Affaires Patrice Talon : quelles suites après la décision de Paris ?

La Cour d’Appel de Paris vient mettre un terme à la première saison d’une affaire digne d’un scénario de Polar. Cet avis défavorable à l’extradition vers le Bénin de l’homme d’affaires Patrice Talon et de son collaborateur Olivier Boko, prononcé par Paris, faut-il le préciser, ne constitue pas un épilogue du dossier, qui n’a que trop empoisonné le quotidien des Béninois. Ce qui veut dire qu’on peut s’attendre à une suite dans ces affaires de tentatives d’empoisonnement et de coup d’Etat, toujours pendante devant la Cour Suprême du Bénin.

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Ainsi donc, l’épisode de Paris, qui s’est soldé par un échec de la demande d’extradition de Patrice Talon et Olivier Boko, ne met pas un terme à cette affaire. On peut, dans les prochains jours, s’attendre à ce que le Procureur Général de la Cour d’Appel de Paris, interjette appel devant la Cour de Cassation à Paris, contre l’avis défavorable à l’extradition vers le Bénin des deux hommes mis en cause. Un recours qui doit être formulé, selon le Droit positif français, dans un délai de cinq jours après la décision. Mais, quand on sait que même ce Procureur Général, à travers centaines de ses observations, lors de l’audience du 23 octobre à Paris, a relevé qu’il n’y avait pas matière à extrader, on peut d’ores et déjà conclure que la probabilité qu’on assiste à ce scénario est trop faible. Si aucun recours n’est formulé en appel, dans les cinq jours qui suivent la décision de Paris, les deux prévenus pourront à nouveau entrer en possession de leur passeport et seront à nouveau libres de se déplacer hors du territoire français.  

D’autre part, la Justice française ne s’étant pas prononcée sur le fond du dossier, c’est-à-dire sur la culpabilité ou non de Talon et de Boko, dans l’affaire tentative d’empoisonnement, les regards seront désormais tournés vers la Cour Suprême du Bénin, entre temps saisi d’un pourvoi en cassation, après les ordonnances de non-lieu rendus en premier et en second ressort. Et à ce niveau, deux cas de figures se côtoient.

Premier cas de figure. La Cour Suprême pourrait confirmer les ordonnances de non-lieu déjà prononcées par le Juge Angelo Houssou, en premier ressort, et par les juges de la Cour d’Appel, en second ressort. Dans ce cas, l’affaire sera purement et simplement classée, et certains prévenus actuellement détenus dans l’affaire, pourraient être libérés.

Mais, dans un second cas, également envisageable, la Chambre judiciaire de la Cour Suprême pourrait choisir d’aller contre les décisions de non-lieu déjà rendues à deux niveaux. Dans cette circonstance, on assistera à un renvoi du dossier devant une juridiction de jugement, une Cour d’Assise, par exemple, qui pourra alors rendre une décision, en l’absence des prévenus Talon et Boko. Et c’est ce type de jugement qu’on qualifie dans les milieux juridiques de «jugement par contumace».

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C’est dire donc que la décision de Paris ne vient que fermer un volet des affaires tentatives d’empoisonnement et de coup d’Etat, qui pourraient encore perdurer, selon que la Cour Suprême, dans une décision qu’elle rendra dans les tout prochains jours, décidera de confirmer ou non les ordonnances de non-lieu déjà rendues à deux niveaux de la procédure d’instruction.

Entre temps, on ne perd surtout pas de vue que l’Avocat français du Président Boni Yayi, avait déposé d’autres plaintes contre Patrice Talon. L’une à Bruxelles, en Belgique, pour trafic d’influence, et l’autre à Genève, en Suisse, pour blanchiment de capitaux, car il soupçonne que l’argent du complot a pu transiter par la Suisse. Ce sont également deux plaintes qui pourraient remonter à la surface, et faire encore durer ce feuilleton d’empoisonnement, à rebondissement. En tout cas, «wait and see».

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