Réquisition des usines de la Sodeco Sa : Yayi met le Bénin en danger !

La Société de développement de coton (Sodeco) retourne dans le patrimoine de l’Etat, après avoir été pendant quelques années une société privée. Ainsi en a décidé le gouvernement du Docteur Boni Yayi. 

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Réuni en Conseil des ministres, samedi et dimanche derniers, il a pris la décision arbitraire de suspendre la convention de création de la Sodeco, après avoir décidé de porter au détriment de la Société Commune de Participation(Scp) les 17,5% d’actions en litige. Cette décision, qui  est un des épisodes de la guerre lancée contre Talon, confirme le vrai visage de ce régime peu démocratique, incarné par Yayi.

La page Sodeco – du moins avec Talon comme actionnaire majoritaire – vient d’être tournée.  Depuis dimanche, c’est l’Etat qui a repris les choses en main, après avoir suspendu la convention de création de la Sodeco, aux termes de laquelle la Scp de Patrice Talon détenait 51% des actions. Cette suspension n’est que le bis repetita de celle effectuée par le gouvernement, il y a quelques mois, avec le Programme de Vérification des Importations. On se rappelle que le gouvernement avait aussi, dans un premier temps, démontré que Talon a fait du faux, avant de finir par suspendre le contrat qui le lie à Bénin Control, pour la gestion du Pvi. Aujourd’hui encore, le modus operandi est le même. Dans les Conseils des ministres précédents, le gouvernement a démontré  les manœuvres  subreptices qui ont caractérisé la rétrocession des 17,5% des parts d’actions à la Scp. Pour le Pvi, il fallait sauver le Port, ainsi que les transactions commerciales, avec le gel des opérations au cordon douanier. Pour la Sodeco, c’est la campagne cotonnière qui est en jeu. Il faut éviter que les usines d’égrenage soient bloquées.  Dans les deux cas,  une seule constance se dégage : s’accaparer de tous les biens de Talon, et gommer toutes ses empreintes sur l’économie nationale.  C’est un des symptômes de la «talonphobie» qui s’est emparée du gouvernement depuis 2012.

Contre Talon, le gouvernement et son Chef, Boni Yayi, sont prêts à tout faire, même s’ils doivent paraître aux yeux de la communauté internationale comme un régime totalitaire qui fait fi des lois et des contrats que lui-même a signés avec des tiers. 

Viol et dédit

L’acte est suffisamment grave.  Il expose un état violeur des Lois de la République. En effet, jusqu’hier 18 novembre, la Sodeco est demeurée une société anonyme régie par les textes de l’Ohada. L’Etat ne peut donc pas, sous n’importe quel prétexte, s’immiscer dans les affaires d’une telle société. Mieux, la convention signée, et le dossier d’appel d’offres, stipulent clairement  que tout différend né de tels contrats devraient être tranchés par la Justice. Mais, dans le cas présent, rien ne s’est passé ainsi. Le gouvernement a dit faire recours à l’Agence Judiciaire du Trésor (Ajt), comme si elle était devenue la Justice.

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Le gouvernement s’est aussi dédit dans cette affaire. En Octobre 2008, la finalité de cette opération était la privatisation de l’outil industriel de la Sonapra. L’Etat devrait donc se désengager, et laisser diriger la société par des privés. C’est ce qui a été fait avec l’arrivée de la Scp dans l’actionnariat.  Mais, cinq ans après, l’Etat en vient encore à être l’actionnaire majoritaire, en prétextant  du non respect par cette société, naguère majoritaire, du portage des 17,5% des actions (destinées au public) en bourse, pour redevenir majoritaire. Or, la convention  de cession et les autres documents afférents, précisent ce qu’il faut faire en cas de litige. Il faut aller au tribunal, et le gouvernement le sait bien.

Conséquences

En procédant ainsi, sans porter l’affaire au tribunal, et en décidant de réquisitionner cette société, par décret, comme dans les régimes totalitaires où l’Etat nationalise à tout vent, le gouvernement  de Yayi expose l’Etat à de lourdes conséquences. Patrice Talon, la principale victime de ces exactions, pourrait ester l’Etat en justice, et ce dernier pourrait bien être astreint à lui payer des dommages et intérêts de plusieurs milliards. De ça, Yayi s’en moque royalement. Il ne serait plus Président de la République, son problème c’est de montrer à Talon qu’il est plus fort que lui, actuellement. Le reste, l’histoire s’en occupera, lui qui avait dit qu’il va rendre le pays ingouvernable à son successeur. Mais, la conséquence la plus grave est que cette décision expose négativement le Bénin, comme un pays où les contrats entre les sociétés et le gouvernement ne sont pas respectés, et où ce dernier peut faire tout ce qu’il veut.

Quel opérateur économique, quel  bailleur de fonds va vouloir investir dans un tel pays, où ceux qui investissent des milliards sont persécutés, pourchassés, ruinés et dépossédés de leurs affaires ? Combien d’hommes d’affaires étrangers seront si naïfs et si imprudents, pour prendre de tels risques ? Ils fuiront tous le Bénin comme la peste. Ainsi, on ne pourra pas s’étonner que Doing Business nous déclasse chaque année ; que Dangote et tous ces hommes d’affaires étrangers qui passent par ici, ne reviennent plus jamais ; ou que le Club de Paris – qui se réunit prochainement – n’accorde aucune faveur au Bénin. Les conséquences des brimades actuelles de  Yayi seront lourdes pour l’avenir économique du Bénin. 

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