MCA et Lutte contre la corruption : comment Yayi compromet son ambition

La quête du second compact du Millenium Challenge Account (Mca) fait courir Yayi dans tous les sens. Mardi dernier, il a sommé tous ses ministres de déclarer leurs biens à la Cour Suprême. Mais chose paradoxale, le même jour, dans la soirée, il aurait mis en branle sa machine, dans le cadre du vote du Budget Général de l’Etat, exercice 2014, à l’Assemblée Nationale, pour que le vote lui soit favorable.

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Améliorer son score dans la lutte contre la corruption, telle est la condition sine qua non à remplir pour bénéficier éventuellement du second compact du Mca. La semaine dernière, on se rappelle que le Bénin avait été écarté des pays qui doivent bénéficier de ce financement colossal des Etats Unis. Le Bénin n’avait pas eu sa moyenne, au niveau de l’indicateur de lutte contre la corruption. Le Conseil d’Administration du fonds lui donne pourtant une dernière chance en décembre 2014, pour améliorer son score. Tétanisé par cet échec très retentissant, Yayi tente de sauver son honneur. Le mardi, par bande passante, la télévision nationale passe un communiqué dans lequel il invite tous ses ministres à déclarer leurs biens à la Chambre des Comptes de la Cour Suprême, conformément à la Constitution. Décision salutaire n’est-ce pas ? On aurait pu dire que le Chef de l’Etat a compris la leçon donnée par les Américains. Mais ce mardi, ayant appris que son budget – le Budget Général de l’Etat exercice 2014, élaboré en violation de la Loi Organique qui régit ce domaine – est en souffrance à l’Assemblée Nationale, il sort son joker. Ces ministres et collaborateurs convoient à l’hémicycle des valises d’argent liquide, peut-être pour adoucir la position des députés. Opération justifiée par le gouvernement en disant qu’il s’agit des subventions que l’Etat devrait accordée aux partis politiques ayant des députés à l’Assemblée Nationale. Selon des textes de la république, le gouvernement devrait accorder des subventions de 5 millions à chaque parti ayant au moins un député. Mais, dans la pratique, l’annonce est faite officiellement. Les fonds, loin d’être distribués en liquidité, sont donnés dans la discrétion aux chefs des partis qui les distribuent à leurs députés. Pendant que tout cela se passait, les services de surveillance et de renseignements américains ne sont en vacances. Ils notent et font des fiches. Et même si le lendemain, Yayi va au Port pour ordonner l’incinération d’une quantité importante de drogue, l’impact de la machine de corruption pèsera bien dans l’octroi de ce financement.

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