Le projet de révision de la Constitution, tel qu’agité actuellement par le gouvernement béninois, ne convainc pas l’opinion publique nationale. D’aucuns suspectent, à travers cette réforme, une volonté de Boni Yayi de briguer un troisième mandat.
Si l’homme a, à plusieurs reprises, juré sa volonté de se conformer à l’article 42 de la Constitution, il n’est tout de même pas exclu l’hypothèse de la fondation d’une Nouvelle République qui pourrait remettre à zéro le compteur des mandats présidentiels.
Boni Yayi veut bel et bien d’une «Nouvelle République». La volonté du Président Boni Yayi de fonder une Nouvelle République ne date pas d’aujourd’hui. Elle remonte à la période même de son premier mandat.
C’est lors de la déclaration de sa candidature pour briguer un second mandat, que le thème «Nouvelle République» a été, pour la première fois, publiquement prononcé. On se rappelle, c’était le 29 janvier 2011 au Stade de l’Amitié de Kouhounou.
Dans son discours prononcé ce jour-là, le Chef de l’Etat a déclaré ceci : «Ma vision appelle la refondation de la République sur laquelle j’engagerai de grandes réflexions, avec toutes les composantes de la Nation, une Nouvelle République dans laquelle les pouvoirs s’équilibrent et les institutions convergent dans leurs efforts vers la satisfaction des besoins essentiels du peuple. Cette Nouvelle République qui opte de façon déterminée pour la prospérité, l’émergence économique et le perfectionnement intellectuel et moral de ses fils. Ma conviction est que la Nouvelle République fera germer la Nation émergente qui constitue notre rêve». Voilà qui est clair. Et comme on peut aisément le constater, l’expression «Nouvelle République» est revenu trois fois, en trois phrases de suite.
Pas plus tard que jeudi dernier, sur les ondes d’Africa N°1, la radio africaine, Me Joseph Djogbénou, se prononçant sur le projet de la révision de la Constitution au Bénin, a essayé de démontrer à travers des arguments plutôt logiques, que cette révision cache une forme d’accession à une Nouvelle République. Selon lui, l’initiative du vote populaire, désormais proposée à l’article 4 du nouveau projet de Constitution, est une façon inavouée de toucher au régime présidentiel. En d’autres termes, une subtile manière de foncer droit vers une Nouvelle République, sans pour autant en donner l’air.
Rassurer à tout prix…le peuple
On ne le dira jamais assez, ce n’est pas la révision de la Constitution en elle-même qui pose problème au sein du peuple. Ce que redoute le peuple, c’est le fait qu’on l’embarque éventuellement dans un projet révisionniste opportuniste, avec en arrière-plan une ambition de briguer un troisième, voire un quatrième mandat.
Le cas Abdoulaye Wade fait tache d’huile et empêche d’accorder à Boni Yayi, ne serait-ce que le bénéfice du doute. Pour lever toute équivoque, le gouvernement doit s’expliquer sur sa notion de «Nouvelle République» et convaincre l’opinion publique. Introduire, si possible et de façon claire, dans le nouveau projet de loi, les critères qui définissent la fondation d’une Nouvelle République, afin que tous les Béninois soient fixés sur la question. (Lire ci-dessous un extrait du discours qui parle de Nouvelle République).
Extrait du discours de candidature du 29 janvier 2011
« ...La révision de la Constitution est envisagée dans le sens du renforcement de l’Etat de droit et des bases légales de notre système démocratique, en vue d’instituer un Etat plus juste, équitable, fondé sur le respect des libertés démocratiques et sur les valeurs citoyennes en même temps qu’elle valorise une plus grande participation des populations au processus de prise de décision notamment dans l’élaboration des normes législatives. Elle renforcera les attributs des institutions de contre-pouvoir en offrant la possibilité de conduire un train de réformes en vue d’une meilleure gouvernance des affaires démocratiques, politiques et sociales.
Ma vision appelle la refondation de la République sur laquelle j’engagerai de grandes réflexions avec toutes les composantes de la Nation, une Nouvelle République, dans laquelle les pouvoirs s’équilibrent et les institutions convergent dans leurs efforts vers la satisfaction des besoins essentiels du peuple. Cette Nouvelle République qui opte de façon déterminée pour la prospérité, l’émergence économique et le perfectionnement intellectuel et moral de ses fils.
Ma conviction est que la Nouvelle République fera germer la Nation émergente qui constitue notre rêve. Car, il s’agit de l’approfondissement du processus du changement que nous avons déclenché en 2006»