Déconfiture du système éducatif béninois : Célestine Zanou et les «Leaders» diagnostiquent un mal politique

Sujet de débats hier au Novotel hôtel de Cotonou lors de l’ouverture de la 2ème saison du ‘’Café des leaders’’, le système éducatif béninois de ses origines à aujourd’hui a été passé en revue, ses insuffisances relevées et des projections faites.

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Le système éducatif béninois est malade et l’Ecole comateuse. Et «la dérive n’est pas loin». Pour sa rénovation, il urge de s’y pencher et d’y réfléchir. C’est à cela que sont adonnés les «leaders du Café des leaders » sur initiative de la présidente de ‘’La dynamique du changement pour un Bénin debout’’, Célestine Zanou. Réunis hier au Novotel hôtel de Cotonou autour du thème : «Le système éducatif béninois : passé, présent et futur », Célestine Zanou et les «leaders», tels des médecins, ont passé au peigne fin l’Ecole béninoise et le système d’éducation nationale. Cela, à la lumière d’une communication d’Adélaïde Fassinou Allagbada, enseignante de Lettres à l’Université d’ Abomey-Calavi.

Du diagnostic du système éducatif béninois d’hier à aujourd’hui, il ressort que «le problème majeur de notre système éducatif reste essentiellement politique». En effet, de la communication de l’enseignante Allagbada, il apparaît que les documents d’orientation du système éducatif national existent. Et cela à foison notamment depuis la période d’après l’indépendance. Mais, à en croire la communicatrice, il s’est toujours posé un  problème de coordination des nombreuses politiques de développement et d’orientation du secteur. En plus de ce problème de coordination, il s’avère que les différentes réformes opérées depuis les périodes coloniales à aujourd’hui, sont contraires aux aspirations du peuple.

Dans leur diagnostic, les «leaders du Café des leaders» ont remarqué qu’il y a une inadéquation entre l’Approche par compétence qui est plus une méthode pédagogique qu’une réforme du système éducatif et l’environnement béninois. «Son maintien n’est dû qu’à la volonté des bailleurs et des décideurs de ne pas rebrousser chemin», ont-ils souligné avant de se demander si l’on peut construire un pays en se basant sur ces considérations.

Remettre l’Ecole sur les rails de l’excellence

Dans leur rôle de médecins, les leaders du Café des leaders n’ont pas que relevé les maux du système éducatif national. De leurs différentes discussions ont en effet, germé des idées. Et comme ils en ont l’habitude,  fait des propositions qui pourraient, lors du 2ème forum national sur l’Education en préparation, permettre de remettre l’Ecole béninoise sur les rails de l’excellence.  

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Convaincus que «seule une décision politique remettra l’école sur les rails de l’excellence» et donc l’Homme, la présidente Célestine Zanou et les « leaders du Café des leaders» pensent qu’il   faut «repenser l’Homme» et sa formation. Pour l’initiatrice du ‘’Café des leaders’’, la formation des hommes et femmes du Bénin doit tenir compte des réalités nationales et de nos ambitions de développement.

Par rapport à l’optique de repenser l’Homme et adapter sa formation à nos besoins, le professeur Jean Delphonse Mélé, deuxième communicateur, pense que l’Indicamétrie, «sciences des sciences éducatives», a un rôle à jouer. Selon le communicateur Mélé, cette science inventée par le Professeur Moustapha Diabaté et fortement encouragée par l’Unesco, aidera à une bonne orientation des apprenants, futurs cadres, dans les domaines de prédilections. Aussi, soutient le professeur Mélé, l’indicamétrie contrairement au système actuel qui forme des hommes compétents et pas forcément capables, permettra de former des hommes et des femmes capables dont a besoin le Bénin pour son développement.

Toujours dans les propositions pour sortir l’Ecole béninoise de sa léthargie, Célestine Zanou et les «leaders du Café des leaders» jugent utile de mettre fin au clientélisme et aux manœuvres politiciennes afin que l’éducateur, l’enseignant puisse non seulement transmettre à l’apprenant le savoir mais aussi son savoir-être.  

Signalons que le ‘’Café des leaders’’ initié par la présidente de ‘’La dynamique du changement pour un Bénin debout’’, Célestine Zanou pour réfléchir sur les problèmes de développement du Bénin  est dans sa deuxième saison. Et la tasse d’hier est la 8ème.

Discours de Célestine Zanou lors de la cérémonie de clôture de la 8ème tasse du ‘’Café des leaders’’

DISCOURS DE CLOTURE AU CAFE DES LEADERS N° 8 du 26/02/2014

Par  Mme Célestine ZANOU/ Présidente du CDL

THEME : Le système éducatif Béninois : passé, présent et futur

Monsieur le Président du Présidium

Chers Leaders du Café des Leaders

Se pencher sur le système éducatif béninois dans un triptyque : rétrospective, état des lieux et perspectives relevait, comme je l’ai dit à l’ouverture de nos travaux, d’un immense champ d’analyse et de réflexion. Nous avons fait le choix responsable de nous pencher essentiellement sur l’ECOLE, structure formelle d’enseignement dans notre pays.

Avec les différentes communications et les fructueux débats, je puis affirmer que les fruits ont tenu la promesse des fleurs ; l’ECOLE Béninoise fut disséquée dans son fond comme dans sa forme et les idées de réformes ont germé.

Dans une brillante communication, le système éducatif béninois passé au peigne fin a permis de mettre en exergue cinq points essentiels :

1. Une réforme contraire aux aspirations du peuple, une réforme extravertie et conçue sans la participation des enseignants est susceptible d’être rejetée et elle l’a été dans le passé dans notre pays ; les enseignants sont donc invités à la vigilance.

2. L’Ecole Nouvelle avait des intentions louables mais elle a péché par la méthodologie de mise en œuvre malgré sa copie pour application par des pays tiers.

3. L’Approche par Compétences (APC), qui est plus une méthode qu’une réforme pose problème du fait de notre environnement qui ne s’y prête guère ; elle est en inadéquation avec le milieu et son maintien n’est dû qu’à la volonté des Bailleurs de Fonds de ne pas reculer en raison des investissements faits par eux pour la promouvoir, volonté des partenaires au Développement à laquelle s’ajoute celle des décideurs, les gouvernants qui refusent de rebrousser chemin juste pour ne pas décevoir ces partenaires , au détriment du rejet de cette approche par les premiers concernés que sont les enseignants.

4. Pour promouvoir une éducation de qualité, il faut éviter le clientélisme et les manœuvres politiciennes et faire en sorte que le Maître inculque à l’apprenant non seulement ce qu’il sait mais aussi et surtout ce qu’il est.

5. Dans notre système éducatif  et au regard de l’arsenal de textes existant, la boussole n’est pas ce qui fait défaut ; seule nous manque  donc une coordination de qualité au sommet et son inexistence pose vraiment problème.

Il en découle que seule une décision politique permettra de remettre l’ECOLE béninoise sur les rails de l’excellence.

C’est cette chute qui met l’accent sur l’HOMME, objet de la seconde communication consacrée à l’INDICAMETRIE. Cette science encouragée par l’UNESCO développe chez l’HOMME, ses capacités existentielles à ne pas confondre avec ses compétences. L’Indicamétrie  prépare l’Homme à faire ses choix de vie, des choix réels et réalistes qui justifieront son positionnement dans la vie active et susceptibles d’impulser le développement.

Notre pays qui a toujours réfléchi aux différents choix de son avancement apparait comme le premier dans l’énoncé des raisons d’agir mais reste le dernier dans la rationalité des moyens d’action. C’est un problème de volonté politique. Or, l’on ne peut faire grandir l’arbre sans l’aider à enfoncer ses racines dans la terre nourricière, c’est-à-dire ses capacités conceptuelles.

Il s’en suit qu’il nous faut former des HOMMES adaptés au milieu, ce terrain que nous voulons développer. L’indicamétrie dans sa forme conceptuelle pourrait aider au développent économique de l’Afrique en général ou du Bénin en particulier car elle pourrait contribuer d’une part à l’orientation des Hommes et éviter des choix hasardeux et d’autre part à rénover le système éducatif .

Si tel peut être le cas, une projection de notre système éducatif s’impose afin d’amener les dirigeants politiques à s’y conformer. C’est un champ que pourraient explorer les états généraux en vue dans notre pays étant entendu que le problème majeur du système éducatif béninois est essentiellement politique confirmant ce constat de départ de notre cercle de réflexion et d’analyses qu’est le Café des Leaders.

Avec ma gratitude infinie à tous pour cette belle et abondante moisson sur le système éducatif béninois, je vous souhaite un bon retour dans vos foyers respectifs et vous dis à très bientôt pour un prochain Café des Leaders toujours avec la même ferveur et la détermination inébranlable de continuer à faire entendre la voix du juste, du bon et du vrai.

JE VOUS REMERCIE

 

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