Le concept du «mercredi rouge» initié par le mouvement Alternative Citoyenne, pour protester contre la révision de la Constitution et les dérives du régime Yayi, a été timidement suivi par les citoyens hier mercredi.
« Demain c’est le mercredi rouge. Si tu es contre la révision de notre Constitution, su tu es du même avis que Me Djogbénou, que les syndicalistes, que tant d’hommes, alors mets une couleur rouge dans ton habillement de demain (Cravate, chaussure, montre, cache-col, habit, pantalon, boucle d’oreille). Qu’il y est quand même du rouge…» «Tout le monde en rouge (…) aujourd’hui pour dire non à la révision de la Constitution. Passe le message autour de toi. Toi aussi tu es concerné par cette affaire.» Ce sont là les sms reçus par certains citoyens, le premier dans la nuit du mardi au mercredi, et le second dans la journée d’hier mercredi. Ils visent à les informer sur le concept du «mercredi rouge» et son objectif. Le «mercredi rouge» est une initiative du mouvement de défense des Droits de l’Homme Alternative Citoyenne, qui regroupe, entre autres, des leaders d’opinion comme le professeur Joseph Djogbénou, Joel Atayi Guedegbé, Ordain Aladatin et Urbain Amegbédji, et l’ancien ministre de la Communication du Président Kérékou, Gaston Zossou. Il s’agit pour le Béninois, d’avoir une couleur rouge dans son habillement chaque mercredi. Et ce, en signe de protestation pacifique contre les dérives du régime Yayi et son projet de révision non-consensuelle de la Constitution du 11 décembre 1990.
Un premier «mercredi rouge» très peu suivi
Hier, 17 juillet 2013, était le tout premier «mercredi rouge». Mais, le constat général est que le mouvement a été très peu suivi. Indifférence, refus, ignorance du concept même. C’est ce qui a été noté au niveau des citoyens par notre équipe de reportage qui a sillonnée Calavi et Cotonou. Le même constat a été fait à Porto-Novo par des sources sur place. Cette timidité s’explique par le défaut de communication autour de l’initiative. Pour le moment, Il n’y pas eu de véritables actions de sensibilisation et de mobilisation sur le concept «mercredi rouge». A part bien entendu les sms, quelques interviews (presse écrite et radios) et quelques publications sur facebook. Dans une interview accordée à La Nouvelle Tribune (Entretien avec Me Joseph Djogbénou sur le concept «les mercredis rouges» : Chacun de nous est la solution pour empêcher cette révision de la constitution), le Professeur Joseph Djogbénou avait déjà souligné que ses camarades de lutte et lui ne s’attendaient pas à ce que le mouvement soit entièrement suivi ce tout premier «mercredi rouge». «Cela ira sans doute de façon progressive. On n’attend pas que ce mercredi, tout le peuple béninois se mette en rouge. Mais, de façon progressive, que nous créions ce phénomène de mode-là. Nous pouvons aller au travail dans cette tenue, nous pouvons aller au culte dans cette tenue, nous pouvons vaquer à nos loisirs dans cette tenue. Il suffit juste que nous mettions du rouge, une fois par semaine, les mercredis. C’est une manière de consacrer une journée à la République et de dire ce que nous pensons», avait déclaré Joseph Djogbénou. A tous les citoyens du Bénin, rendez-vous donc mercredi 24 juillet prochain, pour un mercredi plus rouge que celui d’hier.
Impressions de quelques citoyens
Bernice : «J’ai été informé ce matin, mais je ne suis pas contre la révision de la Constitution. Je pense juste qu’il faut une adhésion totale de toutes les forces vives de la Nation au projet de révision. Ce qui n’est pas fait.»
Dame H : En banderole rouge «Je ne sais rien du mercredi rouge, c’est mon président (association) qui distribuait les banderoles, moi j’ai juste porté.»
Bruno, Matelassier : «Le pays va mal, il y a la hausse des prix. Il ne peut pas toucher la Constitution pour revenir, j’ai entendu l’appel à la mobilisation, c’est pourquoi je suis en rouge.»
Modeste Zossou : «On a reçu le message par les médias et les réseaux sociaux, alors en bon citoyen je suis en rouge pour montrer que je suis contre la révision de la Constitution.»
Nadine : «Je ne sais rien du mercredi rouge et je suis indifférente à la révision de la Constitution.»
Roger : «Je ne sais rien du mercredi rouge, je porte du rouge par pure coïncidence. Je ne suis pas Béninois, je n’ai pas d’opinion sur la révision de la Constitution.»
Eunice : «C’est ce matin qu’une amie m’a informée par message, mais j’étais déjà habillée, donc ma ceinture rouge est une coïncidence.»
Arouna : «Je suis pour la révision de la Constitution, car la Constitution elle-même a prévu les modalités de sa révision. Ce sont les journalistes et les opposants qui cherchent des problèmes là où il n’y en a pas.»
Réalisation : Fréjus Sehlouan et Rahamatou Akobi (Stags)
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