Quand André Dassoundo franchit le rubicon de l’éthique en politique

L’ancien député André Dassoundo, qui critiquait sévèrement, il y a quelques années, Boni Yayi, est devenu désormais l’un des propagandistes de ce dernier. Il s’échine à montrer qu’il est passé de pourfendeur à laudateur.  Et met éthique et principes entre parenthèses.

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Les hommes politiques béninois ne cesseront jamais de surprendre, négativement bien entendu, les observateurs de la vie publique du pays. Après avoir, contre toute attente, fait allégeance à Boni Yayi, le samedi 08 juin dernier, l’honorable André Dassoundo est devenu chantre de la Refondation. Une Refondation qu’il avait pourtant attaquée à la veille des élections présidentielles de 2011, lorsqu’il était Directeur de campagne du candidat Abt (Abdoualye Bio Tchané).   L’ancien premier Vice-président de l’Assemblée Nationale (5ème législature) a, en effet, organisé en début de semaine, dans sa localité à Dassa, une rencontre d’échange avec ses militants. Sur les images de cette rencontre, diffusées par la télévision nationale (Ortb), on voyait l’ancien pourfendeur de Boni Yayi expliquer dans sa langue, le Idaatcha, et en Français, le bien-fondé du Ramu (Régime d’Assurance Maladie Universelle) et le projet de révision de la Constitution. Et concernant le projet de révision de la Constitution, il a récité la leçon qu’ont apprise tous les pro-Yayi à ce propos. La nécessité de réviser la Constitution pour constitutionnaliser la Cena, créer la Cour des Comptes, et inscrire dans la Constitution l’imprescriptibilité des crimes économiques.

La transhumance est devenue une norme acceptée par la classe politique béninoise. Mais, certains téléspectateurs de la télévision nationale, qui ont suivi cet élément dans la soirée d’hier, sont sans doute tombés des nues. Il y a de quoi, si on tient compte du fait que  l’ancien Directeur de campagne de Bio Tchané a passé du temps à jeter l’anathème sur Boni Yayi, à la veille des élections de 2011. Un regroupement de mouvements de jeunes de la mouvance présidentielle de Dassa, décrit mieux cette situation dans une lettre ouverte qu’il a adressée au Président de la République, le 05 juillet dernier. Rappelant ses critiques sévères vis-à-vis de Yayi, ces jeunes décrivent Dassoundo comme «le Dr légiste de circonstance, qui n’a pas reconnu le corps retrouvé de Dangnivo, et qui vous a demandé de remettre ce dernier vivant ou mort à sa famille, cet homme qui vous a donné le carton rouge, cet homme qui vous a blâmé, cet homme qui a signé votre renvoi devant la Haute Cour de Justice, cet homme qui a pu dire tout ce que ABT n’osera jamais dire sur vous.»

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En devenant donc chantre du Ramu et de la révision de la Constitution, André Dassoundo ne fait que forcer l’amitié de Boni Yayi. Encore que son arrivée dans la majorité présidentielle n’a pas été du goût de l’autre aile pro-Yayi de Dassa, dirigée par le Député Nicaise Fagnon. On peut donc dire qu’André Dassoundo est dans la dynamique de prouver au Chef de l’Etat qu’il est passé de pourfendeur à laudateur du Changement, devenu Refondation. Pour qui veut être actuellement dans les bonnes grâces du chef, le Ramu et surtout la révision de la Constitution sont les bon gris-gris du moment pour réussir ce coup. Et Dassoundo n’est d’ailleurs pas le seul dans ce cas. Sur ce coup, les hommes politiques béninois ont déjà tué l’éthique en politique. Il faut oser le dire.

 

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