Langues nationales au CI : L’Unapeeb désavoue le gouvernement

La décison du gouvernement d’introduire, au plan national, 6 langues, à savoir Fon, Batonou, Ditamari, Dendi, yuruba, et Adja, dans l’enseignement à partir du cours d’initiation (CI), ne cesse de révolter certains acteurs du système éducatif béninois. Dès l’annonce de cette décision, les locuteurs des langues laissées pour compte, n’ont pas cessé d’exprimer publiquement leur désapprobation.

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Cette fois-ci, c’est l’Union Nationale des Associations des Parents d’Elèves et d’Etudiants du Benin (unapeeb) qui tire sur la sonnette d’alarme et lance un appel aux Béninois pour la défense de leur langue maternelle. Lisez l’intégralité de sa déclaration, en date du 10 septembre 2013.  

DECLARATION DU BEN/UNAPEEB AU SUJET DE L’INTRODUCTION DES LANGUES NATIONALES AU  CI A LA RENTREE 2013-2014

Le Bureau Exécutif National de l’Union Nationale des Associations des Parents d’Elèves et d’ Etudiants du Bénin (UNAPEEB) s’est réuni le 07 septembre 2013, à la Bourse du Travail. Après avoir analysé la situation qui ne cesse de se dégrader sur le front de l’enseignement dans tous les trois (03) ordres avec des résultats de fin d’année scolaire falsifiés (résultats politiques donc !) pour tromper les parents et l’opinion publique et cacher la réalité écœurante, l’introduction des langues nationales à la rentrée scolaire prochaine dans les cours d’initiation (CI) a retenu l’attention du BEN/UNAPEEB qui rend publique la déclaration ci-après.

Par communiqué radio diffusé et télévisé, le Gouvernement a annoncé qu’il est enfin prêt pour qu’à la rentrée scolaire prochaine 2013-2014  les apprenants au Cours d’Initiation (CI) soient introduits à la science en leur langue maternelle. Cette avancée est une grande victoire de L’UNAPEEB qui, aux côtés du Parti Communiste du Bénin (PCB), de l’Institut International de Recherche et de Formation (INIREF-Bénin), la Confédération Syndicale des Travailleurs du Bénin (CSTB) ……. a mené et continue de mener  le dur combat pour que nos langues maternelles deviennent des véhicules du savoir, c’est-à-dire des langues d’enseignement et des langues parlées dans l’administration.

Mais hélas, nous constatons que le gouvernement n’a retenu que six (06) langues pour tout le pays, à savoir : Fon, Batonou, Ditamari, Dendi, yuruba, et Adja. Voilà une décision qui est de nature à déclencher la colère des nationalités dont les langues sont laissées pour compte. Et cela n’a pas tardé à s’extérioriser ; et cela n’a pas raté!

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En effet, de partout, les locuteurs des langues non sélectionnées par le Gouvernement réagissent, protestent et dénoncent le « phagocytage » de leur langue comme vous pouvez le lire dans le quotidien ‘’La Nation n° 5818 du lundi 09 septembre 2013 : « Après le groupe qui a manifesté son mécontentement, le jour même du lancement officiel de la formation des enseignants chargés de conduire l’expérimentation  à Parakou, c’est la communauté Boo qui s’est fait entendre samedi dernier à travers une déclaration publique ».

En prenant en compte :

– le fait que l’alphabet des différentes langues nationales du Bénin est uniformisé et standardisé ;

– le fait qu’il suffit qu’un enseignant locuteur d’une langue nationale soit initié à la lecture et à la transcription de cette langue pour enseigner aisément dans cette langue au CI.

Voilà pourquoi nous estimons que les conditions sont suffisamment remplies pour que l’expérience soit étendue à toutes les langues nationales du Bénin.

Tout ce qui précède renforce notre conviction à l’UNAPEEB pour réitérer que l’approche de l’Institut International de Recherche et de Formation (INIREF-Bénin), que l’UNAPEEB a épousé depuis le début de sa lutte pour l’enseignement dans les langues maternelles :

1. l’alphabétisation immédiate de tous les adultes analphabètes du pays dans leurs langues maternelles sur une période de trois ans ;

2. l’instruction des enfants à partir de ce moment dans leurs langues maternelles ;

3. l’Introduction des enfants dès la quatrième année de l’enseignement primaire à une langue étrangère.

L’UNESCO reconnait à toutes les minorités linguistiques le droit de défendre leur langue. Ainsi l’UNAPEEB soutient toutes les nationalités du Bénin qui luttent pour que ce droit leur soit reconnu et appliqué en utilisant leur langue pour enseigner au CI à cette rentrée scolaire. Alors, par tous les voies et moyens, faites-vous entendre, faites appliquer ce droit.

Pour le Bureau Exécutif National,
Le Président Paul K. KOUDOUKPO

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