Le Fitheb à nouveau dans l’impasse

La réunion du jeudi dernier entre le Ministre de la culture et les acteurs du théâtre béninois à propos de l’étape prochaine après la signature du nouveau décret du Fitheb n’a été qu’une de plus.

Dans le processus de réformation du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb) que faire après adoption du décret n° 2013 du 30 décembre 2013 portant création, attribution, organisation et fonctionnement du Fitheb ? Voilà l’épineuse question désormais sur tapis dans la vie du plus grand festival de théâtre sur le continent africain. Festival qui malheureusement, subit depuis peu, les affres de la guerre des intérêts personnels et de la politique.

Jeudi 20 février dernier au Ministère de la culture, le Ministre Jean-Michel Abimbola a convié les acteurs culturels pour une séance d’information et d’échanges. Objectif, faire comprendre aux uns et aux autres, la pertinence de la démarche menée jusque là mais surtout de discuter de la prochaine étape après l’adoption du décret sus cité.   

Pour cette suite, il y a deux schémas avec leur inconvénient chacun. Premièrement, c’est l’application immédiate des dispositions des nouveaux textes. Ceci passe par la mise en place du Conseil d’administration qui va se charger du règlement intérieur du festival et de conduire le processus de désignation du nouveau Directeur. Mais les premières consultations, à en croire le Ministre de la Culture, ont montré qu’avec ce schéma, il y a le risque de ne pas organiser le Fitheb en cette année 2014 alors que le gouvernement y tient beaucoup. C’est un des engagements du gouvernement de tenir le Fitheb 2014. Une position du gouvernement que nombre d’hommes du théâtre ne partagent pas.

Le débat inutile

En voulant organiser  à tout prix le Fitheb en cette année, certains professionnels du milieu craignent que les mêmes erreurs qui ont conduit  le Festival à la triste situation de l’heure se reproduisent. Pour eux, le seul fait d’avoir un nouveau décret ne doit pas être considéré comme un succès pour la renaissance du Fitheb. C’est un premier pas, mais le problème du Fitheb est plus profond. « Le problème du Fitheb, n’est pas qu’un problème de textes, mais aussi d’environnement. Un environnement tendu, conflictuel et pollué aujourd’hui. Le Fitheb a perdu de crédibilité, il est dans la boue » regrette-t-il soutenant que « le Fitheb n’est pas un événement qu’on peut bâcler, organiser en quelques mois et qu’il y a un travail de fond à faire puisque qu’il s’agit d’un festival professionnel.

A l’opposé, d’autres acteurs de la scène pensent que l’édition 2014, bâclée ou pas, ce n’est pas l’important. C’est qu’elle puisse avoir lieu au nom du symbole et de la tradition. Mais, sur ce, d’autres s’indigent, « Pourquoi alors gaspiller de l’énergie pour ce qui n’est pas important ». Par contre, certains rassurent de ce que, s’il y a du sérieux, le Fitheb 2014 peut raisonnablement se tenir avec la probabilité d’être une belle édition.

Visiblement, ces arguments importent peu. Le festival doit avoir lieu en 2014. Ce n’est plus chose à négocier d’après le Ministre de la Culture. Le gouvernement a sa position tranchée là-dessus.

L’inquiétude d’une nouvelle division

Si ce premier schéma doit conduire à rater la biennale cette année, il est envisagé un second. Celui-ci consistera à mettre en place une équipe de transition. Il s’agira de nommer un directeur par intérim et un comité de supervision. Cette équipe sera chargée d’organiser ladite édition qui n’est plus à négocier. Pendant ce temps, le processus normal de désignation du nouveau directeur va se poursuivre suivant les nouveaux textes.

Face à cette proposition, au-delà de ce qu’elle pose aussi le problème de la qualité du Fitheb qui sera organisé, des professionnels du 4ème art pensent qu’il y a le risque de replonger à nouveau le secteur dans la guerre d’appartenance et de positionnement dans ce comité de transition, quand bien même il est signalé que le choix des membres sera à la discrétion du Ministre. Il est certain qu’il y aura encore des poches de conflit dans la corporation. Surtout que déjà, il est susurré que ceux qui avaient émis des avis contre les journées de réflexion de Grand-Popo ne sont pas bienvenus dans ce comité. Aussi, la mise en place de cette équipe souffrira-t-elle d’un vide juridique.   

Le jeu du serpent

En somme, la réunion de ce jeudi 20 février 2014 a accouché d’une souris. Elle n’a servi qu’au rappel des positions des uns et des autres puisqu’il s’agissait d’une énième rencontre du genre. Maintes concertations individuelles et collectives ont été déjà tenues auparavant. Ce n’était qu’une répétition ce jeudi, à la seule différence que la cible était élargie. La balle, dans tous les cas, reste et demeure dans le camp du Ministre. Les professionnels du théâtre réunis l’ont clairement exprimé. « C’est à l’autorité de prendre ses responsabilités. » Et à elle de leur répondre qu’il n’était d’ailleurs pas question de transférer ses responsabilités.

En réalité, l’autorité, visiblement, sait bien où elle veut en venir. La décision finale, pour ne pas le dire, est à peine voilée. Seulement, il fallait remplir ces formalités de concertation en démocratie afin qu’à l’annonce de sa position, les professionnels du milieu ne le traitent de dictateur. L’annonce ne va plus tarder, à en croire le Ministre.

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