Printemps arabe ou déchéance arabe

Selon la légende, l’histoire a commencé en Tunisie où le suicide par immolation d’un vendeur de rue a suscité tant de colère dans les rues au point d’ébranler le gouvernement de Zine El Abidine BEN ALI. Ce dernier s’enfuit en exile lâché par son armée. La suite, on la connaît : les élections, la victoire des islamistes d’Enahda, l’assassinat de députés de la gauche laïque et la déliquescence du système sécuritaire du pays.

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Le pays connaît aujourd’hui la recrudescence du terrorisme, du trafic des migrants vers le Nord par des criminels sans foi, ni loi. La stabilité de l’Etat est mise à mal et le président hué par ses citoyens. En Egypte, les premières manifestations de la place Tahrir accompagnées par les pressions américaines ont conduit à la démission d’Hosni MOUBARAK. Le pouvoir militaire à qui il a laissé le pouvoir le rendit ensuite aux frères musulmans suite aux élections présidentielles sur fond de contestation. Mais le répit a été de courte durée car les militaires saisissent plus tard l’occasion de nouvelles manifestations pour déposer le pouvoir des frères musulmans représenté par Mohammed Morsi et décapiter leur mouvement avec le soutien voilé des USA. L’Egypte stable et rayonnant d’il y a quelques années a cédé la place à un pays secoué par des soubresauts ininterrompus. Les attentats terroristes contre le pouvoir succèdent à ceux contre la communauté copte qui déserte progressivement le pays.

En Libye, le constat est pire. Au régime tyrannique du clan Khadafi s’est substitué un système de non-Etat où les clans et les milices font la pluie et le beau temps. Ils sont capables de kidnapper impunément le premier-ministre pendant plusieurs heures au nez et à la barbe de toute la communauté internationale. Aux ores de la « révolution », le fils le plus fréquentable du guide d’alors prédisait la guerre civile au pays en cas de chute de son père. Le résultat est là, avec toutes les entorses à l’Etat de droit qu’on prétendait installer et le cynisme propre aux relations internationales. Après l’Etat fort et oppresseur, les libyens connaissent les affres et les incertitudes du non-Etat. Les attentats sont légion et la population survit plus qu’elle ne vit.

Enfin en Syrie, le peuple a perdu la quiétude depuis longtemps, le prétexte du printemps arabe a servi à la résurgence de querelles confessionnelles longtemps contenues sous la férule du clan Assad. Les extrémistes islamistes soutenus par des intérêts disparates luttent pour une future liberté des populations. « La liberté ne se donne pas, elle s’arrache » dit-on. En attendant, les citoyens se font tués ou sont obligés de se réfugier dans les pays voisins et même en Europe avec la promesse de voir leur pays libéré. Le Conseil de Sécurité censé garantir la paix et la sécurité internationale est quant à elle impuissante devant cette situation et s’embrouille de conférences en inspections d’opérettes.

Entre sécurité et liberté, l’équation est difficile est à résoudre. Il n’y a pas d’Etat digne du nom sans la garantie minimum de la sécurité au citoyen. De même, sans liberté et garantie droits fondamentaux, ils sont étouffés et réduits à l’état d’esclaves martyrisés. Seul l’assurance d’un savant dosage de ces deux notions permet à l’Etat de se prétendre Etat de droit. Pour l’instant, là ou le printemps arabe est passé, ce n’est pas pour autant un « hiver islamiste » qui règne car aussi bien le parti Enahda en Tunisie que les frères musulmans en Egypte perdent pieds. On assiste plutôt à une déchéance arabe à la place de l’Etat de droit espéré par les populations.

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