Broussaille touffue abritant des reptiles de tout genre et des ordures, sur un site érodé. C’est le pathétique décor du lieu qui a servi de cadre à l’historique discours d’Indépendance du Dahomey, actuel Bénin, prononcé par Hubert K. Maga, premier Président à l’ère de la souveraineté. La place de l’Indépendance du Bénin.
Au milieu de la broussaille, le monument érigé, faute d’entretien, s’use et offre un air de tristesse, signe de l’échec des politiques culturelles, s’il y en a eues, depuis 1960 jusqu’au régime du Changement devenu Refondation. Signe d’une honte nationale qui couve sous le pouvoir actuel.
Symbole hautement historique, la Place de l’Indépendance du Bénin, située au quartier Avakpa à Porto-Novo, la capitale du pays, végète dans une insolente décrépitude. Malgré les reportages de la Presse béninoise, qui ne cesse d’alerter le pouvoir en place sur le mauvais traitement qui est fait à ce lieu, c’est toujours le silence Radio. Les présidents Hubert Maga, Sourou Migan Apithy et Justin Tomètin Ahomadégbé, principaux acteurs de l’avènement de l’Indépendance dahoméenne, devraient déjà se retourner, à maintes reprises, dans leurs tombes. Ceux-ci, si possibilité leur était offerte, seraient revenus crier honte aux dirigeants actuels qui n’ont ni d’yeux pour voir, ni d’ouïe pour entendre les déboires des Béninois à ce propos.
53 ans d’indépendance, avons-nous fêté au 1er Août 2013. Sans être dramaturge, le constat est que la dose de fierté des Béninois à s’afficher comme telle, s’émousse de jours en jours. Entre les discours démagogiques de développement culturel prononcés et les actions posées, le fossé est grand. En lieu et place de l’émergence culturelle, du Dahomey indépendant au Bénin, on fonce dans l’abime de l’immersion culturelle.
Une richesse abandonnée
A l’image de la Place de l’Indépendance du Bénin, la Place de la Bastille en France est le symbole de la Liberté, de la victoire du peuple sur les pouvoirs tyranniques. Ironie du sort n’est-ce pas, quand on sait que le dominateur dont s’est affranchie le Dahomey, actuel Bénin, est La France. Mais là n’est point la question. Ce cas permet de constater que la Place de l’indépendance est une richesse abandonnée. La Place de la Bastille, contrairement au mauvais traitement dont fait objet la Place de l’Indépendance au Bénin, est un site attractif qui accueille, chaque année, de nombreuses expositions, reçoit des touristes des quatre coins du monde, lieu de rendez-vous de manifestions artistiques et culturelles. Autant d’activités qui, non seulement sont des opportunités d’affaires pour les artistes français, mais aussi pour le pays dont le tourisme en sort ragaillardi.
Le gouvernement de la Refondation gagnerait à valoriser ce lieu historique qui fait partie du patrimoine culturel matériel du Bénin, si tant est que le développement du tourisme, interne comme étranger, occupe une place de choix dans sa politique. Se serait aussi un moyen de corriger tout le tort qui est causé à Porto-Novo, cité des Ayinonvis et capitale politique du Bénin, qui attend de se voir doter du nécessaire qu’il lui faut pour répondre à son statut de Capitale.
Le silence inquiétant des témoins de l’Histoire
La décrépitude avancée de cette place symbolique du Dahomey, actuel Bénin libre, se passe sous le regard impuissant des témoins de l’Histoire, grands intellectuels béninois dont la renommé résonne partout ailleurs sur le globe. De grands historiens de ce pays, qui de par leur silence inquiétant face à cette irresponsabilité du pouvoir actuel à réhabiliter cet espace historique, en sont complices, est-on tenté de dire. Les députés à l’Assemblée Nationale, peuvent-ils se targuer de leur honorabilité, pendant que l’espace qui a servi de cadre à l’avènement de l’Indépendance, qui a consacré leur existence, est dans un état de pourriture, à quelques encablures de leur siège? L’histoire et les jeunes générations attendent d’eux la réponse.
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