Révision de la Constitution : «Nous allons travailler pour bloquer ce projet»

Reçu hier dans l’émission matinale «la Caravane du Matin», sur les ondes de Radio Tokpa, le député Lazare Sèhouéto, Coordonateur national de l’alliance Union fait la Nation, s’est essentiellement prononcé sur le projet de révision de la Constitution, un sujet qui divise l’opinion nationale. Selon le député de l’opposition, le ministre Marcel de Souza, qui était dans la même émission, lundi dernier, sur le même sujet,  a fait économie de vérité.

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L’un des trois principaux motifs avancés, faut-il encore le rappeler, par le gouvernement, dans son projet de révision de la Constitution, est bien sûr la mise en place et la constitutionnalisation d’une Cour des Comptes. Selon le ministre du Développement, Marcel de Souza, qui était lundi dernier sur les ondes de Radio Tokpa, beaucoup de partenaires financiers ont quitté le Bénin et certains financements ne sont plus aujourd’hui octroyés, à cause de l’absence d’une Cour des Comptes. Pour l’honorable Sèhouéto, cette allégation est fausse. «Les aides budgétaires ont été coupées bien avant», a ajouté le député, qui veut savoir si c’est l’absence d’une Cour des Comptes qui encourage la mauvaise gestion des ressources publiques.

En sa qualité de membre du Parlement de l’Uemoa, il a fait savoir que le Bénin n’est pas le seul pays de la sous-région qui ne s’est pas encore conformé à cette exigence communautaire qui consiste à se doter d’une Cour des Comptes. Et donc, il ne comprend pas toute la précipitation qui entoure le sujet.

«Pour créer une Cour des Comptes, est-ce qu’il faut nécessairement réviser la Constitution ?» S’est interrogé le député. Selon lui, des travaux qui se sont déroulés en septembre 2011 au Bénin, et qui se sont penchés sur la création de la Cour des Comptes, n’ont pas prévu une large révision de la Constitution, comme l’a engagé le gouvernement, mais plutôt un léger amendement du texte.

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Se prononçant sur la constitutionnalisation de la Cena et l’imprescriptibilité des crimes économiques, deux autres motifs sur lesquels le gouvernement fonde ses arguments de révision «coûte que coûte» de la Constitution, Lazare Sèhouéto a fait savoir que ces deux dispositions ont été déjà prises en compte par des lois organiques. Il ne juge donc pas de la nécessité de constitutionnaliser ces dispositions, avant qu’elles ne soient efficacement applicables. Pour l’opposant, les arguments avancés par le gouvernement pour engager la révision, sont des arguments futiles. Aussi accuse-t-il le gouvernement de passer souvent sous silence, lors de ses sorties répétées sur la révision de la Constitution, les leurres que contient le projet de loi, notamment : le déséquilibre des institutions, le renforcement des pouvoirs de l’exécutif au détriment des autres institutions, et d’autres choses encore.  

A en croire l’honorable Sèhouéto, l’Union fait la Nation ne fait pas partie des formations politiques qui pensent que la Constitution du 11 décembre 1990 ne doit jamais être révisée. Mais, poursuit-il, la procédure qui a conduit a son adoption n’était pas une procédure unilatérale, comme on le voit aujourd’hui, mais une procédure qui a fait l’objet d’une large consultation nationale. Pour lui, c’est un acquis et une coutume démocratique, dont on ne saurait plus se passer. Mais, a-t-il promis, «nous allons travailler pour bloquer ce projet au Parlement».

Le chômage, le coton et le Kpayo abordés

Lazare Sèhouéto s’est également prononcé sur l’emploi des jeunes. Il accuse le gouvernement de Boni Yayi d’être à la base de l’envolée du taux de chômage au Bénin. Selon lui, le gouvernement contribue au chômage des jeunes, en tuant le secteur privé, à travers l’asphyxie des opérateurs économiques. Des opérateurs économiques qui sont étouffés, soit par des harcèlements fiscaux, ou soit par des manœuvres à connotations politiques. Le député de l’Un ne comprend pas qu’on puisse gaspiller les ressources de l’Etat à des fins politiciennes, pendant que la dette intérieure s’élève à près de 300 milliards de francs CFA ; pendant qu’on n’arrive plus à payer les prestations des opérateurs privés.

En tant qu’ancien ministre de l’Agriculture sous le Président Kérékou, qui détient le record de tonnage le plus élevé de cette dernière décennie, en matière de production du coton, Lazare Sèhouéto croit savoir que le secteur de la production cotonnière est aujourd’hui mal géré par le régime en place. Pour lui, le secteur est aujourd’hui tel, que tout le monde gagne sauf les paysans. «Or, c’est le revenu des paysans qui doit être la première préoccupation, et non la course derrière les tonnages de coton, que le gouvernement de Boni Yayi ne pourra pas atteindre, parce qu’il n’a pas la bonne méthode.»

Par rapport à la lutte contre la vente de l’essence «Kpayo», déclenchée par le Chef de l’Etat, le député condamne la méthode employée. Il condamne le fait qu’on utilise des kalachnikovs pour lutter contre une activité qui nourrit une bonne partie de la population. En tant qu’ancien ministre du Commerce, également sous Kérékou, Lazare Sèhouéto croit que la meilleure façon de procéder est de «professionnaliser la vente du Kpayo, pour limiter les risques, et non éradiquer le commerce qui fait vivre des milliers de ménages».

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