation et la déconcentration, puis la confection de la Lepi ? Pourquoi se précipite-t-on  alors, lorsqu’il s’agit de réviser la constitution, et traine-t-on les pas quand il est question de corriger la Lepi et de faire un transfert de compétences digne du nom, aux communes ? Qu’est-ce qui rend aujourd’hui si urgente  une révision de la constitution, alors que les élections communales sont à l’agonie, faute d’une Lepi crédible ? Voilà autant de questions auxquelles le Conseiller du Chef de l’Etat aurait pu apporter des réponses, si tant est qu’il avait le souci de convaincre les Béninois. Inutile d’affirmer qu’Amos Elegbe a fait un come-back chaotique, en décidant de monter au créneau, pour apporter un autre son de cloche par rapport au projet de la révision de la constitution.

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