Yayi rate une occasion d’engager le Dialogue national

Le Bénin traverse une période de fortes tensions, de divisions ouvertes et de malaise sociopolitique et économique profond. C’est l’avis de la Conférence Episcopale du Bénin, que le Chef de l’Etat lui-même ne dément pas. Dans la lettre qu’il a adressée à la Conférence Episcopale du Bénin, en réponse à l’analyse-diagnostic de celle-ci sur la situation actuelle que traverse le pays,

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le Président Boni Yayi l’a reconnu en ces termes : «cet état de malaise est réel, mais il ne saurait être imputé à un régime, ni encore moins à un individu, fût-il le Président de la République».

Loin d’imputer la responsabilité de ce malaise à telle ou telle autre partie, le message de l’Eglise Catholique, qui n’était rien d’autre que le reflet de la clameur quotidienne du Peuple, toutes  tendances confondues, avait pour principale vocation de lancer un appel pressant à l’engagement d’un Dialogue national et à la restauration urgente de la confiance entre le Peuple et ses mandants. Ainsi donc, pouvait-on lire dans ce message de l’église : «Pressés par le devoir de vérité dans la charité, et au regard des événements et mouvements en cours, nous venons à présent lancer, à chaque fille et fils de ce pays, aux acteurs politiques et responsables de la Société Civile, et de manière particulière au tout nouveau gouvernement qui vient d’être formé, un appel pressant au dialogue, à la paix, à la confiance réciproque en vue de la cohésion nationale».

Pour qui connaît le rôle fondamental et subtil qu’a joué et que continue de jouer le Clergé béninois dans l’enracinement de la culture démocratique, il s’agit là d’une main tendue de l’Eglise Catholique au Chef de l’Etat. Un bâton que tend la Conférence Episcopale, afin d’aider Boni Yayi à engager un Dialogue national, qu’il a du mal à instaurer.

Au nom de la crédibilité et de la place de choix que le Peuple Béninois tout entier accorde à l’Eglise Catholique, surtout pour son rôle de médiateur joué lors de l’historique Conférence Nationale des Forces Vives de la Nation, Boni Yayi aurait pu saisir au bond cette occasion pour inviter le Clergé à mettre en marche le moteur d’un dialogue franc, des différentes composantes de la Nation, sur les sujet qui créent des clivages. La suite, tout le monde la connaît. La réponse, au tac au tac, du Président de la République, à l’endroit de la Conférence Episcopale, n’a pas été des moins cinglantes.

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Quand Yayi se trompe de rôles

Abordant le point de la nécessité d’un consensus autour du projet de révision de la Constitution introduit au parlement, le Président de la République, dans sa lettre-réponse, a écrit ceci : «J’ai souhaité en effet que l’Assemblée Nationale procède à une vulgarisation du contenu de cette modernisation, en direction de toutes les institutions de la République, l’administration publique, les collectivités locales, la classe politique, les forces sociales, telles que la Société Civile, les confessions religieuses, les chefs traditionnels, les femmes, les jeunes, les artisans, les étudiants, les ouvriers, les enseignants, et tous autres groupes socioprofessionnels et culturels». Il est important de souligner qu’à ce sujet, Boni Yayi se trompe de rôle.

En effet, au regard de l’alinéa premier de l’article 41 de la Constitution du 11 décembre 1990, le Président de la République est le Chef de l’Etat. Il est l’élu de la Nation et incarne l’Unité nationale. De ce point de vue, c’est à lui que revient le rôle d’organiser, avec les moyens dont-il dispose, un dialogue ou une consultation nationale autour des grands sujets qui engagent le fonctionnement de l’Etat ; et non à l’Assemblée Nationale. Et par rapport à cette dernière, l’article 79 de la Constitution est aussi clair. Le rôle de l’Assemblée Nationale se limite à voter des lois et à contrôler l’action du gouvernement. C’est dire que le Parlement ne saurait être l’antichambre du gouvernement. C’est donc au Chef de l’Etat, et à son gouvernement, que revient le rôle de vulgariser le contenu du projet de loi portant révision de la Constitution, avant de l’introduire devant l’Assemblée Nationale. Evidemment, là également, la base était déjà faussée.

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