Chaque jour qui passe, nous perdons un espace de liberté. Le Président de la République, Chef de la Refondation et ses complices travaillent a réduire notre espace de liberté. La répression dans le sang de la dernière marche pacifique des centrales et confédérations syndicales et autres organisations politiques et sociales par la soldatesque de Boni Yayi en est une illustration.
Pour ceux qui doutent encore de ce que sont devenus notre pays et sa démocratie, le mot est dehors, Nous avons bel et bien tourné le dos aux principes démocratiques et nous sommes en pleine dictature. Les manifestations comme les marches de protestation et autres sont régies et prévues par la loi dans un Etat de droit comme le notre. Point n’est besoin de sur l’existence ou non des textes car notre pays regorge de textes, même les plus superflues dans une démocratie et c’est les appliquer qui est notre problème.
Depuis l’avènement de Boni Yayi au pouvoir en Avril 2006, notre pays et sa démocratie sont soumis à rude épreuve. Non seulement on ne respecte pas les textes en vigueur, mais on a érige l’abus en norme. Notre pays s’apparente depuis plusieurs années à un espace de non- droit où le Chef de l’Etat fait ce qu’il veut et est libre de disposer de la vie de ses citoyens comme il l’entend. Ainsi, on peut contraindre des opérateurs économiques aux pressions fiscales, au grand mépris des textes en vigueur qui offrent des recours. Son appareil de répression fiscale animé par les responsables des services concernés qui ne ratent aucune occasion pour démontrer leur haine pour les opérateurs économiques, véritable bourgeoisie nationale avec laquelle ils éprouvent visiblement toutes les difficultés de ce monde à travailler comme dans tout Etat civilisé.
Cette ambiance créée et entretenue par le Chef de l’Etat lui-même ternit l’image de notre pays et engendre des frustrations dans un environnement caractérisé par l’absence totale de dialogue politique et social.
Le refus du dialogue
Il n’y a pas longtemps, Amos Elegbe, Conseiller Spécial du Chef de l’Etat a tenté de nous expliquer, sur une chaîne de télévision que c’est l’opposition qui a refuse la prétendue main tendue du Chef de l’Etat. Cette lecture n’engage que lui qui prétend connaître tous les acteurs politiques du pays et qui se positionne clairement comme l’un des artisans de la déconfiture politique ambiante. En tout cas, pour les observateurs avertis de la vie politique béninoise, notre pays est gouverné depuis le 6avril 2006 par un Chef d’Etat dont les discours tranchent avec la triste réalité. On ne peut pas citer les nombreuses manifestations de cette dichotomie entre le discours et les faits. Qu’il s’agisse de la classe politique, du secteur privé ou de la société civile, tous ceux qui ne sont pas résolus à chanter les louanges du Chef des Fcbe sont dans le collimateur du Président et de son système de répression.
Gouvernance au Bénin : à quand la fin de la politique de « deux poids deux mesures »
Le fait que les députés aient récemment du recourir au mode de scrutin secret pour le vote du budget de l’Etat exercice 2014 en est la parfaite illustration et certains députés de l’opposition et même de la mouvance critique ne l’ont guère caché. Quelle est cette démocratie ou les députés, élus du peuple et dont investis de la légitimité du peuple (tout député béninois étant député de la nation une fois élu) doivent se cacher pour exprimer leur vote sur le budget? Que veut le Président Boni Yayi en créant un environnement de peur et de terreur tous azimuts dans notre pays?
Le règne de la peur, de l’arbitraire.
On ne reconnaît plus notre pays. Ceux qui ont suivi avec une certaine fierté l’entrée de notre pays dans le cercle alors fermé des pays de démocratie au début des années 1990 se posent aujourd’hui la question. Que se passe t-il au Benin? Les Etats-Unis, les Pays-Bas, le Danemark et le Canada ont saisi la balle au bond au début de notre processus de démocratisation pour soutenir la sociéte civile et aider le pays a créer les conditions de renforcement de la démocratie. De même ,ces pays ont apporté un appui substantiel au processus électoral depuis le début de notre histoire démocratique. Qu’il s’agisse de l’adoption du bulletin unique, de l’utilisation de l’encre indélébile et surtout de l’implication de la société civile dans le processus électoral, le gouvernement américain et les autres partenaires ont joue un rôle éminemment important. C’est dans ce même contexte de renforcement de notre processus démocratique que de nombreux citoyens béninois toutes catégories professionnelles confondues (société civile, juristes, journalistes, députés, femmes activistes, médecins, etc) ont pu se rendre en voyage d’échanges aux Etats-Unis pour confronter leur expérience aux réalités américaines. Tous ces efforts engagés depuis le début des années 1990 ont donne naissance a une société civile vibrante dont certains représentants portent loin et de plus en plus en plus les voix des sans voix tandis que d’autres jouent à merveille leur partition dans la médiation sociale au niveau communautaire.
Martin Assogba, “success story » de la société civile béninoise
Un des résultats concrets de ces différents appuis des partenaires au processus de démocratisation au Benin est l’Ong Alcrer et son Président Martin Assogba, Ce Béninois courageux qui a bâti pierre par pierre son organisation dans le courage, la discipline et la ténacité force respect et admiration, est l’expression même du modèle d’acteur de la société civile que le programme de gouvernance démocratique soutenu depuis 1993 par nos partenaires a généré. Si de nombreuses autres Ong ont pu émerger dans leur domaine respectif (Gages)pour l’éducation par exemple, Apétectra pour l’action communautaire et l’Odem pour la presse) avec l’assistance de la partie américaine, Martin Assogba et Alcrer sortent du lot grâce à la performance de son organisation sur l’échiquier national et à sa capacité de mobiliser des ressources pour poursuivre ses activités avec courage et abnégation.
En cherchant a lui ôter la vie comme on a pu observer avec la fusillade dont il a été l’objet le 10 décembre dernier, les commanditaires de cet acte criminel et leurs complices ont voulu éteindre une voix qui porte haut, l’étendard de la démocratie béninoise. Ils ont surtout voulu faire la voix de la liberté incarnée par Martin Assogba, un homme qui avec courage et détermination mène un combat à visage découvert contre la corruption et éveille les consciences sur les tares de la gouvernance de notre pays.
La violence, l’arme des faibles et des anti-démocrates
Sous le régime du Président Boni Yayi les Béninois subissent régulièrement des actes de violence de source vraiment sujette a caution. Le nombre d’atteintes à l’intégrité physique des Béninois enregistrées est sans précédent. Combien de Béninois n’ont pas fatalement perdu la vie du fait de ce régime abonne a la violence gratuite sur ses propres citoyens. Notre démocratie qui devrait offrir un cadre d’épanouissement sécurisé pour les citoyens est devenue meurtrière et nos dirigeants ont toujours failli à convaincre, si ce n’est pas la justice qui garde aussi un silence assourdissant, sauf dans quelques rares cas. Qu’il s’agisse des tueries banalisées comme celles du journaliste Christophe Houngbo et de sa famille, de l’ancien Ministre Agbossou-Sohoudji, de la disparition d’Urbain Pierre Dagninvo jamais retrouvé, des massacres de Digbadja dans le plateau jamais élucidés ces actes de violence dont les auteurs n’ont jamais été identifiés, traduits en justice encore moins punis, achèvent de discréditer notre démocratie.
La répression des responsables syndicaux et de leurs militants impliqués dans la marche pacifique autorisée du Vendredi 27 décembre 2013 donne la preuve supplémentaire du mépris du régime de Boni Yayi pour la démocratie et de sa forte propension à la violence. Comme on le sait, la violence est l’arme des faibles, de ceux qui n’ont pas d’arguments à faire valoir sur le droit, la justice et les légitimes aspirations des populations à la paix et à la concorde. Ces responsables syndicaux que sont Pascal Todjinou, Gaston Azoua, Paul Esse Iko et d’autres braves citoyens, sont les vrais artisans de notre démocratie, des combattants infatigables de la liberté. Le Président Boni Yayi et son gouvernement leur doivent du respect, car son avènement au pouvoir est aussi le résultat de l’aboutissement de leur lutte sous les régimes précédents. Ils ne sont pas au dessus de la loi, mais ils n’ont encore enfreint aucun texte de la République en décidant de manifester pacifiquement pour que le taux élevé de corruption baisse dans notre pays. Leur cri de détresse est juste et portera toujours loin. Comme l’a écrit Aime Cesaire dans Cahier d’un retour au pays natal (1939) “ma bouche est la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche. Ma voix, la liberté de celles qui s’affaissent au cachot du désespoir”. La lutte que mènent ces vaillants compatriotes contre l’arbitraire et la chosification des travailleurs et du peuple portera à coup sûr ses fruits et la démocratie connaîtra une autre phase plus radieuse de son parcours.
La courte échelle ou l’isolement
L’un des corollaires de la politique de répression et de terreur en cours, c’est la division des Béninois. Comme le Président lui-même l’a indiqué au cours de son entretien du 1er Aout 2012, il reconnait les sens parmi les Béninois. Ces propos dans le contexte du Benin depuis Avril 2006 réflètent parfaitement l’idéologie régionaliste marque de nombreux hauts fats du Prince et de ses exécutants. C’est le cas du concours frauduleux de recrutement des agents de l’Administration des Finances que le régime a décidé de valider. Cette honteuse entreprise est une illustration parfaite de la volonté du Président Boni Yayi d’utiliser le régionalisme comme moyen de répression contre une partie du pays connaissant bien les sentiments que suscitent ces actes au sein de cette large partie de la population.
Mauvaise gouvernance au Bénin : quand Yayi donne raison à Célestine Zanou
On peut distribuer de l’argent pour corrompre certains. On peut utiliser les postes de l’administration pour régler des comptes politiques; mais on ne pourra jamais corrompre tout le monde. Comme l’a indiqué Mr Jean-Baptiste Elias, Président du Fonac, on a place à la tête de nos administrations des femmes et hommes non qualifies et non préparés pour assumer des responsabilités qu’on leur a confiées. Le résultat, c’est la contre-performance et l’exacerbation de la corruption qui ont atteint un niveau jamais égalé. Quand le Millenium Challenge Corporation a déclaré notre pays inéligible en raison de la gangrène de la corruption qui a pris le pays par la tête, Boni Yayi et ses sbires on subitement changé de discours. Pour eux, ce sont les autres, c’est a dire le peuple qui est corrompu et non eux qui ont mis en place un système de régionalisme, de clientélisme et donc d’impunité. Comme a l’accoutumée, ils ont choisi de tourner le dos à la vérité. Et pourtant, tout le monde sait qu’avec les femmes et les hommes propulsés à la tête de nos administrations y compris dans de nombreux postes ministériels, c’est la médiocrité qui est de mise. Des personnes formées pour être Secrétaires de Direction sont devenus Ministres, des demi-lettrés qui ne sont capables ni d’analyse, ni de discernement sont propulsés Ministres et baragouinent des choses, prétendant s’exprimer. Quelle honte pour le Benin dont le monde entier connaît la qualité des cadres !
Le Monde entier nous observe
Le Président de la République et son groupe sont en train de saper les fondements de notre démocratie. En huit années de gouvernance, ils ont entrepris de démanteler l’édifice mis en place dans la douleur, la souffrance et l’abnégation par le peuple béninois depuis l’historique conférence nationale de Fevrier 1990. Notre pays est devenu la risée du monde parce qu’ayant reculé dans presque tous les domaines de la vie auxquels un pays sérieux peut être identifié et reconnu sont en berne sinon plombes par l’incompétence de ceux qui dirigent puisque ceux qui subissent la frustration donnent la fausse impression de travailler. Dans les régies financières, faites vos enquêtes et vous verrez la qualité des cadres qui dirigent les directions et de ceux-là même qui sont placés à des postes de responsabilité pour capter les ressources. Aucun pays sérieux ne se développe en inversant les valeurs comme on le fait sous nos cieux.
Qu’il s’agisse de la filière coton, de la gestion du Port, de l’industrie, et même des secteurs sociaux (éducation et santé), de la culture, des loisirs et des Sports, qu’on me dise dans quels secteurs nous avons fait des progrès. Les seules réalisations visibles, c’est la construction d’infrastructures (routes, parlement, etc) avec leur cortège de corruption et d’éléphants blancs. Boni Yayi a failli et c’est peu de le dire ainsi; il a échoué, il est incompétent, bref, il n’est pas capable. Ses pairs du continent l’ont découvert à la faveur de sa présidence de l’Union Africaine et ils en ont fait certainement leurs coteries, malgré l’hypocrisie diplomatique qu’on nous montre avec leur cortège de décoration à la pelle. On ne reconnaît plus notre pays. Le Bénin respire l’incompétence et la médiocrité.
La réduction ou le retrait subtil de l’aide
S’il est légitime de penser que chaque peuple détient les clés de son développement, il est tout aussi réaliste d’intégrer dans nos analyses, les réalites du monde moderne, à savoir que le monde est aujourd’hui interdépendant et qu’aucun pays ne peut prétendre assumer son bonheur dans la solitude et l’isolement. Il faut donc se préoccuper des informations faisant état des retraits de certains partenaires importants de notre pays, qui pour des raisons liées à la mal gouvernance ambiante, se retirent sur la pointe des pieds ou réduisent leur appui à notre pays. C’est le cas du royaume du Danemark. C’est aussi le cas du gouvernement américain dont l’aide se réduit progressivement. La dernière décision sur l’inéligibilité du Benin au second compact du Mca doit être analyse dans une approche holistique, au lieu de se contenter de l’indicateur de corruption. Le Benin souffre d’une mal général dont la corruption n’est qu’un des aspects. Nous avons mal à la tête, la paix est menacée, les risques de révolte sont palpables et la pauvreté, terreau de toutes les frustrations sociales gagne du terrain. Cerise sur le gâteau, personne ne peut décoder le langage du Chef de l’Etat qui a répété à satiété qu’il quitte le pouvoir en 2016, mais s’accroche curieusement a un projet de révision de la constitution dont les motivations cachent mal la volonté de saper les fondements de notre démocratie jusque la nourrie à la sève de l’alternance au sommet de l’Etat. Dans ces conditions combien de partenaires amis du Benin peuvent continuer à investir chez nous? Sauf ceux qui viennent y faire pêcher dans les eaux troubles des grés à gré et de la prédation économique.
Des raisons d’espérer?
Il n’est jamais tard pour bien faire dit-on. Aussi, faut-il s’autoriser à nourrir l’espoir que les signes encourageants qui nous viennent du Parlement se poursuivront et contribueront à montrer au Chef de l’Etat qui dort dans sa “boule de cristal”, les vraies réalités du pays et la profondeur du tort qu’il continue de causer à notre pays. Qu’il s’agisse de la création du nouveau Groupe Parlementaire présidé par l’honorable Candide Azanai, des propos et prises de position qui ont abouti au rejet du budget de l’Etat exercice 2014 ou encore du discours du Président Mathurin Nago a l’occasion de la cérémonie de présentation des voeux au Chef de l’Etat le Lundi 06 Janvier 2014, on peut se féliciter de ce qu’une prise de conscience est née au sein de ceux-là même qui, il y a quelques mois seulement, prenaient du noir pour du blanc et des vessies pour des lanternes. Il faut leur reconnaître leur courage face à une machine à broyer et à détruire. Du jamais vu sauf dans les régimes dictatoriaux. Et dire que dans ce même parlement il y a quelques années, on a enfermé des élus du peuple a qui on a extorqué des procurations et faire des allégeances. Un spectacle même indigne de la Chine du temps de Mao zé Dong.
C’est ici toute la signification et la beauté de la notion de peuple. Le peuple est une donnée sociologique, mais il ne réalise de changement majeur que grâce a des leaders qui, a un moment donne, prennent le risque de dire non au Chef et à ses sbires, lorsque l’intérêt national l’exige et favoriser l’accomplissement des légitimes aspirations des populations. A défaut de n’avoir pas intégré cette donne dans leur participation au régime Yayi, certaines personnalités qui se sont contentées de jouir des délices du pouvoir sans jamais publiquement désavouer les dérives du pouvoir et ses multiples atteintes aux libertés s’essayeront à découvrir la réaction du peuple. On ne change pas un dictateur en lui chuchotant des choses à l’oreille, mais en dénonçant publiquement ses dérives. Et nul ne peut être reconnu par le peuple comme son défenseur pour l’avoir mis a bass de ses préoccupations. En politique, rien n’est jeté et le peuple n’est pas amnésique. Avis aux sages de la Cour Constitutionnelle et aux responsables d’autres institutions qui pensent noyer la démocratie béninoise dans le panier de leurs intérêts égoïstes en prenant des décisions qui soulèvent plus d’inquiétude qu’elles ne régulent le fonctionnement des institutions..
Ne pas s’arrêter en si bon chemin
Egalement de l’Assemblée Nationale, les nouvelles qui nous parviennent ces derniers temps sont réconfortantes car, elles donnent l’indication de la volonté de certains élus du peuple de demander des comptes au Chef de l’Etat et à son gouvernement sur la gestion de notre pays. Si le processus de la vraie redevabilité et de l’obligation de rendre compte est déclenché deux ans avant la fin de ce mandate usurpé, alors le peuple, au moins dans sa partie consciente, pourrait pousser un ouf de soulagement. Au lieu de nous rebattre les oreilles avec des histoires insensées et contre-indiquées de révision au forceps de la constitution, on assistera a des révélations sur les scandales d’Etat dont Dieu sait qu’ils sont si nombreux et connus de tous qu’il serait fastidieux de les lister. Nous devons donc encourager les députés, toute tendances confondues à aller dans ce sens, celui de la dignité et du respect du mandat qu’ils détiennent directement du peuple pour que a l’avenir, aucun dirigeant ne vienne impunément piétiner le peuple comme Mr Boni Yayi et ses complices de 2006 l’ont fait et continuent de le faire.
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