Limogeage d’Azandé et d’Agossadou : le gouvernement joue les prolongations

Si le 6e round des négociations entre Gouvernement et syndicats, du vendredi dernier, a permis de passer au crible tous les points inscrits dans la plate-forme revendicative des centrales syndicales, il demeure tout de même une évidence que les deux parties n’ont pas pour autant évolué sur les points essentiels.

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Sur le point relatif au limogeage du préfet Azandé et du commissaire Agossadou, par exemple, le gouvernement continue de jouer au colin-maillard avec les syndicalistes. « Une commission d’enquête sera mise en place par le gouvernement pour analyser les faits et situer les responsabilités avant toute prise de décision d’ordre administrative », telle est la proposition du gouvernement face à la demande du limogeage du préfet et du commissaire centrale de Cotonou. Une commission d’enquête pour quoi faire ? La question taraude un bon nombre d’esprits. Où réside l’utilité de mettre en place aujourd’hui une commission d’enquête avant de sanctionner ces cadres indexés comme auteurs de la barbarie du 27 décembre 2013, si tant est que la marche des secrétaires généraux et de leurs militants a été réprimée dans le sang, en plein jour, au vu et au su de tout le monde. Quelle responsabilité veut-on encore situer, si on sait que c’est le préfet qui par un arrêté a interdit la marche et que c’est le commissaire central de Cotonou qui a ordonné à ses hommes d’empêcher le déroulement de la marche ? Par ailleurs, il n’est plus un secret pour personne, le sort qui est quasi souvent réservé aux commissions d’enquêtes mises en place au Bénin. Soit, elles finissent par fondre dans l’oubli ou soit les rapports de ces commissions ne sont carrément jamais rendus publics. On en veut pour preuve récente, la commission Elègbè mise en place pour faire la lumière sur les concours frauduleux organisés au profit du ministère des finances. Alors que cette commission n’a jamais rendu une conclusion, le gouvernement a validé en Conseil des ministres le concours. Mieux, après un levé de bouclier pour empêcher ce passage en force du gouvernement, on s’est retrouvé du jour au lendemain avec une autre commission, la commission Moïse Mensah, qui aurait pour mission de faire la lumière autour du même concours. On comprend donc aisément la position des syndicats qui ne sont guère rassurés par la mise en place d’une certaine commission. Sous un autre angle, cette mise en place de commission d’enquête prend l’allure d’une astuce du gouvernement quand on apprend, d’après des sources dignes de foi que le commissaire Agossadou part à la retraite au mois d’avril prochain et que le préfet pourrait les jours à venir être promu à un autre poste. Toutefois, si le gouvernement tient à sa mesure de mise en place de commission d’enquête, pourquoi il ne suspend pas d’abord les mis en cause, pendant la période de l’enquête ? On se rappelle le cas, sous le même régime, du ministre François Noudégbessi qui, dans le cadre d’une enquête, a été d’abord suspendu de son poste, avant d’être réhabilité un peu plus tard, à l’issue de l’enquête. Pourquoi cette méthode qui peut quelque peu favoriser un dégel de la crise, n’effleure pas les esprits érudits du gouvernement.

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