Les dernières escales du voyage du roi Alokpon sur Allada

<>Le roi Alokpon du rythme Tchingounmin, repose depuis le samedi 31 Août 2013 dans sa dernière demeure à Ouèssè, où il a été inhumé après une série d’hommages à Cotonou et dans plusieurs villes Mahi. Dans la tradition africaine, béninoise en particulier, un roi ne meurt pas. Le roi est allé à Allada, dit-on quand il rend son dernier souffle.

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Le roi Alokpon s’en est allé, le lundi 24 juin 2013, dans sa 73ème année. Anatole Hountchédé Houndéffo à l’état-civil. De Cotonou à son village natal Ouèssè, à Savalou, plusieurs étapes ont précédé l’inhumation de l’artiste-roi du rythme Tchingounmin, le samedi 31 Août 2013.

Dans la matinée du vendredi, juste après le retrait, la dépouille mortelle a été conduite au Palais des Sports de Kouhounou. Ici, un hommage digne de la Nation béninoise et des artistes, a été rendu à la vedette de la musique béninoise. Animations musicales assurées par les artistes Sègbémado, Gandjayi, Ayikpémi Poguè et Adjignon ;  oraisons funèbres, projection de documentaire sur l’illustre disparu et recueillements ont marqué la cérémonie.

La cérémonie terminée, le cortège accompagnant la dépouille mortelle a pris le chemin de Savalou. Il y est arrivé aux environs de 18 heures 30, après des escales dans des villes Mahi, dont Ouinhi, Glazoué et Logozohouè, toujours pour des hommages.

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A Savalou, la première destination a été la Mairie de la ville où attendait déjà une foule de filles et fils de la localité. Toute la commune, on dirait, était sortie rendre un dernier hommage mérité au roi-compositeur, chanteur, agriculteur, … La cour de la Mairie était devenue exigüe pour contenir le monde. Certains ont trouvé place sur les dalles des locaux administratifs, pour ne pas se faire compter, pas même un seul instant, les différentes étapes de l’entrée de la dépouille du roi à Savalou, et les différentes manifestations pour l’accueillir. Mieux, on veut immortaliser ces instants. Du coup, les téléphones portables, des centaines, sont mis à contribution. Tout ceci, c’est la preuve du témoignage du Secrétaire général de la Mairie, Vincent Hounsou. «Alopkon est une fierté communale, une fierté nationale, une fierté internationale», a-t-il dit. C’est l’homme d’action, multi-actif, agriculteur émérite, tradi-praticien, de qui on ne saurait encore dire quelque chose mieux que lui-même, à en croire Désiré Adadja, cadre de Savalou, ancien ministre et conseiller du Chef de l’Etat. Pour lui, Alokpon a lui-même tout dit dans ses chansons. Et bien. «Philosophe, visionnaire, analyste, prophète, éclaireur et ingénieur, Alokpon a chanté la mort sous toutes ses facettes ; il a préparé de son vivant son oraison.» Disait le ministre de la Culture, Jean-Michel Abimbola, dans son oraison au Palais des Sports de Kouhounou.

Le seul devoir pour les ressortissants de Savalou, aux dires du ministre Adadja, c’est de faire en sorte que Savalou se développe, que lorsqu’un touriste aura le désir de visiter la terre natale de ce chanteur émérite, qu’il puisse découvrir une ville grandiose, à l’image de la célébrité de l’artiste.

Outre les témoignages, plusieurs artistes du rythme tchingounmin ont presté sur place, pour dire adieu à leur doyen. Entre autres, Ezin Gangnon, Gbétchéou et Alossè. Puis le corps a été conduit au domicile du défunt à Ouèssè, pour une veillée de prières et de chants, perturbée par la pluie dans la nuit de ce vendredi.     

Dans la journée du samedi, il y a eu la messe corps présent en l’Eglise Notre-Dame d’Assomption de Savalou. Une messe dite par le père Mathieu Amoulo, Chancelier du diocèse de Dassa-Zoumè. C’est du retour de l’Eglise que le corps a été inhumé dans l’intimité familiale, selon les rites de la tradition Mahi, aux environs de 14 heures. Le corps repose dans une tombe creusée dans un local construit pour la circonstance, et décorée par des sculptures représentatives des instruments servant pour la pratique du Tchingounmin, tels que le gong, le assan et le Gota.

Alokpon, une vie de champ et de chants

Les 73 ans de vie du roi Alokpon se sont passés autour du chant et du champ. Grand producteur agricole et fermier, Alokpon y a enregistré d’excellents résultats avec ses 130 hectares de terre entièrement emblavées. Il est diplômé d’honneur à la Foire de Cotonou en 1970, et à la Foire Eco d’Abomey de 1974. Avec ces mérites dans ce domaine, Alokpon a été reçu dans l’Ordre du Mérite Agricole en 1992, et celui du Mérite Social en 1995, après qu’il ait reçu le Prix d’excellence de la Loterie Nationale du Bénin en 1992.

De l’autre côté, Alokpon, c’est 57 ans de carrière musicale. Il compte à son actif, 3000 compositions et 87 albums. «C’est une bibliothèque d’inspiration pour la  nouvelle génération d’artistes de musique», dira le ministre Jean-Michel Abimbola.

Dans toutes ces activités, c’est la recherche permanente de la perfection, témoigne son fils Ignace Houndéffo. Pour lui, c’est le travail et rien que le travail. «Il exige de l’autre ce dont il est capable lui : la détermination, l’endurance, l’entrain et le sérieux au travail», confie son frère Claude Houndéffo, porte-parole de la famille. C’est cette quête permanente de perfection qui a fait de lui, dans le domaine de la musique béninoise, le roi du Tchingounmin pour les nombreuses modifications qu’il y a apportées. «Tu as tout donné au rythme Tchingounmin. Tu l’as immortalisé, et tu t’es immortalisé.» Dira le ministre de la Culture. Le roi est mort, vive le roi.

Ignace, le rejeton artistique de Alokpon

«Les enfants de Alokpon nous rassurent que la relève est bien assurée».  S’est réjoui le ministre de la Culture, Jean-Michel Abimbola, après avoir suivi la prestation de l’un des fils du roi. Ignace Houndéffo est son nom. Sa prestation a fait l’objet d’une forte attraction, vendredi dernier, lors de la cérémonie hommage de la Nation au roi. Heureux étaient les fans, de savoir que l’ingénieur du Tchingounmin a un de ses fils qui s’exprime bien au micro. Plus heureux encore, chacun des fils du défunt pratique, d’une manière ou d’une autre, la musique de leur père. Soit à travers la chanson, la danse ou la percussion.

Ignace, sur scène ce vendredi, c’était avec ses frères et sœurs qui ont constitué le groupe de Tchingounmin de la circonstance. Avec sa prestation, le public se convainc de ce qu’il y a en lui,  et qu’il développe déjà : les qualités d’une bête de scène musicale, dans la même catégorie que son père. Reste aux promoteurs culturels et professionnels du milieu, de mieux l’encadrer pour qu’il monte lui aussi, les marches de la musique traditionnelle.

 

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