Bilan 2013 – Lionel Agbo : de la condamnation à l’exil

L’issue du procès Lionel Agbo a été, au plan politique, le premier gros dossier de l’année 2013 au Bénin. L’ancien proche collaborateur de Boni Yayi a été condamné le 23 janvier 2013, à six mois d’emprisonnement ferme pour offense à ce dernier. C’était l’épilogue d’une affaire qui avait commencé environ quatre mois plus tôt.

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18 septembre 2012. Au Codiam à Cotonou, Lionel Agbo, Avocat au Barreau du Bénin, ancien Conseiller et porte-parole de Boni Yayi, organise une conférence de presse pour se prononcer sur les dossiers brulants de l’actualité nationale. Faisant allusion à la corruption autour de Boni Yayi, l’avocat-politique affirme : «le Chef de l’Etat sait que je sais qu’il sait je sais qu’il sait»… En tenant ces propos, Me Agbo s’est attiré la foudre du Cabinet civil du Président de la République. Quelques jours après, il reçoit quatre citations directes pour diffamation et offense au Chef de l’Etat. La plainte pour diffamation est venue de certains membres du Cabinet civil du Président de la République. Ce sont la Directrice de Cabinet, le Secrétaire Général du Gouvernement et le Secrétaire Général de la Présidence. La plainte pour offense émane du Président de la République en personne. La Directrice de la chaine de télévision privée Canal 3 Bénin, Berthe Cakpossa, est aussi visée par ces accusations. Canal 3 ayant diffusé les propos incriminés.

Le dernier message de Lionel Agbo aux béninois : «Je vous exhorte à ne jamais baisser les bras»

Le procès de ce qu’on a nommé dans la Presse «Affaire Lionel Agbo», a débuté le 03 octobre.  Le Juge Gilbert Togbanou était en charge du dossier. Me Agbo était défendu par un collège de plusieurs avocats dont Feu Me Zachari Sambaou, Me Joseph Djogbénou, Me Cyrille Djikui… L’accusation a été, elle, défendue par un collège d’avocats, au nombre moins impressionnant, à la tête duquel se trouvait Me Kato Atita. Après une série de plusieurs audiences à suspense, le verdict de l’affaire Agbo est tombé le 23 janvier 2013. Me Agbo sera condamné à 6 mois d’emprisonnement ferme assorti d’un mandat d’arrêt et d’une amende de 500.000 francs Cfa, pour «complicité d’offense au Chef de l’Etat». Dans la matinée de la même journée, il avait été, tout comme la Directrice de Canal 3, relaxé dans le procès pour  diffamation. Mais, avant cela, le mercredi 16 janvier, Berthe Cakpossa avait écopé de trois mois d’emprisonnement ferme pour «offense au Chef de l’Etat». La peine n’atteignant pas six mois au moins, elle n’ira pas la purger en prison. C’est ce que dit la Loi.

Fuite et branle-bas

L’épilogue du procès n’était pas du goût de Me Lionel Agbo. Présent dans la salle d’audience ce 23 janvier matin, pour le dossier diffamation, Me Agbo n’y était pas dans la soirée pour suivre le verdict du Juge, dans l’affaire «offense au Chef de l’Etat». Il aurait eu vent de la mauvaise nouvelle qui allait tomber. On apprendra plus tard que Me Agbo a fui du territoire national. Certains proches à lui ont été alors interpellés par la Police. Ce sont Richard Senou, ancien ministre des Transports de Boni Yayi, et Eloi Aho, ancien député Fcbe. Ils sont soupçonnés d’avoir aidé Me Agbo à s’évader. Faute de preuves, la Police a été obligée de ne pas mener leur cas plus loin. Pendant ce temps, on apprendra de sources concordantes que Me Agbo s’est réfugié en France.

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Une semaine après le verdict, soit le 31 janvier, le Président Boni Yayi annonce, par le biais d’un communiqué signé par le Secrétaire Général de la Présidence, Emmanuel Tiando, qu’il accorde la grâce présidentielle à Lionel Agbo. Revirement spectaculaire. Cependant, des spécialistes du Droit ont expliqué que cette grâce était de nul effet. Raison avancée : l’affaire était toujours en cours ; les avocats de Me Agbo ayant interjeté appel. Boni Yayi devrait plutôt retirer sa plainte. Le lundi 18 février, un autre communiqué du Secrétaire Général de la Présidence viendra annoncer que le Chef de l’Etat a décidé de retirer sa plainte. Entre-temps, début février, Boni Yayi effectue une visite d’Etat en France. Des proches de Me Agbo ont révélé qu’il en profiterait pour dire sa part de vérité sur Rfi. C’était une fausse alerte. Et l’affaire est demeurée telle, même environ un an plus tard. 

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