Face à la crise générale : Fatoumatou Batoko Zossou écrit une lettre ouverte au Président Boni Yayi

Face à l’entêtement du gouvernement et de son chef dans la crise actuelle, une voix se fait entendre, celle d’une femme Fatoumatou Batoko Zossou du Wanep envoie une lettre ouverte au Chef de l’Etat.

Publicité

Dans cette lettre, elle demande au Chef de l’Etat de prendre un engagement écrit de ne pas se présenter à l’élection présidentielle de 2016 et lui demande aussi d’engager le dialogue inclusif avec la classe politique et les acteurs de la société civile.  

Cotonou, le 24 février 2014
Lettre Ouverte
(Notre peur, notre cri de cœur)
A son Excellence Docteur Boni YAYI,
Président de la République, Chef de l’Etat, Chef du Gouvernement.
Excellence Docteur Boni YAYI,

En m’associant  aux positions des ‘’Femmes pour l’édification de la paix / Women in Peacebuilding (WIPNET- Bénin)’’ membre du ‘’ Réseau Ouest Africain pour l’Edification de la Paix / West Africa Network for Peacebuilding (WANEP-Bénin)’’ et en ma qualité de fille puis de femme du Bénin, je me fais Porte-parole des femmes et des enfants du Bénin, pour vous exprimer notre cri de cœur.   

Avant tout je voudrais vous rappeler cet adage courant de chez nous qui dit «c’est le plus grand, le plus sage qui doit lâcher les rênes de la bagarre». Au nom des femmes et des enfants du Bénin, je vous demande de personnellement lâcher prise en ce qui concerne la crise sociale qui secoue notre pays et qui risque de s’embraser. Les membres de votre gouvernement et vos soutiens ne passeront pas outre vos consignes si vous décidez d’apaiser les tensions.

Publicité

Monsieur le Président de la République, Excellence Docteur Yayi Boni, Les jeunes sont désorientés et de plus en plus révoltés. La colère monte au sein des populations et la peur envahit petit à petit les femmes que vous estimez aimer de tout votre cœur. Si vous n’apaisez pas les tensions, elles auront du mal à supporter les conséquences des positions de leurs dirigeants en plus des frustrations et autres violences quotidiennes dont elles sont déjà l’objet.

Excellence Docteur Boni YAYI, Président de la République, les magistrats sont en grève, nos écoles publiques sont presque toutes fermées et nos enfants sont livrés à eux-mêmes dans les écoles et comme vous vous en doutez, les risques sont énormes pour nos filles. Nos hôpitaux ne fonctionnent presque plus, l’administration publique est paralysée et le commerce agonise. Tout est au ralenti et ceux qui en payent le lourd tribut, ce sont les pauvres dont la plupart sont les femmes et leurs enfants.  

Chaque jour nos inquiétudes s’accroissent et l’anxiété nous envahit quand nous apprenons, par exemple, que les travailleurs de la SONEB aussi se préparent à entrer en grève et que l’expression de leur mécontentement se  manifestera par la coupure d’eau courante à toute la population ; que les travailleurs du Port Autonome de Cotonou, ceux de la Société Béninoise de Manutention Portuaire et 02 autres sociétés se préparent aussi à rallier le rang des grévistes.

Monsieur le Président, imaginez-vous notre vie et surtout la souffrance des femmes et des enfants sans eau courante ?

Malheureusement, c’est ce qui risque d’arriver si vous ne lâchez pas prise, Monsieur le Président de la République. Et si cela advenait ; il serait difficile d’empêcher de douter de cet amour pour les femmes que je prendrai comme un amour politicien.

Excellence Docteur Boni YAYI, Président de la République, je vous ai vu à la télévision dire des mots que vous ne devriez pas dire si vraiment vous aimez les femmes et les enfants de notre pays. Vous avez menacé de bondir Monsieur le Président. Mais si vous bondissez, vous ne pourrez pas ne pas emporter dans votre élan les femmes et les enfants du Bénin. Hé oui ! Ce sont plutôt les femmes et les enfants que vous dites aimer que vous mettrez sur les routes et les pistes du fait de votre bond. Ils y seront, Monsieur le Président, à la quête d’endroits plus paisibles avec tout ce que cela comporte comme désagréments et misères.

Monsieur le président de la République ! Il n’y a pas mille solutions à la crise sociale que nous traversons en ce moment; la solution c’est vous. Et au nom de toutes les femmes et de tous les enfants du Bénin je vous prie de calmer vos concitoyens en rassurant et en assumant.

Monsieur le Président de la République ! Un gage de paix pour un pays démocratique comme le nôtre est l’organisation à bonnes dates d’élections crédibles.

Il y a beaucoup d’incertitudes en ce qui concerne la disponibilité de la Liste Electorale Permanente Informatisée (LEPI) et l’organisation des prochaines élections au Bénin. Et ici aussi, vous avez un grand rôle à jouer.  

Je vous prie Monsieur le Président de la République au nom des femmes et des enfants du Bénin d’apaiser le pays en faisant main levée sur la correction de la Liste Electorale Permanente Informatisée (LEPI) pour que les élections locales, communales et municipales puissent avoir lieu avant la fin du premier semestre 2014 et que les législatives et présidentielles à venir puissent se tenir à bonnes dates.

Monsieur le Président de la République ! Je crois aussi qu’au-delà des revendications des travailleurs, il y a des sujets clés sur lesquels je vous prie d’apaiser l’opinion publique Monsieur le Président de la République.  Il s’agit surtout de la question de votre départ de la tête du pays au terme de votre mandat en 2016 dont les Béninois doutent encore malgré vos nombreuses professions de foi.

Je vous prie au nom des femmes et des enfants du Bénin d’apaiser le pays en prenant un engagement écrit que vous ne vous représenterez pas aux élections présidentielles prochaines ; en responsabilisant davantage chaque Ministre pour qu’il se concentre principalement sur les problèmes du département dont il a la charge et en interdisant l’affichage sauvage de vos images qui participent à jeter le doute sur votre réelle volonté de vous retirer en 2016 et à bonne date.

Je  vous prie Monsieur le Président de la République au nom des femmes et des enfants du Bénin d’apaiser le pays en faisant en sorte que les décisions de justice soient respectées et en donnant des instructions pour protéger la vie de tous vos compatriotes quelles que soient leurs opinions.

Oui ! Le bruit court qu’il y aurait à la Présidence une liste de personnalités, fils et filles du pays à éliminer physiquement. Je vous prie Monsieur le Président de la République de nous rassurer que cette liste macabre n’existe pas.  

Enfin Monsieur le Président de la République, le moment est venu d’entreprendre le dialogue inclusif appelé par toute la classe politique et les forces sociales sur les préoccupations actuelles du pays.

En écoutant notre cri de cœur, et en prenant les décisions et attitudes que cela appelle, vous constaterez un grand pas dans le dégel de la crise actuelle. Ainsi, vous pourrez, à nouveau, dormir tranquille afin de coordonner avec plus de sérénité les nombreux chantiers dont l’achèvement dans les délais renforceront, à terme, votre bilan à la tête du pays.

Les réseaux WIPNET et WANEP Bénin, par ma voix, vous prient, Monsieur le Président de la République, au nom des femmes et des enfants du Bénin d’apaiser le pays en considérant nos différentes propositions et les autres contributions faites par des sages et compatriotes pour ramener le calme dans notre pays et vous garantir une fin de mandat apaisée.

Faites vôtre ce cri de cœur pour dissiper notre peur.

Vive les femmes et les enfants du Bénin

Vive la Paix,

Vive le Bénin

Je vous remercie.

Fatoumatou BATOKO ZOSSOU

Membre de WIPNET BENIN

Présidente de WANEP BENIN

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité