Mésentente entre le gouvernement et les triturateurs : une menace pour la filière avicole au Bénin

La plupart des acteurs de la filière coton ne sont pas en accord avec les choix du gouvernement en ce qui concerne la  gestion de la  campagne cotonnière en cours. Outre les brouilles avec les égreneurs, les  mécontentements des  producteurs, les récriminations des triturateurs, les aviculteurs tirent également sur la sonnette d’alarme.

Dans une correspondance  qu’il a adressée au ministre de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche Fatoumata Djibril Amadou, l’Inter professionnel de l’aviculture du Bénin a formulé une alerte sur la menace qui pèse sur son secteur du fait de la pénurie de tourteaux de coton.

En fait, cette rareté est liée à l’indisponibilité des graines de coton au niveau de leurs fournisseurs que sont les triturateurs SHB et FLUDOR BENIN en dépit de la forte production cotonnière de la campagne 2013-2014. Le gouvernement a fait une rétention des stocks de graine de coton parce que ne s’entendant pas avec les triturateurs locaux sur le prix de cession. Or, si le gouvernement venait à céder les graines de coton à l’extérieur du pays, les aviculteurs n’auront pas de tourteaux pour assurer leur production animale. Ils devront importer au prix fort.

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Ce qui va déteindre sur le prix de cession de leurs produits. En conséquence l’indisponibilité des graines de coton par ricochet de tourteaux, perturbera la production d’œufs de table et viande de volaille. Dans la correspondance ci-dessous signée de leur secrétaire général, dont nous vous proposons la lecture, ils attirent l’attention du ministre de l’agriculture et de l’élevage sur la menace qui plane sur leur secteur, afin de l’amener à trouver un terrain d’entente avec les triturateurs.

INTER PROFESSION DE L’AVICULTURE DU BENIN
Cotonou, le 03 mars 2014
N/Ref : 002-14/IAB/CA/Prdt/SG/Sep

Le Secrétaire Général
A Son excellence Madame le ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche
COTONOU
Objet : Pénurie de tourteaux de Coton.

Excellence Madame le Ministre

Nous avons l’honneur de porter à votre connaissance ce qui suit :

• Les tourteaux de coton, produits à partir des graines de coton par les triturateurs industriels, sont utilisés dans l’alimentation des animaux, notamment des vollailes. La consommation annuelle des acteurs de la filière avicole, est estimée à plus de 3000 tonnes.
• Ces dernières semaines, il a été enregistré une pénurie qui s’aggrave de jour en jour. Nos interpellations à l’endroit des principaux producteurs que sont FLUDOR et SHB, nous ont permis de comprendre que la matière première (les graines de coton), n’est pas disponible malgré les importantes productions cotonnières de la campagne 2013-2014. Le gouvernement aurait fait rétention des stocks de graines de coton parce que ne s’entendant pas avec les triturateurs industriels locaux sur le prix de cession.
• L’inquiétude est d’autant plus grande que nous apprenons que le gouvernement envisage exporter la totalité des stocks de graines de coton au détriment des besoins de consommation au plan local.

Excellence Madame le Ministre,

Nous saisissons la présente occasion pour attirer votre attention sur les conséquences fâcheuses qu’engendrerait cette situation pour les filières animales en général, et pour l’aviculture en particulier. En effet, la non disponibilité des tourteaux de coton, perturbera dangereusement  la production d’œufs de table et de viande de volaille à un moment où nous voudrions intensifier la lutte contre l’insécurité alimentaire et la malnutrition.  De plus, ce sont les activités des acteurs de plusieurs filières qui seront hypothéquées, pour en ajouter à la pauvreté.

C’est pourquoi, nous venons à vous pour vous pour vous prier de peser de tout votre poids dans ce dossier, afin que le gouvernement appréhende au mieux les enjeux et puisse prendre la mesure de la situation pour une décision qui privilégie l’intérêt général.

Dans l’attente de votre réaction et comptant sur votre attachement au développement des filières agricoles porteuses, nous vous prions de recevoir, Excellence Madame le ministre, l’assurance de notre haute considération.

Le Secrétaire Général
Constant KENOUKOUN