Maîtrise de la croissance démographique au Bénin : «Toutes les filles à l’école», une solution encore confrontée aux maux de l’éducation

2014 est l’année ‘’terminus’’ des objectifs du plan d’action issu de la Conférence Internationale sur la Population et le Développement (CIPD) au Caire en 1994. Dans les domaines de l’éducation universelle et de la suppression de l’écart entre les sexes dans l’éducation qui ont connu certaines avancées grâce à des initiatives telle « Toutes les filles à l’école », des défis demeurent et constituent des impératifs pour la maîtrise de la croissance démographique soulignée par cette conférence.

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Au Caire en 1994 lors de la Conférence Internationale sur la Population et le Développement (CIPD), les Etats réunis ont pris l’engagement entre autres, d’assurer l’enseignement primaire universel et de supprimer l’écart entre les sexes dans l’éducation d’ici 2015. Un engagement qui prend en compte à la fois les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) n°2 « Assurer l’éducation primaire pour tous » et n°3 « Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes ». Au nombre des pistes qui ont été porteuses pour ces deux axes, on note l’initiative « Toutes les filles à l’école ». Une initiative qui a été pour beaucoup dans les avancées statistiques enregistrées au Bénin ces dernières années. Déjà en 2009 lors du lancement de la campagne de l’année, le Service des statistiques et de la gestion de l’information (Ssgf) de la Direction de la promotion de la scolarisation (Dps) sous tutelle du Ministère de l’enseignement maternel et primaire annonçait une réalisation positive de l’initiative. « L’analyse a montré que après 2008, des progrès sensibles sont faits et que dans certaines communes, la parité fille/garçon s’est réalisée et que des taux de scolarisation des garçons étaient en baisse dans ces zones, d’où un changement de slogan « Tous les enfants à l’école », 1ère édition en 2009. Toutefois, dans le cas général au Bénin, le taux de scolarisation des filles est resté en dessous de celui des garçons avec un taux brut de scolarisation qui est passé à 113,46% chez les garçons et 104,46 au niveau des filles en 2009 contre respectivement 82,62 et 49,64. Entre 2008 et 2012, l’Unicef fait part d’un taux de fréquentation de 72,1% des garçons et 68,1 des filles. De source du ministère de l’enseignement maternel et primaire, on annonce un taux national de scolarisation de 93% des garçons et 88% des filles en âge scolaire qui fréquentaient l’école en 2012 contre seulement 86% et 78% respectivement en 2008. En termes de taux d’achèvement, le Bénin a enregistré 75% en 2012, c’est-à-dire que trois enfants sur quatre accèdent en dernière année du primaire contre seulement 40% en 2000.

Encore du chemin

Certes, ces chiffres témoignent d’une amélioration de la situation au Bénin, mais ils sont loin de convaincre de l’atteinte de l’objectif fixé : l’enseignement primaire universel et suppression de l’écart entre les sexes dans l’éducation d’ici 2015. L’échéance est si proche et le pas à franchir encore grand. En se référant à la fréquence d’évolution de ces statistiques depuis 1995 à 2012, il n’y a pas grand espoir. Sinon que ce ne serait que utopie parce le développement de l’éducation au Bénin reste toujours confronté à ces mêmes obstacles soulevés lors des Etats généraux sur l’éducation en octobre 1990. Entre autres, le manque de ressources, des difficultés de gestion du partenariat, insuffisance de la recherche pouvant permettre de disposer en temps réel des données sur la scolarisation des filles de façon à prendre rapidement les actions correctives, l’incapacité du pays à mobiliser au plan national des ressources suffisantes pour faire face aux besoins. Tout ceci engendre une grande dépendance vis-à-vis des partenaires au développement et autres bailleurs de fonds. D’autres problèmes concernent le suivi des actions mises en œuvre notamment dans le cadre de l’éducation des filles. C’est sans oublier les questions d’ordre socioculturel et les rôles traditionnels dévolus à la fille et à la femme qui continuent d’être des résistances à la scolarisation dans certaines zones. Tout ceci reste des défis à prendre en compte dans les programmes d’après 2015 lorsqu’on sait déjà que grande chose n’est pas à sauver d’ici fin 2014.

Education, un facteur de maîtrise de la croissance démographique    

Le Bénin aura gagné gros de par la résolution de ces défis liés directement à l’éducation mais ayant également des impacts importants sur d’autres aspects. Cette initiative « Toutes les filles à l’école », bien qu’elle soit née des réflexions pour l’atteinte des OMD se révèle un carrefour des objectifs de la CIPD dont l’un des axes est la maîtrise de la croissance démographique qui forcément passe par celle de la fécondité. Elle est en étroite lien avec les questions de mariage précoce chez les filles et de grossesse des adolescentes qui représentaient 21% de la fécondité (Edsb2 2001). Entre 2002-2012 où le taux de fréquentation est de 72,1% chez les garçons et 68.1 chez les filles,  7,9% d’enfants se sont mariés à 15 ans et 34,4% à l’âge de 18 ans. L’éducation contribue assez pour la réduction de ce taux. « Des filles instruites tendent à se marier plus tard et à avoir moins d’enfants. » soutient l’Unicef. Puisque «plus longue a été la scolarité, moins les grossesses précoces sont nombreuses et l’indice synthétique de fécondité à la baisse.»

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