Des artistes réclament de l’argent avant de rendre hommage à Alokpon

Avec tout ce que représente Alokpon, le roi du Tchingounmin, il s’est trouvé des artistes qui ont réclamé de l’argent avant d’offrir juste 3 à 5 minutes d’animation à l’illustre disparu pour hommage. Pour chanter lors des obsèques de l’artiste-roi du Tchingounmin, Alokpon, en guise d’hommage à ce dernier, certains artistes ont demandé un cachet.

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Plus qu’une demande, c’est une exigence pour certains. Jusqu’au soir du jeudi 29 août 2013, ce n’était qu’une rumeur, une information de coulisse. Mais, elle a été rendue publique et officielle le vendredi, au Palais des Sports de Cotonou. C’est à la faveur de la cérémonie d’hommage de la Nation et des artistes, organisée à l’intention de l’icône de la musique traditionnelle au Bénin. Le Roi Alokpon, Anatole Hountchédé Houndéffo à l’état civil, rappelé à Dieu dans la journée du 24 juin 2013.

Jean-Pierre Hountin-Kiki a porté l’information sur la place publique. Il est le Président de l’Association nationale des compositeurs, chanteurs traditionnels du Bénin (Acctb) et aussi Président de la Fédération des associations de musique traditionnelle du Bénin (Famtb). Certainement qu’en leur sein, le sujet a été largement débattu, mais les auteurs de cette demande n’ont pas voulu céder. Du coup, le linge sal a été exposé au public. Au-delà d’un témoignage à l’illustre disparu, le président, une fois ayant eu l’occasion de se présenter sur la scène, selon le programme de la cérémonie d’hommage, s’est montré remonté contre cette catégorie de ses collègues et protégés.

57 ans de carrière musicale, avec 3000 compositions et 87 albums, Alokpon est une référence en matière de musique traditionnelle au Bénin, soutient Jean-Pierre Hountin-Kiki. Si ce rythme existe aujourd’hui, sous une forme plus attrayante, c’est l’œuvre de Alokpon qui s’est donné pour en arriver là. Comme le témoigne le Ministre de la culture, Jean-Michel Abimbola, Alokpon a tout donné au rythme Tchingounmin ; il l’a immortalisé. «Alokpon, dans le tchingounmin, c’est un monument», ajoute Désiré Adadja, cadre de Savalou, ex-ministre de la communication. «Alokpon, c’est une bibliothèque d’inspiration».

Alors, la réclamation d’un émolument avant de jouer pour une telle vedette, est tout à fait contraire au bon sens. Cela frise l’ingratitude de la part de ces artistes, surtout ceux d’entre eux qui se sont spécialisés dans le Tchingounmin. C’est indubitable, Alokpon, en tant que Président du Conseil des sages de la Fédération des associations de musique traditionnelle du Bénin, ne leur a pas enseigné ceci.

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C’est le travail, les recherches et la quête permanente de perfection de Alokpon, qui permettent aujourd’hui l’immortalisation et puis l’exploitation de ce rythme par d’autres artistes. D’autres s’en inspirent pour de nouvelles créations. Alokpon a fait ces artistes de Tchingounmin, ou du moins la majorité. Ceux-ci lui doivent leur titre d’artiste de la musique traditionnelle du Tchingounmin, ou de l’une de ses dérivés, selon d’autres apports de chacun d’eux.

Et pourquoi ne pas le lui reconnaître ? Il leur a permis d’avoir le pain pour toute leur vie. Et ils se trouvent certains parmi eux qui, aujourd’hui, réclament de l’argent avant de lui offrir une prestation. Mieux, une prestation de 5 minutes au plus. Tous ceux-là qui sont passés lors de la cérémonie d’hommage à Cotonou, comme à la Mairie de Savalou, n’ont eu que 5 minutes. 3 minutes pour d’autres.

Pour dire merci à un père, à un maître, on réclame de l’argent. C’est triste. En certains lieux, et dans certaines circonstances, n’est-il pas conseillé de dissimuler ses problèmes de ventre ? Certes, ces quelques billets vont permettent de soulager, un tant soi peu, la misère de cette catégorie d’artistes, mais ne vont pas changer grand chose en termes de condition de vie et de travail. La réclamation, c’est ailleurs qu’ils doivent le faire. Et ils le savent bien.  

 

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