Le mouvement Kité, une autre rébellion en Centrafrique ?

Afin de « restaurer la démocratie et l’ordre constitutionnel en Centrafrique », l’association des Paysans Centrafricains (APC) à travers le mouvement Kité dirigé par Pascal Bida Koyagbélé a décidé de mettre fin au règne des Séléka sur les paysans Centrafricains. Il s’est confié en mettant en exergue ses objectifs et priorités pour un développement durable de la République Centrafricaine.

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M. Pascal Bida Koyagbélé vous êtes le Secrétaire Général de l’Association des Paysans Centrafricains (APC), en exil en Afrique du Sud, ce mouvement s’est coalisé à un mouvement des révolutionnaires, dénommé Kité dont vous êtes l’actuel président. Dites nous, quels sont les objectifs recherchés par Kité ?

Merci monsieur le journaliste. Comme vous le savez, depuis la prise du pouvoir de la Séléka le 24 mars. Nul n’est besoin de revenir sur les atrocités et la bestialité dont ont fait preuve cette entité irresponsable qu’est la Seleka et ses complices. Loin de nous l’idée de s’attarder sur une litanie de discours sans lendemain. Beaucoup a déjà été dit par les institutions internationales et certains fils lucides de la Centrafrique. Nous nous inscrivons dans une nouvelle dimension qui est celle de passage aux actes, de poser des actes concrets et d’émettre des propositions tangibles pour une sortie de crise par la mise en place d’une nouvelle transition dans le cadre d’un processus révolutionnaire.

L’objectif premier, est de sécuriser les femmes et les enfants par tous les moyens. La tergiversation de la communauté internationale a assez duré et le silence complice de certains politiques de la sous-région nous amène à comprendre que le salut du peuple centrafricain ne viendra que de lui-même.

Toutefois, nous restons attentifs à la proposition de l’Union Africaine et de toutes les bonnes volontés africaines sensibles au drame centrafricain par le déploiement rapide des troupes de l’Union africaine, appuyées par les forces armées centrafricaines
Le rétablissement de la souveraineté nationale par le déploiement des autorités civiles et militaires dans les différentes régions du pays,

L’ouverture d’un corridor humanitaire encadré par les forces de l’Union Africaine et les forces armées centrafricaines, qui au préalable auront fait l’objet d’un regroupement défini par un calendrier détaillé indiquant les différents sites. Pour ce faire, un programme intégral d’urgence de sortie de crise a été défini par le Mouvement Kitè et sera mis ultérieurement à la disposition du public.

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Le relèvement du secteur économique, mis à mal pendant ce temps de crise. Voilà de manière mécanique les quelques mesures d’urgence.

Ces derniers se sont acharnés contre la population civile en général et les paysans centrafricains en particulier. A travers des viols, pillages, tueries, des destructions de leurs greniers, etc. ces paysans sont abandonnés à leur triste sort, dans la brousse à la merci des animaux sauvages. Donc, en tant que défenseur des paysans centrafricains, nous avons opté pour une logique de changement radical de conditions de vie du peuple centrafricain. Des moyens conséquents sont à ce jour mobilisés pour la réussite totale de cette mission. Condition sine qua none à la mise en place de la révolution verte, paysanne et panafricaine.   

Pourquoi une révolution verte ?

Parce qu’il est question pour nous de pouvoir faire de la République Centrafricaine, le grenier de l’Afrique. Animés d’ambitions agro-industrielles, nous comptons préserver, notre environnement et plus particulièrement nos forêts, en stoppant l’exploitation du bois et la destruction de nos forêts. Ce qui confère un caractère écologique à notre combat. Donc en termes de révolution paysanne, nous voulons  répondre  aux aspirations profondes, des paysans. Nous voulons faire de ce pays à terme une puissance agricole et agroindustrielle. Mais il y a une chose aussi qu’il faut retenir. Tous les problèmes que le pays a connus aujourd’hui, s’articulent autour de la convoitise que suscite notre richesse du sous- sol, le pétrole.

Ce pétrole là, qui se trouve sous la terre que nous labourons tous les jours, nous appartient, et l’exploitation se fera au profit du peuple centrafricain et africain, mais des paysans en particulier.

Ainsi nous menons un  combat afin que le paysan centrafricain ait des écoles gratuites, de qualité accessible à tous avec des enseignants qualifiés, avoir un système de santé gratuit, de qualité accessible à tous, Chaque village possèdera son centre de santé ainsi que les hôpitaux dans chaque ville des provinces et un accès à l’eau potable pour nos pauvres papa et maman paysans qui vivent au fin fond du village, de l’énergie pour tous 100% renouvelable. Un système bancaire performant, qui fort d’un vaste réseau sera en mesure de collecter l’épargne et faciliter l’accès au crédit pour tous, plus particulièrement aux paysans. Améliorer le système routier en construisant 10 000 km de route bitumée en 10 ans. Faciliter l’accès aux crédits à nos concitoyens dans toutes les banques du pays. A travers des crédits agricoles. Ainsi les paysans pourront réaliser leur rêves en s’achetant des tracteurs  du matériel de production, voire implanter des usines.

Monsieur Koyagbélé, ces derniers temps, les régions de l’Ouham et de l’Ouham Pendé, dont la majorité des populations sont des paysans connaissent de vives violences. Quelle est la position de votre mouvement concernant cette situation ?

Les centrafricains de l’Ouham et de l’Ouham Pende, demeurent des centrafricains à part entière. Les actes de barbarie à l’encontre de ces paisibles populations ne se justifient d’aucune manière. Nous saisissons cette triste occasion pour présenter aux différentes familles endeuillées, nos sincères condoléances et tenons à les rassurer que ces crimes crapuleux ne resteront pas impunis.

Des femmes et des petites filles violées, les greniers brûlés, des hommes tués, les maisons pillées et brûlées parce que le président Bozizé est originaire de ces régions, est inadmissible. Avant même, ce drame, ces populations subissaient déjà les brimades et les acharnements quotidiens de ces malfrats.

La réaction de la population pour se défendre est légitime et rencontre notre adhésion entière. Par voie de fait, nous encourageons les paysans à se structurer pour la défense des vies des femmes et des enfants dans une logique d’auto-défense. Le réveil tardif de la communauté internationale et l’inaction de la Fomac, sont déplorables.

De tout ce qui précède, nous prenons l’opinion nationale et internationale à témoins car si rien n’est fait d’ici là, plus d’un million de Centrafricain, soit 22% de la population sera exposé à la famine. Car 70% de nos greniers ont été pillés, 85 % de nos semences, brulées ou détruites, 40% de nos champs brulés. Ainsi les paysans n’’ont pas été en mesure de préparer les prochaines récoltes, pour leur propre subsistance et pour la population. Et c’est en cela que nous sommes entièrement solidaires de nos frères de l’Ouham et l’Ouham Pendé pour mettre fin à cette situation. Et nous de l’extérieur, nous nous préparons à mettre fin aux souffrances des paysans et du peuple au plus tôt, par tous les moyens qui s’imposent. Ainsi nous mettrons en place une nouvelle transition, afin de rétablir l’ordre, la sécurité et arrêter et juger les responsables de la seleka et leurs complices, de même que les responsables de crimes à l’encontre du peuple. De même Sur la base de notre vision révolutionnaire nous initierons une série de réformes politiques, économiques et sociales, afin de donner lieu à une société plus juste et démocratique. A travers cette nouvelle transition, une nouvelle institution révolutionnaire sera mise en place ce qui nous mènera à l’organisation d’élections véritablement démocratiques et transparentes. Et les acteurs de la Séléka face à des crimes commis, seront arrêtés et traduits devant la justice du pays et la Cour Pénale Internationale.

Mais des informations font état de ralliement de votre mouvement à la FROCCA de l’ex président Bozizé.

Comme nous l’avons si bien dit, nous nous battons pour les paysans qui représentent 80% de la population centrafricaine et non pour un homme. Nous ne sommes pas là pour des intérêts particuliers. Nous nous battons pour la révolution dans l’intérêt du peuple. Et pour se faire, il est temps de mettre en place de nouvelles institutions révolutionnaires. Par conséquent, notre approche en termes de vision, d’actions et de stratégies nous  diffère de FROCCA.

Puisque vous aussi vous êtes dans la logique de renverser Djotodia et la Séléka, ne sentez-vous pas une menace à travers ces attaques par des assaillants qui sont désormais vos rivaux ?

Non, je pense qu’il ne faut pas voir le déroulement de ces évènements sous cet angle. Tout acte posé visant à la protection des vies des femmes et des enfants des paysans bénéficie indéfectiblement de notre soutien car inscrit en bonne place dans la ligne droite de nos priorités. Il n’ya aucune rivalité qui tienne dans ce cas de figure La similitude s’arrête à ce niveau. Les voies utilisées pour atteindre ces objectifs ne sont pas les mêmes car au-delà de cette dimension de protection des vies, Chacun à sa méthode de travail. Nous avons la nôtre et eux, la leur. Mais nous avons un seul objectif qui est celui de mettre fin à la souffrance du peuple centrafricain en général et des paysans centrafricain en particulier. Nous sommes des révolutionnaires, nous avons un programme d’action pour le relèvement, le développement de la Centrafrique.

En tant que centrafricain ayant le souci de ses compatriotes, vue la situation de crise qu’a connu le pays. Pensez vous que le meilleur moyen de sortir la Centrafrique de son état de Chaos  est de reprendre les armes ?

Vous savez, nous sommes des démocrates et des révolutionnaires, nous battons pour la démocratie pour le peuple  et les paysans. Mandela disait, je cite : «c’est l’ennemi qui  détermine les armes à utiliser pour le combat » ; parole de sage à méditer. Aujourd’hui nous avons affaire à des bandits, des voyous qui à priori n’entendent que le langage de la force. Maintenant, nous allons méditer pour trouver des solutions appropriées. Ce qui est sûre, nous allons arrêter cette  tragédie par n’importe quel moyen.

Avez-vous un appel à lancer ?

Je lance un vibrant appel à la population centrafricaine en général de continuer à tenir, les jeunes de s’organiser dans une logique d’autodéfense afin de  protéger en priorité les femmes et les enfants. Nous nous organisons afin de libérer le peuple et les paysans du joug de la seleka et sécher les larmes du peuple, dans une logique de pardon, d’unité et de réconciliation.

Le jour arrive ou ces criminels seront jugés. Que le peuple soit assuré du fait que nous nous sacrifierons pour eux, pour l’avenir de ce pays, pour la révolution. Longtemps brimés par ces brigands, mais de ce jour brisons la tyrannie dans une logique de sacrifice. Pour l’unité, la liberté et la dignité peuple centrafricain, ensemble nous vaincrons.

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