A travers un communiqué qu’il a signé le 14 février dernier, le préfet des départements de l’Atlantique et du Littoral, Placide Azandé, a annoncé le retrait de l’arrêté préfectoral N°2/388/Dep-Atl-Litt/Sg/Sp-Cp-C du 07 août 2012 portant mesures sécuritaires exceptionnelles.
Le retrait de cet arrêté, cité en référence pour interdire la célèbre marche du 27 décembre 2013, loin de décrisper la tension sociale qui déchire le pays, fragilise plutôt l’autorité d’un préfet que les syndicalistes tentent désespérément d’immoler sur l’autel d’un limogeage. D’après le communiqué rendu public par la préfecture, l’arrêté a été retiré en raison de la décrispation de la tension sociale enregistrée. Bien entendu on y voit la main cachée du chef de l’Etat, qui avait déjà déclaré publiquement qu’il faut laisser marcher ceux qui veulent le faire. Ceci nous amène à croire qu’il s’agit là des derniers soubresauts d’un gouvernement qui voit de plus en plus la situation lui échapper, mais qui jette ses dernières forces dans la bataille pour sauver à tout prix la tête de son protégé, le préfet Azandé. En effet, toutes les tentatives du gouvernement pour briser la grève par des moyens très peu légaux, notamment les défalcations sur salaires, sont encore très loin d’émousser l’ardeur des confédérations et centrales syndicales, plus que jamais décidés. Du coup, la thèse du limogeage du préfet Azandé et du commissaire central Agossadou, de plus en plus se rapproche et s’apprécie comme l’unique porte de sortie de cette crise sociale. Les syndicalistes, à la suite du retrait de l’arrêté préfectoral, n’ont pas manqué de recentrer le débat. Dans un communiqué qu’elle a rendu public le 17 février dernier, la Confédération Syndicale des travailleurs du Bénin (Cstb) a rappelé que le relèvement du préfet Placide Azandé et du commissaire Pierre Agossadou de leur fonction de même que le remboursement des défalcations opérées pour fait de grève, constituent et demeurent des points de revendication non négociables. Le même communiqué rappelle que les confédérations et centrales syndicales n’ont jamais posé le problème d’une quelconque abrogation d’un arrêté préfectoral, dans aucune motion de grève et au cours d’aucune séance de négociation. C’est dire donc que le retrait de cet arrêté n’apportera rien à la négociation entre gouvernement et syndicats, qui s’ouvre encore, pour une quatrième fois, ce jour, depuis la radicalisation de la crise le 07 janvier 2014. Néanmoins, il apparaît d’ores et déjà comme une évidence que le gouvernement va chercher à surfer sur ce retrait stratégique de l’arrêté préfectoral. Ce qui conduira inévitablement à un énième échec des négociations. Pendant ce temps, la situation va continuer par se dégrader. Et plus la pression sur le gouvernement va monter, l’étau bien entendu deviendra plus étroit autour de Placide Azandé.
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