Concert P-Square : le faux bond du public qui décourage les organisateurs

Le spectacle P-Square, le meilleur groupe Afro-Pop qui actuellement s’exporte hors du continent noir a laissé une facture salée aux organisateurs qui ont été lâchés par le public béninois. Inviter des stars mondiales de la musique pour des spectacles au Bénin, des promoteurs de spectacles y réfléchiront par deux fois avant de s’y engager à nouveau.

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L’amère réalité du faux bond du public béninois a encore payé. Golden international promotion et Afrisia, qui pour donner un peu de couleurs à la fin d’une année qui aura été particulièrement noire au Bénin,  ont eu l’ingéniosité d’offrir un géant spectacle P-square, groupe à ne plus présenter, ont été découragés. A jamais ? On ne s’aurait le dire mieux que Ali Wasi Sissy, Directeur de la Golden international promotion qui, désabusé, et assis dans un coin perdu de la pelouse, lâcha malgré lui : « Il faut que les Béninois comprennent qu’à partir d’aujourd’hui, ils n’auront plus de spectacle au Bénin ».  Et pour  quelle raison ? « Si à chaque fois, on doit faire des spectacles, nous avons fait récemment Kassav, nous avons perdu énormément d’argent. Et là nous venons de faire P-Square, un grand ! un grand !… je ne vous dis pas ce qui va se passer ». Répond-t-il, complètement agacé par le faux bond du public béninois, presque  absent au spectacle du groupe Nigérian qui cartonne actuellement dans le monde entier. Un spectacle annoncé tout feu toute flamme dans les médias. Le groupe P-Square est très aimé au Bénin, ses morceaux sont dans les portables de presque tous les jeunes.

Le pourquoi d’une absence insoutenable

« Sommes-nous si pauvres au Bénin ? » s’interroge Wasi Sissy qui apprend que dans les pays à côté même à 50.000 Fcfa l’entrée, les places étaient vendues. Les billets pour ce spectacle étaient fixés à 5000 F Cfa soit moins de 10 Euros, au bas prix. Mais pour le jeune béninois c’est encore trop. « J’aime P-square, mais à vrai dire, je ne peux pas aller voir un spectacle à 5000F. Avec ça je vais réunir deux ou trois de mes gars, et on va faire des blagues autour d’une table » déclare Dieudonné, un jeune absent du spectacle de ce vendredi. « A 2000F ou 3000F, cela serait à notre portée » confie Gérard, lui aussi fan de P-Square qui regrette n’avoir pas pu être au spectacle faute de moyens. Une proposition qui montre combien les jeunes ignorent ce que coûte un spectacle de cet acabit.  « P-Square c’est un budget de près de 200 millions de Fcfa » apprend le promoteur qui estime avoir fait le maximum en terme de communication pour amener le public au Stade de l’amitié de Cotonou où s’est tenu le spectacle. Un lieu qui vraisemblablement offre moins de conditions pour vivre un spectacle qu’un lieu approprié. D’un côté, le public Vip, – ceux qui ont payé le pris des réservations, 25000 à 40.000 Fcfa – installé sur la pelouse, devant le podium des stars nigérianes, était emballé, jouissait au vrai sens du terme,  comme  Léhady Soglo l’adjoint au Maire de Cotonou, son épouse et Madame la ministre, Réckya Madougou qui ont bougé pendant les 120 minutes de prestations de P-Square.  De l’autre, dans les gradins, sans éclairage, comme venu à une partie de foot, un autre public resté quasiment amorphe et qui pouvait, à peine, voir  si c’était réellement les deux jumeaux nigérians  sur deux écrans disposés aux extrémités gauche et droite du podium. Mais pour Wassy, il n’y avait pas une autre possibilité. «Les groupes d’artistes comme P-Square, c’est forcément le stade. Et pour rentabiliser, c’est forcément à partir de 5000 Fcfa »a-t-il dit. Au Bénin, ce qu’on retrouve le moins, c’est un véritable théâtre, un lieu capable d’accueillir de grands spectacles. Ce qui conforte le promoteur dans son choix du stade.

L’absence remarquée du public aux spectacles de stars étrangères, a aussi sa source dans la peur noire de l’épisode du spectacle de Koffi Olomidé qui s’est soldé par des morts à cause du cadre inapproprié dans lequel le spectacle avait eu lieu. Néanmoins ceux qui se sont affranchis de cet évènement tragique d’il y a plus d’une décennie ont passé de moments comme l’adjoint au Maire Soglo, l’ancienne ministre et tant d’autres jeunes qui ont fait le déplacement. 

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