Conflit de génération dans le secteur de la musique : «Quand ils vont disparaître, la musique aussi va disparaître»

La musique traditionnelle béninoise regorge de nouveaux talents qui, malheureusement, n’ont pas les coudées franches dans une corporation de conflits, encore dans le “noir’’.

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Le conflit de génération se trouve être, depuis des lustres, un mal qui ronge la musique traditionnelle au Bénin. Et ce, en ce sens qu’il ne permet pas l’émergence d’autres talents, pour le bonheur du secteur. Celui de la musique traditionnelle, où tout est traditionnel de ce côté. Où les relations sont plus marquées par la haine que l’amour. Dans ce milieu, où les affres de conflit de générations deviennent plus inquiétants, lorsqu’on sait qu’au-delà des quelques cas connus du peuple, la majorité des pratiques liées aux conflits se passent dans le monde “noir’’. «Au niveau de la musique traditionnelle, il y a un phénomène qui n’est pas visible. […] Dans ce secteur, ce sont tous les éléments négatifs qui interviennent», reconnaît Jean-Pierre Hountin-Kiki. Il est le Président de l’Association nationale des compositeurs, chanteurs traditionnels du Bénin (Acctb) et aussi Président de la Fédération des associations de musiciens traditionnels du Bénin. C’était à l’occasion de son passage sur Radio Planète, dans l’émission «Sociétal» du mercredi 10 Juillet 2013. L Il déplore la pratique et confie que «les musiciens traditionnels qui ont pu s’imposer sur l‘échiquier national, et qui sont connus, à 90 %, ne veulent pas permettre aux jeunes artistes d’émerger.» A ses dires, c’est l’un des champs de bataille de ces structures qu’il dirige. A l’en croire, des démarches sont menées, et continuent d’ailleurs, vers les ténors des anciennes générations, pour qu’ils comprennent qu’il y a plus à gagner en laissant la nouvelle génération s’exprimer, que de l’étouffer. «Je leur dit …, s’ils ne préparent pas la relève, quand ils vont disparaître, la musique aussi va disparaître», rapporte JeanPierre Hountin-Kiki. Pour lui, il y a une politique qu’il appelle «C’est moi ou rien», qui règne dans la corporation. Du coup, la relève n’est pas assurée. Ou du moins, les conditions ne sont pas réunies ou favorables, pour que cette relève prenne place. Ainsi, la musique traditionnelle béninoise coure le risque de mourir pour faute de “renouvellement’’. Cette ancienne génération, d’après les explications de Jean-Pierre Hountin-Kiki, se décompose en deux. Celle, la plus vielle, et une plus jeune. A ses dires, la première est consciente de ce qu’on peut déjà qualifier de drame, et est acquise pour le droit d’expression des jeunes. Mais, la seconde reste toujours solitaire. «La génération qui suit, est restée un peu fermée, simplement parce que c’est cette génération qui a le vent en poupe maintenant.» Au sein de cette catégorie d’anciens, le Président de la Fédération des associations de musiciens traditionnels du Bénin, note «une volonté manifeste d’étouffer la génération montante.» «Car, il y a la crainte de perdre sa place.» Déduit-il. «Mais, le moment viendra…» a-t-il rassuré.

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