La crise, entre cadres du Parti du Renouveau Démocratique – parti d’opposition – au sein du Conseil municipal de Porto-Novo, profite bien au régime en place, qui en fait une récupération politique.
Le Parti du Renouveau Démocratique, du challenger de Boni Yayi aux élections présidentielles de 2006 et 2011, traverse une période de turbulences. A la Mairie de Porto-Novo, «seul ministère» et fief traditionnel du parti, en effet, le torchon brule entre les Conseillers Prd et le Maire Moukaram Océni, également élu du parti. Il est aujourd’hui un secret de polichinelle que cette crise est née de la divergence de points de vue, entre le Maire et le leader charismatique des «Tchoco-tchocos», Me Adrien Houngbédji, à travers les autres Conseillers municipaux Prd, sur la conduite des projets de développement de la ville capitale. Au nombre desquels, la construction de parcs d’attraction, et de l’Hôtel de ville. Ces divergences internes aux conseillers Prd avaient mis en veilleuse ces projets, si importants pour le Maire Moukaram Océni qu’il a posé un certain nombre d’actes et tenu un certain nombre de propos publics que le parti juge inappropriés.
Sanction et récupération
Les propos, actes et comportements du Maire de la ville capitale, étant jugés «graves» par le Prd, la sanction est tombée. Samedi dernier, la Direction Exécutive Nationale du parti a décidé d’infliger provisoirement à Moukaram Océni, «la perte du droit de participer à la vie du Parti et à la prise de décision aux différents échelons». Cette décision du Prd a agrandi la brèche créée par les divergences. Une occasion que le régime Boni Yayi saisit au rebond, pour s’incruster dans la vie du parti, comme un margouillat dans un mur fendu. Et les signes de la volonté de Boni Yayi de faire de la récupération politique à Porto-Novo, sautent aux yeux. La pose de la première pierre pour la construction des deux parcs d’attraction, autrefois pomme de discorde entre les Conseillers Prd de Porto-Novo, en est une. Le communiqué annonciateur en dit long. «’’Preuve’’ de l’attachement du Chef de l’Etat à Porto-Novo», y lit-on.
D’abord, la coïncidence de l’annonce de la pose de la première pierre avec la sanction du Maire Moukaram. Ensuite l’auteur du communiqué annonciateur. Si la proximité des dates peut être considérée comme un hasard, le choix du ministre François Houessou a bien des relents politiques. Et vise un seul but : montrer l’attachement de Boni Yayi à la ville capitale (fief d’Adrien Houngbédji), et par-delà tout le département de l’Ouémé-Plateau.
Avec cette pose de première pierre qui n’est rien d’autre qu’une opération de charme, parce que venant comme pour soutenir un cadre Prd en mauvaise posture dans son parti, Boni Yayi qui a déjà nommé un dissident du Prd, Moukaram Badarou, Préfet de l’Ouémé-Plateau, essaie de ravir la place à son challenger aux présidentielles de 2006 et 2011, Adrien Houngbédji. De bonne guerre peut-être?!
Laisser un commentaire