Le carton rouge d’Adrien Houngbédji à Yayi et son gouvernement

Grande leçon à tirer du discours prononcé par Me Adrien Houngbédji, samedi dernier au Stade municipal de Djeffa, pour lancer la quatrième université de vacances du Prd : le parti est non seulement opposé au projet de révision de la Constitution, mais il l’est aussi – et toujours – au régime Yayi.  (Houngbédji dit non à la révision de la constitution)

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Qui a dit que le Parti du Renouveau Démocratique (Prd) était le parti «mouvancier» de l’opposition ! Il suffit de lire le tout dernier discours en date du Président de ce parti, Me Adrien Houngbédji, pour se rendre compte que le Prd ne nage pas entre deux eaux – mouvance et opposition – et qu’il tient à affirmer son statut de parti de l’opposition. Le discours en question n’est rien d’autre que celui prononcé par Me Adrien Houngbédji à l’occasion du lancement officiel de la quatrième édition de l’Université de vacances de son parti, tenu ce week-end  au Stade municipal de Djeffa, dans la Commune de Sèmè-Kpodji. Rencontre tenue autour du thème : «Démocratie au Bénin : état des lieux.»  Et la grande leçon de ce discours de prise de position politique de Houngbédji, c’est la déclaration de l’opposition du Prd au projet de révision de la Constitution, initié par Boni Yayi. Un projet, sur fond de polémique, au centre de l’actualité nationale depuis la réintroduction au Parlement du projet de Loi portant révision de la Constitution le 06 juin 2013. Longtemps attendu et suscité, la position du Prd, visiblement seul partenaire privilégié du gouvernement au sein de l’opposition, est désormais connue.  

La présence d’une importante délégation gouvernementale à la cérémonie officielle de lancement de l’université de vacances, n’a pas dissuadé l’ami opposant dans son élan de crucifier le projet de révision, remettre sur la scène les échecs de la Refondation sur le plan des réformes, et mettre en garde le Chef de l’Etat contre toute détérioration de la situation actuelle du pays. Parlant d’importante délégation gouvernementale, la cérémonie de lancement de l’université de vacances 2013 était marqué en fait par la présence des ministres Fatouma Amadou Djibril (Agriculture), Valentin Djènontin (Justice), Emmanuel Tiando (Secrétaire général de la Présidence de la République) et Amos Elègbè (Conseiller politique du Chef de l’Etat).

Carton rouge aux «révisionnistes»

Vêtu d’un boubou blanc, du haut du pupitre installé pour la série des allocutions, Me Adrien Houngbédji, a délivré au nom de tous les militants du Prd, un carton rouge au projet de révision de la Constitution. «Nous sommes contre un projet de révision qui laisse planer le doute sur les intentions réelles de ses auteurs, a-t-il martelé.

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Nous sommes contre un projet de révision qui ne s’appuie pas sur un dialogue politique inclusif national, et ne débouche pas sur un consensus.

Nous sommes contre un projet de révision qui déséquilibre la répartition des pouvoirs entre les institutions.» Il l’a fait après avoir montré les limites de certains principaux arguments avancés par Boni Yayi et les siens pour justifier leur initiative. «Révision de la Constitution pour quoi faire ?» S’est interrogé Adrien Houngbédji. Avant de commenter : «Pour rendre  imprescriptibles les crimes économiques ? Le nouveau Code Pénal l’a déjà fait.

Pour pérenniser la CENA ? Le nouveau Code Electoral l’a déjà fait.

Pour voter des propositions de lois d’initiative populaire ? Celles d’initiative gouvernementale et parlementaire engorgent déjà à tel point l’ordre du jour de l’Assemblée Nationale, qu’elle n’arrive pas à les examiner.

Tout ce remue- ménage, tout ce désordre, pour si peu ?»

Consensus oblige

Selon le candidat malheureux à l’élection présidentielle de mars 2011, de changement en émergence, d’émergence en refondation, le gouvernement de notre pays s’est illustré par les chantiers non-achevés. Il se fait on ne peut plus illustratif, à travers les exemples du Programme de vérification des importations dite de nouvelle génération (Pvi-ng), le coton, le Régime d’Assurance Maladie Universelle. «Nous n’avons pas fini de faire le deuil du PVI, renvoyé au cimetière des éléphants blancs ;  ni celui du coton qui bascule de réforme en réforme et de contre-performance en contre-performance. Que dire du RAMU qui suscite de nombreuses inquiétudes, parce que sa mise en œuvre répond à des règles et techniques universellement admises, que le Gouvernement tente chez nous de noyer une fois encore dans une propagande inopportune.» Et, fait constater Me Houngbédji, c’est dans ce contexte de «réformes mal-engagées et non-abouties» qu’il – Boni Yayi sans doute (Ndlr) – fonce tête baissée dans un projet de révision constitutionnelle aux objectifs non-élucidés. Et ce, sur fond de «diversion, de provocation et d’intimidation.» Tout comme la Conférence épiscopale, et la majorité de toutes les voix opposées au projet de révision de la Constitution, le Président du Parti du Renouveau Démocratique est convaincu que «le dialogue politique inclusif et le consensus, sont le passage obligé de toute réforme constitutionnelle.»

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