Comment un exploitant forestier pille les forêts de la Lama

Depuis quelques jours, un tract dénonçant un exploitant forestier qui pillerait les forêts de la Lama, circule à l’Office National du Bois. Plusieurs journaux ont même cité le Secrétaire Général du Syntra-Onab et un ancien ministre de l’environnement, comme étant les instigateurs dudit tract.

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Compte tenu de la délicatesse des dérives reprochées à l’exploitant, face à l’enjeu du reboisement en cours au Bénin actuellement, nous nous sommes intéressés au sujet. Enquête 

L’exploitation forestière, notamment la récupération des chablis (bois tombés sous le coup des phénomènes naturels) est passée aux mains d’un opérateur économique béninois insoucieux de l’impact de sa méthode d’exploitation sur l’environnement. Ainsi, depuis quelques mois, un tract dénonçant ses pratiques peu orthodoxes, circule à l’Office National du Bois. Ce tract, dont l’auteur est resté anonyme, jusqu’à ce jour, fait jaser ce qu’il convient d’appeler une mafia organisée qui, grâce aux services de certains confrères dont la vénalité et l’amateurisme ont pris le pas sur la déontologie, intoxique l’opinion publique avec de fausses informations. Surtout, en citant le Secrétaire général du Syntra-Onab, et d’autres personnalités non moins importantes, à travers la Presse, comme étant instigateurs du tract qui met à nue ces basses besognes.

Mais après investigations, il ressort dans un premier temps, que les faits dénoncés par le tract à polémique, s’avèrent vérifiés en grande partie. Dans un second temps, il faut faire remarquer que les personnes citées par les parutions du vendredi 9 août 2013, sont plutôt victimes d’une cabale gratuite et d’une tentative d’intimidation, dont le but est d’émousser leur détermination à mettre fin au pillage des ressources forestières du Bénin.

De la légalité à l’illégalité

En effet, le péché du Secrétaire général du Syntra-Onab, traité de tous les noms par l’opérateur économique en question, est d’avoir mis fin à un carnage dans les forêts de la Lama.

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En mars 2013, l’exploitant mis en cause a bénéficié  d’un marché de  l’ONAB lui permettant  de récupérer  exclusivement les chablis dans la Lama, par le contrat N°005/2013/ONAB/DG/DAC/SC/DVM du 08 Mars 2013. Mais, au lieu de pratiquer dans les règles de l’art, comme l’impose la sylviculture, il a tôt fait d’outrepasser ses droits et de s’adonner à des pratiques malveillantes comme le pillage systématique des arbres dans les forêts de la Lama. D’après plusieurs rapports rédigés par les différents Chefs d’Unité de la Direction Technique de l’ONAB et aussi des visites de constat sur le terrain, il est observé une kyrielle de dérives dans ses pratiques. Il s’agit, entre autres, de la sortie de plusieurs camions par jour, à des heures indues, violant ainsi la note circulaire N°282/2012/ONAB/DG/DT/UR/UGF/UPP/UPSEC/UEF de 15 mars 2012, portant circulation des camions en forêt sous tutelle de l’ONAB, pour échapper aux contrôles ; de l’abattage des arbres sur pieds dans plusieurs parcelles des plantations de la Lama. A cette liste, s’ajoutent l’abatage des arbres morts sur pieds, des arbres simplement inclinés, des arbres non balivés dans  lesdites parcelles ; l’absence de numéros sur les souches des arbres exploités, la non implication de l’Unité de contrôle dans le processus de récupération de chablis, qui sont chargés et livrés le même jour sans un contrôle préalable, en violation du contrat. La liste est longue.

L’opérateur économique dont il est question, qui curieusement, au lieu de se conformer, s’adonne actuellement à des actes d’intimidation, a même reconnu les faits similaires en son temps. La preuve, à travers une lettre d’indulgence en date du 30 octobre 2012 adressée au Directeur Général de l’Onab, après sa verbalisation le 17 septembre 2012, il prétextait des difficultés financières que connaîtrait sa société pour implorer la clémence pour ses actes nuisibles et promettait de ne plus recommencer. Mais, il s’agissait d’une opération de charme après quoi, le carnage a repris de plus belle.

Récidiviste et corrupteur aigri

Quelques jours de répit après sa verbalisation suivie d’une amende honorable, l’opérateur économique a accru le pillage des bois dans les forêts de la Lama. Face à cette situation où les forêts semblent devenir une vache à lait pour un seul individu qui se soucie peu de l’inconvénient de ses actes sur l’environnement, le Secrétaire général du Syntra-Onab n’a pas croisé les bras. Considérant que les forêts constituent pour eux, travailleurs de l’onab, leur gagne-pain quotidien, ce dernier a exigé et obtenu la mise en place d’une commission, qui s’est rendue sur le terrain, pour évaluer les dégâts. Ainsi créée par la note de service N° 156/2013/ONAB/DG/DF/DAC du 20 juin 2013, la commission a eu pour mission d’évaluer les méthodes d’exploitation des chablis par ladite société. Conduites par le Chef Cellule Audit Interne de l’Onab, les opérations de contrôles déroulées du 25 au 28 juin 2013, ont confirmé les dérives constatées un peu plus haut. Au terme des travaux de ladite commission, entre autres décisions, elle a décidé de la suspension des opérations de ladite société pour la réorganisation du sous-secteur.

Mécontent et décidé à faire revenir les responsables de l’Onab sur leur décision, l’opérateur économique, après les trafics d’influences et les menaces à l’endroit du SG Onab, n’a trouvé d’autres alternatives que de tenter de corrompre ce dernier. Ainsi, a-t-il proposé, au vu et au su de tout le monde, une somme d’un million (1.000.000) de francs Cfa au SG Syntra-Onab pour acheter son silence. Mais, il s’est heurté au refus catégorique de ce dernier.

C’est ainsi que la campagne d’intoxication et d’acharnement contre le Secrétaire général de l’Onab a commencé, et suit d’ailleurs son cours, alors que ce dernier n’est que dans son rôle de veille syndicale.  

Le ministre de la Protection des Ressources Naturelles et Forestières, interpellé

Il urge que la saignée soit arrêtée dans la Lama. Et vue l’ampleur des dégâts orchestrés par le pillage des bois dans ces forêts par l’opérateur économique, le ministre Raphaël Edou, qui a pour principale responsabilité, depuis le dernier remaniement du Gouvernement, de faire du Bénin un pays vert, doit se saisir du dossier, s’il veut réussir sa mission. Car, il s’agit des faits qui sabotent l’ensemble des initiatives prises par le Gouvernement pour mettre le Bénin sur les rails d’un développement durable.

C’est un complot !

Joint au téléphone pour avoir sa version des faits, le mercredi 21 août dernier, l’exploitant forestier crie plutôt à un complot contre sa personne. En effet, pendant près d’une trentaine de minutes de conversation, il s’est inscrit en faux contre les faits qui lui sont reprochés. Car, à en croire ce dernier, «il n’a rien à se reprocher», a-t-il affirmé, tout en essayant de nous dissuader de la publication de cet article, en faisant usage de quelques propos de trafic d’influence. Et pour avoir des preuves contraires aux faits exposés plus haut, une rencontre physique entre lui et nous, a été convenue pour le jeudi 22 août, dans l’après midi. Mais le jour « J », il ne décrochera jamais nos appels téléphoniques pourtant insistants (quatre fois), qui font suite à une première conversation téléphonique un peu plus tôt, dans la même journée, pour fixer le lieu de la rencontre.

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