Pascal Todjinou, Sg Cgtb : «L’Unstb est supérieure au gouvernement» : Si vous permettez à l’un d’eux de placer un petit mot, vous avez suspendu les négociations. Point. Ce n’est pas une affaire de dictature. Nous voulons dire au chargé de presse du ministre Sounton d’éviter de se moquer de nous jusqu’à ce niveau-là.
Parce que vous avez parlé et il demande à la presse de se retirer. Pourquoi ? En quelle qualité ? Il a quel pouvoir ? Donc, il ne veut pas que nous parlions. Que nous soyons aphones pour qu’il fasse son commentaire. Ce n’est pas normal. Il nous a embêtés deux fois tout à l’heure. Et j’ai déjà dit. Maintenant que nous voulons parlez, il demande à la presse de se retirer. C’est lui qui paie la presse ? C’est lui qui vous paie ? Qu’est ce que ça veut dire ? Cette moquerie-là si vous voulez le dialogue, vous devez faire en sorte que ça cesse. Voilà ce que je voulais dire. Et insister que si l’un d’eux veut placer un petit mot, vous aurez suspendu les négociations.
On est prêt à travailler. Si on n’était pas prêt on n’allait pas venir. Donc vous voyez, ils ont fabriqué l’Unstb pour se moquer de nous. Et l’Unstb dit je ne sors pas même une grue de 6 tonnes. Ça veut dire que l’Unstb est supérieure au Gouvernement, aux Hauts conseillers, au Haut commissaire à gouvernance concertée, au président du ces institutions et au médiateur de la république. Vous voyez l’Unstb ? Elle a une force terrible. Mais ça c’est grave c’est une moquerie pour mon pays. C’est une moquerie que plusieurs ministres soient venus et qu’on ne soit pas en mesure de dire monsieur le Secrétaire général de l’Unstb sortez sinon on vous prend. Mais je voudrais vous annoncer que nous on est toujours disponible. Deuxième chose, je voudrais vous annoncer solennellement que chaque semaine maintenant trois jours : mardi, mercredi, et jeudi, il y a mouvement de grève.»
Paul Esse Iko, Sg/Cstb : «Le gouvernement vous a mis là pour faire du dilatoire»
«Monsieur le président, j’ai cru savoir que vous êtes venu à vos propres dires pour une décrispation. Dans tous les pays, d’ici jusqu’à l’Onu, lorsqu’on veut faire des négociations, on essaie toujours de voir les conditions les meilleures. Je constate tout simplement que le gouvernement vous a mis là pour faire du dilatoire. C'est-à-dire pour faire traîner les choses. Nous sommes mandatés par nos militants, on ne peut pas nous faire asseoir à la même table que Zounon. Après avoir entendu tout ce qu’ils ont dit, tout le fiel qu’ils ont déversé sur nous. Pour que vous en prenez acte après pour montrer l’échec des négociations. Contrairement à ce que vous croyez, nous on veut que ces négociations réussissent et qu’on ait un bon résultat. Mais vous avec votre démarche, vous ne voulez pas un bon résultat de nos négociations. Si vous le vouliez, depuis qu’on a dit qu’on ne veut pas de ces gens à la table de négociation avec nous, vous les auriez fait sortir. Mais si vous les laissez placer, une seule virgule, un seul mot, nous on est parti.»
Dieudonné Lokossou, Sg/Csa-Bénin : «Donc il y avait des loups dans la bergerie»
«Nous avons compris que le gouvernement même a sa centrale qui est dans sa poche parce que nous ne sommes pas dans un contexte de la commission. Depuis 2012, cette commission là ne fonctionne plus. Il a fallu que des gens réclament et nous avons même écrit. Donc c’est une situation tout à fait particulière. Et vous ne devez pas venir cautionner l’injustice et dire que nous sommes dans un état de droit. Mais nous voyons combien de fois les tenants du pouvoir parlent. Nous, on parle combien de fois. Vous êtes là, on parle combien de fois ? La liberté, ce n’est pas ici que nous allons l’exercer ? C’est à la Bourse du Travail. C’est nous qui avons demandé, c’est nous qui avons des problèmes. Si c’est un cadre normal et qu’on convoque tout le monde, nous pouvons comprendre. Si une confédération aujourd’hui a un problème avec le gouvernement, va-t-il convoquer tout le monde pour dire qu’on a un cadre? Non. On a dépassé le cadre. Parce que nous avons entendu l’argumentation des autres qui disent que si c’est ça que tous ceux qui ne font pas partie du cadre normal doivent partir d’ici. Mais s’ils prennent le micro, nous nous allons sortir. Cela est clair et net.
Je crois que vous avez assisté au triple spectacle auquel nous avons assisté. Et nous avons constaté que le gouvernement a invité une confédération jaune que moi je baptise une Ong. Donc il y avait des loups dans la bergerie. Mais les gars n’ont fait aucune revendication, ils n’ont aucune préoccupation. Ils ont mis tout le temps à tirer à boulets rouges sur les confédérations et maintenant on se retrouve à la table de négociation et subitement ils s’y retrouvent. C’est de l’opportunisme. Nous on ne peut pas assister aux négociations dans ces conditions là où notre sécurité n’est pas assurée.»
Noel Chadaré, Sg/ Cosi-Bénin : «Nous ne voulons plus continuer à faire du dilatoire»
«Moi je me demande si le gouvernement veut la décrispation. On fait venir quelqu’un qui n’est pas signataire de la motion. Sur le terrain déjà, lorsque nous avons pris notre motion, cette personne Zounon est allée sur le terrain pour faire des déclarations contre le mouvement de grève. Avec quel moyen d’ailleurs. On vient encore ici, pour que nous pussions nous retrouver pour échanger. Il a fait de l’obstruction sur le terrain et il vient encore faire de l’obstruction ici pour empêcher qu’il y ait négociation. Est-ce que le gouvernement veut la décrispation ? Nous ne voulons plus continuer à faire du dilatoire. Si vous voulez l’admettre, vous l’admettez et nous on s’en va. Vous discutez avec lui. Et quand vous voudriez discuter avec nous, vous nous appellerez et on va échanger. Les gens qui sont en lutte c’est avec ceux- là qu’il faut discuter.»
Emmanuel Zounon, Sg/Unstb : «Je suis encore concerné»
«Je suis du privé et je sais ce que c’est que la production de la richesse. Le syndicat, ce n’est pas du théâtre, ce n’est pas du kaléta. Que des retraités mettent des travailleurs en grève parce qu’on ne peut pas leur faire de défalcation, c’est autre chose. J’ai été invité par le ministre du travail pour prendre part à la négociation de ce jour. Si c’est dans le cadre de la commission de négociation gouvernement/syndicats, je suis membre. Si c’est dans le cadre de la grève en cours, je suis encore concerné parce que non affilié, les greffiers et les auxiliaires de la justice depuis plus d’un mois sont en grève. Et on a besoin de discuter. L’Unstb étant un apôtre du dialogue du social, on m’a invité, je réponds présent. Dès lors que j’ai reçu un mandat d’être dans la salle, aucune force à part Dieu, même une grue de 200 tonnes ne peut me sortir de cette salle.»
Jean Agossou, Sg/Csub: «Je respecte le gouvernement qui m’a invité»
«Je voudrais savoir si le ministre Sounton est dans la salle ? S’il est là je voudrais humblement l’inviter à prendre la parole après le petit mot que je vais dire. Ma centrale, la centrale des syndicats unis du Bénin est une centrale très respectueuse des lois qui n’agite jamais la population pour rien. Moi-même Jean Agossou, Secrétaire général, je suis un homme respectable et respecté. Si je suis ici, c’est parce que je respecte le gouvernement qui m’a invité. Les membres du gouvernement me connaissent, ces histoires là ne m’intéressent pas parce que c’est de la politique. Je suis un homme de gauche mais je ne fais pas le mélange du syndicalisme et de la politique. Il est inadmissible que lorsqu’on arrive à des séances de ce genre, des hauts responsables parce qu’ils ont été élus par les travailleurs, puissent avoir des propos infamants, diffamatoires, discourtois. Si on a même un minimum d’expérience de négociation, les propos qu’ils ont prononcés ont déjà bloqués les négociations. Et dire que ces gens là sont candidats à la gestion du pays. Vous êtes tous témoins des propos irrespectueux, inconvenants qu’ils ont prononcés ici. Quel peuple pourrait se soumettre à ces personnes. Nous sommes tous, pour la plupart mécontents de la manière dont on gère le pays. Mais nous n’allons pas renverser les choses pour les renverser ? Nous avons l’expérience aujourd’hui. Nous avons vu la Côte-d’Ivoire, on a mis les gens dans les rues et après c’est la guerre. Nous ne permettrons pas cela. Notre pratique ce n’est pas de descendre dans la rue. Mais s’il faut descendre dans la rue, nous allons leur montrer. Lorsque moi je marchais depuis la place de l’Etoile Rouge jusqu’à la Bourse du Travail, il y avait combien ? C’est en 1989, qu’il fallait lutter… quand vous m’invitez, et là j’appelle le gouvernement, évitez de me mettre devant ce genre d’évènement.»
Propos recueillis par Yao Hervé Kingbêwé